les virus se multiplient, passent de la forêt à la ville

Une épidémie de syndrome dengue -like a démarré mi Aout 2020 à Saül, petite communauté isolée du centre de la Guyane. Le Centre National de Référence (CNR) des arbovirus de l’Institut Pasteur de la Guyane, sollicité devant l’importance du taux d’attaque et la négativité des tests de diagnostic de la dengue, a mis en évidence par PCR en temps réel la présence du virus Oropouche dans le serum de 11 patients sur les 15 pour lesquels des prélèvements précoces reçus au CNR. Il s’agit ici de la première détection de ce virus en Guyane.

Le virus Oropouche qui appartient à la famille des Peribunyaviridae, est un arbovirus isolé pour la première fois à Trinidad et Tobago en 1955. Il est connu pour circuler en Amérique centrale et Amérique du sud : plus d’une trentaine d’épidémies ont ainsi été décrites au Brésil en majorité mais aussi au Pérou, au Venezuela,  au Panama, à Trinidad et Tobago ou encore en Equateur.

La fièvre Oropouche, après une période d’incubation de 4 à 8 jours, provoque des symptômes similaires à ceux de la dengue associant fièvre, maux de tête, myalgies, éruptions cutanées, douleurs articulaires mais aussi troubles digestifs à types de nausées et vomissements. Des formes neurologiques à type de méningite lymphocytaire sont également décrites, leur évolution est favorable.  La maladie dure généralement de 3 à 6 jours, mais une récurrence des symptômes peut se produire parfois durant 2 à 3 semaines.

Il n’existe ni traitement spécifique ni vaccin ; la lutte anti-vectorielle est le premier axe de prophylaxie. Une connaissance des caractères de la transmission dans un tel nouveau foyer est indispensable pour diriger au mieux les actions de lutte. Suite à une saisine de l’ARS-Guyane, une mission d’investigation entomologique mixte (Institut Pasteur de Guyane, Collectivité Territoriale de la Guyane et l’ARS) a été organisée du 30 Septembre au 2 Octobre 2020. Les piégeages réalisés ont permis de retrouver un seul Culicoides paraensis, vecteur reconnu au Brésil, et aucunAedes aegypti. Néanmoins Culex quinquefasciatus, vecteur suspect,  a été retrouvé en abondance dans le bourg et est, de manière préliminaire, considéré comme le vecteur actuel à Saül. Des analyses complémentaires sont en cours et, en première instance, des recommandations en terme de lutte anti-vectorielle (curage des canaux et traitement larvicide, brumisation et pulvérisation à visée adulticide) sont  fournies aux autorités.

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