Parmi les pays européens, c’est la France qui a enregistré depuis vingt ans le plus de dégâts liés au dérèglement climatique, selon Germanwatch. Ces vingt dernières années, en Europe, c’est la France qui a subi le plus lourd tribut au dérèglement du climat. Tel est l’un des enseignements de l’étude annuelle du centre de réflexion  Germanwatch dévoilée mardi à Katowice où se tient depuis lundi  la COP24 .Plus de 180 pays ont été passés en revue et classés en fonction du nombre de décès et des pertes engendrées par des événements météorologiques extrêmes. Sont pris en compte les tempêtes, les ouragans et cyclones, les inondations, les températures extrêmes et les mouvements de masse de population. Les tremblements de terres, les éruptions volcaniques et les tsunamis, ne dépendant pas directement du dérèglement du climat sont exclus.

Plus d’un millier de décès par an

En se basant sur les données fournies par l’assureur Munich Ré, Germanwatch révèle qu’en moyenne, entre 1998 et 2017, la France a enregistré chaque année 1.120 décès et subi 2,2 milliards de dollars (en parité de pouvoir d’achat) de pertes. Avec de telles statistiques, la France se classe au dix-huitième rang mondial des pays les plus affectés par le réchauffement climatique et au premier rang des pays européens. Au niveau mondial, l’Allemagne est au vingt-cinquième rang (474 décès et 3,9 milliards de dollars de dégâts), l’Italie au vingt-huitième (1005 et 1,46), l’Espagne au trente-quatrième (695 et 0,9) et le Royaume-Uni à la soixantième (152 et 1,8).

Au regard de la carte des résultats, la France a souffert autant que Madagascar, l’Inde, le Bangladesh ou encore la Thaïlande.

Dégâts climatiques : la France en première ligne en Europe

3.500 milliards de dollars de dégâts

Selon l’étude, sur ces vingt dernières années, plus d’un demi-million de personnes ont péri en raison des quelque 11.500 événements climatiques extrêmes. Le coût des dommages s’est élevé à 3.500 milliards de dollars. Porto Rico, le Honduras et le Myanmar ont été pays les plus touchés. «  En 2017, Porto Rico et la Dominique ont été frappés par « Maria » , l’un des ouragans les plus meurtriers et les plus coûteux jamais enregistrés », souligne David Eckstein, l’un des auteurs du rapport. Résultat : Porto Rico et la Dominique ont fait un bond spectaculaire pour passer respectivement de la centième et quarante-quatrième place à la première et la dixième. Huit pays sur dix sont des pays en voie de développement. « Mais les économies industrialisées et émergentes doivent également agir davantage pour faire face aux impacts climatiques dont elles souffrent de plus en plus », indique l’étude.

Les limites de l’exercice

Germanwatch prend soin d’indiquer les limites de l’exercice. D’une part, son étude ne prend pas en compte certains aspects tels que l’élévation du niveau des océans, la fonte des glaciers ou l’acidification et le réchauffement des mers. D’autre part, les mesures relèvent du passé récent et n’augurent en rien des perspectives. Aucune projection linéaire ne doit être opérée.

Il n’empêche. « La COP24 doit redoubler d’efforts pour traiter correctement ces pertes et ces dommages », conseille David Eckstein qui s’inquiète du fait que cette problématique ne soit absente du texte final de la COP24.

Richard Hiault Les EChos