LES MICROPLASTIQUES DANS LES OCÉANS SONT DES NIDS À VIRUS

La pollution des océans peut-elle déclencher des pandémies ? Alors que le Covid-19 sévit toujours un an après son apparition, les microparticules de plastiques, présentes en masse dans les océans, ont créé une « plastisphère », une couche de microplastiques et de micro-organismes, qui pourrait elle aussi déclencher des épidémies. Des chercheurs y ont découverts des bactéries responsables du choléra notamment.

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Des microparticules de plastiques inondent les océans.
dottedhippo / Istock

Les déchets plastiques inondent les océans. Chaque année, 10 millions de tonnes d’entre eux sont rejetés dans les eaux, menaçant les écosystèmes. Bouteille, sac, coton-tige, gobelet… Les déchets sont si nombreux qu’ils ont développé un septième continent de plastiques. Mais ces amas ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le fond des océans est lui aussi tapis de déchets plastiques.

Et cette omniprésence pourrait représenter un danger sanitaire. Les scientifiques parlent d’une « plastisphère », un ensemble de micro-organismes composés de virus, de bactéries qui se forment à la surface des microparticules de plastique. Les virus et bactéries se servent ainsi des déchets plastiques comme d’un radeau sur lequel ils voyagent.

Des espèces invasives aux virus 

« Les plastiques subsistant dans l’environnement beaucoup plus longtemps que les matériaux biodégradables comme le bois flotté, ils sont capables de se déplacer sur de grandes échelles de temps. Et donc aussi d’espace« , explique dans Les Échos l’écotoxicologue du CNRS Ika Paul-Pont, membre du groupement de recherche « Polymères et Océans », créé en 2019 et réunissant plus de 60 laboratoires. 

En 2017, dans la revue Science, des chercheurs ont ainsi découvert que, suite au tsunami de 2011, près de 300 espèces ont été transportées des côtes japonaises aux côtes américaines sur des débris de plastiques. « Ces espèces peuvent alors s’installer voire devenir invasives au détriment des espèces endémiques conduisant à un bouleversement des communautés marines et donc de l’écosystème », écrivent des chercheurs de l’Ifremer dans une note. Mais ces plastiques ne transportent pas seulement des espèces invasives.

En 2016, des chercheurs néerlandais avaient découvert sur cette nouvelle couche écologique une bactérie responsable de l’épidémie de choléra chez l’humain. Trois ans plus tard, des scientifiques de l’Université de Stirling en Écosse ont passé au crible cinq plages publiques écossaises. Près de la moitié des microbilles de plastique échouées transportaient des bactéries, vecteurs de la gastro-entérite ou du choléra.

Des contaminations possibles 

« Lorsqu’un agent pathogène est lié à un morceau de plastique, il est protégé, car il peut se cacher de ce qui le tue normalement, comme les rayons ultraviolets », note le Dr Richard Quilliam, l’investigateur principal de l’étude. Est-ce à dire que les microparticules de plastiques transportent les futures épidémies ? 

« Les virus et bactéries pathogènes pour l’Homme ne survivent pas en mer plus de quelques heures. L’image d’Épinal d’un virus mortel qui traverserait l’océan Pacifique pour venir contaminer l’Europe est fausse », explique à l’Express François Galgani, océanographe et écotoxicologue à l’Ifremer. « Mais on sait aujourd’hui que le Covid est présent dans les eaux usées. Là encore, il ne survit que quelques heures en milieu marin. Mais si une station d’épuration se situe près d’une plage, il peut être porté par le plastique assez loin sur les côtes et contaminer des centaines de baigneurs en quelques minutes ».

Marina Fabre, @fabre_marina SCIENCES

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