génération repli. Les jeunes désabusés .Un avenir bien noir politiquement

 

Atlantico : Une étude du Cevipof montre que la France est le pays où la confiance accordée au gouvernement pour gérer la crise du Covid-19 est la plus faible, comparée à ses voisins allemands et britanniques. Dans quelle mesure la jeunesse est-elle affectée par la crise de défiance vis à vis de leurs représentants politiques ?

Chloé Morin : La vague du baromètre annuel de la confiance Politique réalisée par Opinionway pour le CEVIPOF soulignait en 2018 que l’intérêt de la nouvelle génération envers la politique avait chuté de 14 points en cinq ans, et que l’attachement à la démocratie s’effritait. En outre, à peine 64 % des jeunes interrogés par OpinionWay considéraient que la démocratie est « quand même mieux que n’importe quelle autre forme de gouvernement » et 47 % que voter aux élections est le meilleur moyen « d’influencer les décisions prises » (contre 35 % pour les manifestations). Soit, dans les deux cas, quelque 15 points de moins que chez l’ensemble des Français et 30 points de moins que chez les plus de 65 ans.

Au fond, le socle démocratique chez les jeunes s’effrite de multiples manières : par l’abstention, plus grande chez eux que chez les plus âgés, par la défiance exprimée vis à vis des institutions, et par l’adhésion plus grande aux populismes – ils sont plus enclins que la moyenne à exprimer une bonne opinion de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen.

Dr Stéphane Clerget : Les jeunes gens ont des inquiétudes communes avec les adultes. En conséquence leurs défiances vis-à-vis des représentants politiques s’inscrivent en partie dans un mouvement plus vaste. Ils ont aussi des inquiétudes plus singulières, mais dont il n’attendent pas de solutions de la part des politiques. Il est ici moins question de défiance que de perte d’espoir. Parmi les sujets qui les préoccupent on entend le sujet de l’écologie (on a vu leur participation dans l’élection de maires EEV) et les questions d’avenir professionnel. Or les questions écologiques leur apparaissent, sans doute à raison, si massives et si mondialisées qu’elle ne pourraient pas être résolues de simples représentants français. Quant à leur avenir professionnel, tous les partis confondus annoncent la catastrophe économique comme inéluctable ! Donc à quoi bon. Ils ne sont pas défiants vis-à-vis des politiques, ils les pensent juste dépassés par les évènements. Ce n’est sans doute pas que vis-à-vis des représentants politiques que les jeunes gens ont ce regard désabusé, mais avec les adultes en général, parents compris. Ceux qui votent, c’est davantage « contre » que « pour » les élus en place. Ce n’est sans doute pas inédit, le vote jeune étant souvent un vote contestataire. Cependant l’esprit contestataire, l’opposition, le « non » n’ont jamais eu tant le vent en poupe. Il est très valorisé en France ou chacun a le sentiment qu’on lui manque de respect et que le moyen de lutter contre cela c’est de dire non à tout va et de préférence avec violence. De plus tout se passe comme si contester était le seul moyen de donner du poids à son opinion, à sa pensée. Je m’oppose donc je suis. Être d’accord, ne serait-ce qu’en partie, c’est prendre le risque d’être inaudible ou de paraître benêt, soumis. Pour beaucoup de jeunes gens l’intelligence serait cantonnée à l’esprit critique et l’esprit critique confondu avec la critique systématique. Cela fait l’économie de l’analyse, de la réflexion, du compromis et permet de s’affirmer à peu de frais, mais ne permet pas d’avancer.

Frédéric Mas : Le modèle social et politique français s’est construit et a évolué afin de protéger certains équilibres sociaux issus de l’après-guerre, au plus grand bénéfice d’une partie de la population surprotégée par la législation et notre système social, et cela au détriment d’une autre partie condamnée à la précarité économique et sociale.

La première catégorie de la population est principalement constituée des classes moyennes protégés par les CDI, un droit du travail avantageux, éventuellement des statuts spéciaux comme ceux de la fonction publique et les retraités, la seconde est constituée des nouveaux entrants sur le marché du travail, des faiblement diplômés, des jeunes, des chômeurs, des immigrés.

La première catégorie vote beaucoup plus que la seconde, ce qui fait que les plateformes politiques sont en général pensées pour défendre les intérêts des premiers, tout en ignorant totalement ceux de la seconde catégorie. Les économistes appellent la première catégorie les insiders, et la seconde les outsiders. C’est à cette seconde catégorie qu’appartient la jeunesse.

Le maintien en l’état de ce modèle à un coût social, celui du chômage du masse, et particulièrement celui des jeunes. Comme l’a remarqué Denis Olivennes dans son dernier livre Le délicieux malheur français, ce chômage ne mobilise ni les politiques, ni l’opinion publique, parce que son indemnisation en amortit les effets, et qu’il touche un groupe social qui paie le prix d’un consensus social qui arrange tous les autres. Dans ce groupe social, beaucoup de jeunes, dont le taux de chômage excède à la fois la moyenne de l’Union européenne et de l’OCDE.

Notre modèle social a aussi un coût économique, celui de la dette publique, c’est-à-dire qu’il est payé par les générations futures pour en perpétuer les arbitrages injustes.

Dans un tel contexte, l’indifférence voire la défiance des jeunes envers une classe politique qui ne représente pas vraiment leurs intérêts et un modèle social qui les condamne à la précarité n’est pas vraiment une nouveauté. La nouveauté, c’est que cette défiance s’étend désormais au-delà de la jeunesse. La classe politique reflète le consensus social qui favorisait les insiders d’hier, et se trouve en décalage avec les demandes sociales de la population d’aujourd’hui. En d’autres termes, la pétrification de notre classe politique, comme ses difficultés à se renouveler pour répondre aux nouvelles demandes politiques, fait fuir les jeunes (et les autres aussi, si on s’en tient à l’abstention politique grandissante).

Comment expliquer le repli politique d’une grande partie de la jeunesse face aux grands enjeux démocratique de notre époque ?

Chloé Morin : Ce repli est une tendance de fond, qui touche de nombreuses démocraties depuis une vingtaine d’années au moins. Elle est liée au contexte très particulier dans lequel les jeunes – disons, les moins de 35 ans – d’aujourd’hui ont grandi : ils n’ont connu que la crise. Et donc, ont éprouvé les limites d’un système de débat et de décisions collectives qui n’a pas semblé à même de surmonter les défis majeurs de notre époque, qu’il s’agisse du chômage de masse, de la pauvreté et des inégalités, du réchauffement climatique, ou encore le sujet migratoire…

Il faut néanmoins relativiser le désengagement des jeunes : car s’ils votent moins, se méfient des élus et des institutions démocratiques, ils ne sont pas pour autant devenus nihilistes. Beaucoup s’engagent, mais de manières plus adaptés à leurs modes de vie et à leurs aspirations. Ils cherchent le sens avant tout et aiment s’engager pour une cause, « à la carte », de manière discontinue – soit tout l’inverse du modèle d’engagement du parti politique, où l’on embrasse un ensemble de causes et de combats. On les dit souvent militants purement « numériques », sur Twitter ou Facebook, et donc un peu artificiels, mais en réalité on a vu pendant le confinement qu’un grand nombre s’engageaient dans des structures de solidarité, ou organisaient des initiatives sans passer par les structures associatives existantes. Tout se passe comme si les cadres habituels qui ont structuré l’engagement citoyen n’étaient plus la voie privilégiée de l’action civique – les marches pour le climat chaque vendredi en sont un exemple -, mais pour autant, l’engagement citoyen n’a pas disparu.

Dr Stéphane Clerget : Les écrans qui maintiennent à la maison sont les grands concurrents de la vie démocratique sur le terrain comme de la vie associative et à la fois c’est au travers des écrans qu’ils voient la vie politique entre deux jeux vidéo et les stars d’Instagram. Une autre des explications possibles au manque d’adhésion aux hommes et au courant politique est que la transparence de la vie politique et la surmédiatisation a rendu les personnages politiques trop communs pour être suivis. Le pouvoir s’est toujours appuyé sur l’aura que donne le mystère. Du fait de cette accessibilité (apparente en tous cas) les jeunes devraient les sentir plus proches d’eux. Pourtant ils ne se sentent pas véritablement représentés. Pour autant les jeunes aujourd’hui plus individualistes qu’autrefois accepteraient -ils d’être représentés par quelqu’un d’autre qu’eux même ? La démocratie politique souffre aussi de concurrence. Pour les jeunes le pouvoir est ailleurs. Dans les médias et notamment sur les réseaux où chacun donne son point de vue, fait son commentaire politique, like et vote. Pour les jeunes la démocratie passe par le numérique comme nouvelle agora.  Je ne pense pas qu’il s’agisse de repli mais d’attente de nouvelles modalités organisationnelles. Leur vision idéale du politique évoque la théorie du Rhizome développée par Gilles Deleuze et mon confrère Felix Guattari. Structure évoluant en permanence, dans tous les directions horizontales et dénuées de niveaux. Elle s’oppose à la structure politique classique de la hiérarchie en pyramide ou arborescence.

Frédéric Mas : Je vois principalement la conjonction de deux facteurs : la pétrification d’un personnel politique qui ne correspond pas à ses attentes, et les effets d’un individualisme auquel nos institutions politiques héritées de l’après-guerre ont du mal à s’adapter.

Notre classe politique s’est pétrifiée en 40 ans ou plus, parce qu’elle s’est construite sur la demande politique des classes protégées qui bénéficient en priorité des fruits de la redistribution sociale. Du coup l’offre politique proposée par les partis s’adresse d’abord à une classe plus âgée, et vise essentiellement à conserver les mécanismes bureaucratiques et institutionnels qui bénéficient aux deux parties, politiciens professionnels et coalitions d’insiders.

L’élection d’Emmanuel Macron a de ce point de vue été une petite révolution : le président de la république est arrivé au pouvoir avec un personnel nouveau issu de la société civile, en particulier avec les élections législatives qui ont suivi la présidentielle. Seulement, nous assistons depuis à une sorte de retour à la normale avec une réintégration progressive des personnels et des pratiques de l’« ancien monde ». Il faut dire qu’en quarante ans, l’endogamie du personnel politique s’est aggravée, et la sélection de nouvelles élites politiques est également en crise. Il est difficile de demander aux nouvelles générations dont les intérêts ne sont pas défendus en politique de s’identifier à une classe politique vieillissante, qui se renouvelle peu ou alors marginalement en piochant dans les écoles d’élite de la République pour surtout ne rien changer.

Il y a une dynamique individualiste de fond qui est également en train d’obsolétiser notre rapport à la représentation politique, et dont les nouvelles générations ont totalement intégré le mouvement. Il faut ici entendre individualisme au sens de Tocqueville, comme d’origine démocratique : « L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s’être créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même. »

La vie privée prime désormais la vie publique, les engagements se font plus transitoires, les sentiments d’appartenance collective moins vivaces et les institutions plus éloignées. Les grandes fictions politiques sur lesquelles reposaient le fonctionnement de notre démocratie représentative, que ce soit « le peuple », la « nation », les « classes » deviennent beaucoup moins mobilisatrices qu’il y a quelques décennies. Inversement, les politiques identitaires en vogue dans certaines franges de la jeunesse visent à donner de la visibilité politique et morale à des pratiques qui avant appartenaient au domaine privé. La race, le genre ou le sexe, c’est un peu de l’infrapolitique devenue visible en grande partie grâce à la révolution technologique des réseaux sociaux.

La grande volatilité sociale portée par la dynamique individualiste touche au cœur un modèle social et politique français statique, porté par des décisions et des arrangements généraux qui lui sont antérieurs. Il en résulte le fractionnement social que Jérôme Fourquet a désigné comme l’archipélisation du pays, et la déprise du pouvoir politique sur le pays, qui est à la fois omniprésent et impuissant à l’incarner et à le mobiliser.

Quels dangers ce repli sur soi de la jeunesse fait-il peser sur nos institutions démocratiques ?

Chloé Morin : A court terme, le principal danger que cela fait peser est de biaiser toujours plus nos choix collectifs – notamment économiques, en matière de fiscalité ou de retraites notamment – en faveur des plus âgées. Sur bien des sujets, l’hostilité très grande des retraités bloque le débat. Compte tenu du poids électoral des retraités aujourd’hui, aucun politique n’ose « braquer » les plus vieux, même lorsqu’on pourrait légitimement considérer que leurs préférences ne coincident pas avec notre intérêt collectif ou de long terme…

A moyen terme, on peut s’inquiéter de ce que les pratiques politiques des jeunes – abstention, vote populiste, désengagement – ne perdurent dans le temps. Si toutes les nouvelles générations votent moins, cela signifie qu’avec leur vieillissement nous irons vers des taux d’abstention moyens toujours plus grands. Or, nous observons aujourd’hui la grande difficulté qu’il y a à gouverner un pays à partir d’un socle électoral étroit : bien que légitime sur le plan institutionnel, le Président doit sans cesse faire face à la défiance d’une majorité de Français qui ne l’a pas élu ou ne s’est que résigné à son élection. Or, cette défiance tend de plus en plus à se manifester de manières éruptives, incontrôlables, voire violentes – Gilets jaunes, manifestations non déclarées, etc.

De fait, notre démocratie se trouve de plus en plus affaiblie, et nous ne parvenons à ce stade pas à inventer les moyens de sa régénération. Tout juste parvient-on à inventer des rustines ici et là, comme les conventions citoyennes. Mais ces solutions ne sont pas à la hauteur du problème démocratique global qui se pose à de nombreux pays comme le nôtre…

Dr Stéphane Clerget : Je n’entends pas chez les jeunes une remise en question du système démocratique et républicain. L’oligarchie et le totalitarisme les rebutent. Seule la monarchie trouve grâce aux yeux de quelques idéalistes et d’identitaires, mais ce choix reste très minoritaire et son caractère constitutionnel le rendrait compatible avec la démocratie. Si les institutions démocratiques sont remises en question par les jeunes citoyens ce serait davantage pour le remplacement d’une démocratie représentative par une démocratie directe, c’est à dire un système politique où la souveraineté est attribuée aux citoyens, mais où les citoyens adoptent eux-mêmes les lois et décisions importantes et choisissent eux-mêmes les agents d’exécution, généralement révocables. D’ailleurs on voit que le gouvernement actuel a conscience de ces attentes. Pour preuve la convention citoyenne pour le climat qui regroupe 150 citoyens tirés au sort et constitués en assemblée de citoyens appelés à formuler des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique. Les institutions ne sont pas remises en question comme ce fut le cas en 68 par la plupart des jeunes français qui ont reçu une solide éducation républicaine mais ils les jugent insuffisante pour améliorer la société et sauver le monde. L’angoisse rivalise avec la désespérance chez les jeunes aujourd’hui. En raison de l’urgence climatique ils voient l’avenir de la planète à l’image du leur comme calamiteux à très court terme. Jamais une génération n’a cru aussi peu au progrès (concept qui a d’ailleurs disparu du langage des politiques) sans être pour autant dans la nostalgie comme le fut la génération romantique d’y il y a 200 ans. Ils sont dans un présent morose et beaucoup ne croient pas que leurs parents, les adultes, ni aucun système politique ne les sauvera. Les mieux insérés gardent le lien, espèrent changer les choses et votent (un vote surtout de contestation) quand d’autres se mettent en retrait dans le virtuel (4H30 par jour en moyenne déclarés derrière un écran), les toxiques (les ados français sont dans le premier tiers des plus gros consommateurs en Europe de drogue et d’alcool) et… dans le religieux. En effet la vraie menace et rivale des institutions politiques démocratiques qui s’accoude sur la jeunesse, c’est je pense l’idée théocrate qui devenant dominante conduirait à l’installation d’une théocratie, régime politique dont le titulaire de la souveraineté est divin) ou hierocratie (le gouvernement des religieux).  Malraux aurait annoncé un XXI siècle religieux ou mystique. L’idée religieuse prospère car elle rassurent en cette période de crainte de fin du monde et car elle répond avec simplicité aux questionnements identitaires massifs qui touche la jeunesse d’aujourd’hui en ce monde « mondialisé ».

Frédéric Mas : On peut répondre ici en reprenant la réflexion de Tocqueville sur le despotisme démocratique, en y apportant toutefois quelques mises à jour.

Au-dessus de la « foule innombrable d’hommes semblables et égaux » pourrait s’élever un « pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort ». «Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer à l’âge viril ; mais il ne cherche au contraire qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. (…) C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. »

La dépolitisation laisse au pouvoir politique la liberté de s’étendre et de se réorganiser en une gouvernance bureaucratique et socialisante dirigeant au nom des individus mais sans eux. On peut retenir que l’écart se creuserait entre le peuple et ses élites, mais allons plus loin : se creuserait aussi l’écart entre les intérêts des gouvernés et ceux des gouvernants, dont le despotisme n’aurait de rendre de compte à personne. En refusant d’écouter sa jeunesse, cet écart ne peut que se creuser.

Notons toutefois un autre phénomène que n’avait pas vu le grand philosophe. L’individualisme des jeunes générations les pousse aussi à une plus grande mobilité sociale. Au blocage institutionnel répond de plus en plus souvent un autre type de vote, celui avec ses pieds. Les carrières et les parcours ne sont plus figés dans le cadre national et étatique, et désormais, de plus en plus de jeunes non seulement se déprennent de l’emprise politique, mais optent aussi pour l’émigration pour améliorer leur sort. Cette manière d’exprimer leur mécontentement est aujourd’hui considérée comme une menace pour la pérennité de notre modèle social qui voit ses talents s’échapper, nous devrions la considérer comme un signal fort pour endiguer la perte de sens de nos institutions.

https://www.atlantico.fr/decryptage/3591201/generation-repli–les-jeunes-desabuses-la-bombe-a-retardement-politique-et-psychologique-qui-nous-menace-chloe-morin-stephane-clerget-frederic-mas?utm_source=wm&utm_medium=email&utm_campaign=20200719

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *