Avis UICN sur la strategie française des aires protégées (cf one planet summit ci dessous)

Le Comité français de l’UICN a émis un avis sur le projet de Stratégie Nationale pour les Aires Protégées 2020-2030 (SAP), se félicitant de l’établissement, pour la première fois, d’un cadre commun aux contextes ultra-marin et métropolitain, terrestre et marin.

Mangroves

Il a salué la volonté d’atteindre, en plus des objectifs d’extension des surfaces d’aires protégées visant à couvrir 30% du territoire dont 1/3 en protection forte d’ici à 2022, des objectifs d’efficacité de gestion du réseau, de priorisation des zones à haute valeur en matière de biodiversité, de connectivité entre les aires protégées et l’accent mis sur la protection et la restauration des écosystèmes tropicaux et subtropicaux présents dans les outre mer français.

Cet avis propose une série de recommandations pour améliorer la version finale du projet de stratégie avant son adoption. La première vise la mise en cohérence des objectifs fixés par ce cadre national avec les cadres européen et mondial. La Stratégie en faveur de la biodiversité de l’Union Européenne pour 2030, approuvée par le Conseil de l’UE le 23 octobre

2020, distingue une couverture de 30% des terreset 30% des mers en aires protégées et conservées de l’Union, dont 10% en protection stricte (la stratégie parle de protection forte), déclinée enécorégions (régions biogéographiques et des bassins maritimes de l’Union).  

Pour atteindre l’objectif européen et probablement mondial de 30% d’aires protégées, qui sera une moyenne entre les pays, le Comité français de l’UICN encourage le gouvernement français à définir après 2022 un objectif plus ambitieux pour 2030 et à s’appuyer sur la Liste verte des aires protégées de l’UICN pour améliorer l’efficacité de leur gestion.

Le Comité français de l’UICN a également tenu à souligner que la définition d’une aire protégée, telle qu’adoptée par la Convention sur la Diversité Biologique et l’UICN, détermine un objectif prioritaire de protection de la nature auquel des objectifs complémentaires, compatibles avec celui-ci, peuvent être associés, comme cela est décrit dans la classification en 6 catégories de gestion de l’UICN, reconnue par l’ONU. Les Autres Mesures de Conservation Efficace par Zone (AMCEZ) enconstituent le complément dans la mesure où elles concernent les zones au sein desquels la nature est effectivement préservée qui, pour autant, n’ont pas cet objectif prioritaire ou n’ont pas le statut d’aires protégées. Le Comité français recommande d’établir un bilan et un processus permettant d’évaluer l’ensemble des aires protégées et des AMCEZ par rapport aux définitions internationales et à ces catégories, pour assurer le rapportage international de la France sur son réseau et identifier les opportunités et marges de progrès pour améliorer le réseau existant.

Le Comité français de l’UICN considère que le renforcement du niveau de protection de la biodiversité est un enjeu crucial de la stratégie, qui doit se traduire par la création de nouvelles aires protégées (dont la relance du projet de parc national de zones humides et du précédent dispositif de création de réserves naturelles volontaires) et la création de zones de protection forte au sein même du réseau existant. A cet effet, le Comité a proposé au travers de sa Commission Aires Protégées, de réunir ses experts autour duconcept de protection forte afin de contribuer à une définition partagée.

Le Comité français demande aussi d’intégrer un objectif de pleine naturalité, tel qu’il figurait dans l’engagement du Président de la République et en réponse à la Résolution du Parlement européen invitant les Etats membres à développer des réseaux de zones de nature vierge en Europe. Il a donc appelé à l’inscription d’une nouvelle mesure pour le soutien au développement et à la valorisation d’un réseau de sites naturels en libre évolution. Les travaux du Comité français en la matière seront très prochainement publiés sous la forme d’une cartographie de la naturalité en France métropolitaine.

Enfin, le Comité français de l’UICN soutient les réseaux d’aires protégées françaises dans leur demande de mise en place d’un plan de financement adapté et suffisant, à la hauteur des objectifs fixés par cette stratégie.

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