L’Europe pourrait faire subir des « stress tests climatiques » aux projets qu’elle aide

La loi climat débattue à Bruxelles doit s’enrichir d’un dispositif visant à éviter les surcoûts liés au financement d’infrastructures insuffisamment adaptées aux chocs climatiques à venir

Le Parlement européen siège en session plénière du 5 octobre 2020 au 8 octobre 2020 à Bruxelles. La loi climat est à son agenda. (Francois Lenoir/REUTERS)

Par Joël CossardeauxPublié le 7 oct. 2020 à 7:00

Entamé mardi à Bruxelles, le débat parlementaire sur la future loi climat de l’Union Européenne (UE), qui doit s’achever sur un vote mercredi, ne consiste pas seulement à faire adopter l’objectif de neutralité carbone en 2050 et à s’entendre sur le niveau précis de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à atteindre en 2030, de 55 % très probablement .

Cette double ambition, pour pouvoir être tenue, va devoir s’appuyer sur de nouveaux instruments et de nouvelles méthodes comme celle consistant à simuler des stress test d’adaptation au changement climatique des projets qu’elle finance ou cofinance. C’est le sens d’un amendement porté par Pascal Canfin, député LREM et président de la commission environnement du Parlement Européen.

« Arrêtons de financer de grandes infrastructures et des équipements sans savoir comment ils se comporteront face aux chocs climatiques », explique l’élu. Celui-ci pointe l’absurdité environnementale et économique que représente, par exemple, le fait de financer une liaison ferroviaire s’il s’avère qu’il faille par la suite remettre au pot pour la surélever et la maintenir hors d’eau.

Une haute autorité pour le climat

Ces « stress tests » d’adaptation au climat, dont le principe semble s’inspirer de ceux auxquels les établissements bancaires sont régulièrement soumis pour évaluer leur capacité à surmonter les crises, seraient financés par la Banque européenne d’investissement (BEI) ou la Commission avec la contribution des cofinanceurs des projets. Un dispositif dont le vote dépend de la droite européenne.

Celui d’un autre instrument, le Conseil européen pour le changement climatique, fait moins de doutes. Cette instance aura pour rôle d’évaluer la compatibilité des politiques publiques de l’UE avec l’objectif de neutralité carbone et la trajectoire de réduction prévue à mi-parcours (2030) pour l’atteindre. Une vocation en maints points analogue à celle du Haut Conseil pour le climat (HCC) créé en 2019 par la Franceou encore celle du Comité pour le changement climatique institué au Royaume-Uni il y a douze ans. La politique agricole commune (PAC), les accords commerciaux conclus par l’UE et les grandes lois européennes seront dans son champ d’analyse.

La loi climat et ses dispositions devraient être évoquées à Bruxelles les 15 et 16 octobre lors du prochain sommet des 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE. Reste à savoir quelle place lui laisseront les autres dossiers, très lourds, qui sont à l’agenda de cette réunion, du Brexit au budget de l’Europe, en passant par son plan de relance. 

Joël Cossardeaux

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