la neige marine, le « liga » revient sur les plages du golfe de Gascogne

Les pêcheurs basques en ont marre. Ils dénoncent depuis des années le problème du liga, une boue causée par une concentration massive d’azote. Selon eux, en plus de provoquer des dégâts sur les animaux marins, elle causerait des problèmes de peau.

La boue gluante, le liga, retrouvée depuis des années dans les eaux basques.
La boue gluante, le liga, retrouvée depuis des années dans les eaux basques. – Comité des pêches 64-40

 le liga, ou mucilage marin,une boue gluante et brunâtre qui se développe dans les eaux suite à une concentration excessive d’azote. Problème : cette substance colmate les filets des pêcheurs, fait fuir les poissons, dérègle la biodiversité marine et provoque des problèmes de peau selon les pêcheurs. Les stations d’épuration et leurs rejets sont clairement mis en cause par les professionnels.

Une phénomène « connu depuis les années 70 »indique Serge Larzabal, président du Comité interdépartemental des Pêches Maritimes du 64 et du 40. « Dans les années 80 ça arrivait le printemps, ça repartait. Depuis les années 2000, c’est là tous les ans. Dès le printemps, ça dure l’été, ça revient à l’automne. »

Cette boue s’empêtre dans les filets, et déréglerait la biodiversité marine. « Les poissons ils arrivent ici, ils voient qu’il n’y a plus rien à manger, ils restent deux ou trois jours et ils s’en vont ailleurs. Il n’y a quasiment plus de poisson tout le long de la côte basque. C’est un gros problème, et bientôt, il aura plus de pêcheurs, si ça continue comme ça »témoigne Christophe Domecq, marin pêcheur professionnel à Saint-Jean-de-Luz.

Le pêcheur remarque aussi des effets dermatologiques : « On choppe régulièrement des maladies de peau, des conjonctivites. Moi, je n’ai jamais eu de conjonctivite de ma vie, et l’été dernier, j’en ai eu six ou sept. Dès que l’on reçoit ces particules de saleté qui sortent de l’eau, qui nous tombent dans l’œil, ça nous procure ça. On a des boutons, on dirait qu’on choppe la lèpre tous les étés. 

Les rejets des stations d’épuration montrées du doigt

Clairement, les pêcheurs pointent les rejets des stations d’épuration, dragués par l’Adour, terminant dans la mer. Un constat que partage en partie Emmanuel Alzuri, le maire de Bidart : « Effectivement, la problématique des stations d’épuration existe, mais elle représente probablement moins de 5 % des apports qui créent cette matière. L’agglo a du boulot à faire, toutes les réhabilitations des stations, il y en a un certain nombre à venir : Saint-Jean-de-Luz, Saint-Pée, Bidart, qui seront dorénavant équipées de traitements pour les nutriments azotés et phosphatés. Ces engagements sont pris. »

Mais pour l’élu, cette transition est longue et coûteuse : « La création d’usines de traitement ou leur réhabilitation c’est du moyen terme, voire du long terme. C’est des dizaines de millions d’euros d’investissement, 40 millions pour ce qui concerne Saint-Jean-de-Luz, et donc, effectivement, ça prend un peu de temps. »

Lui estime qu’un classement des eaux marines basques en zone Natura 2000, comme c’est le cas pour une partie du littoral, pourrait également être un début de solution.

Ce phénomène inquiétant augmente avec le réchauffement climatique, en Tasmanie, au Mexique, au Japon En Adriatique, il coule et tapisse le fond. On ne connaît pas encore exactement l’origine de ce fléau : bactérie, micro algue, champignons, organismes planctoniques ? … On trouve un peu de tout dans les échantillons. Sur la côte basque les chercheurs d’Ifremer penchent pour des résidus contenus dans le panache estuarien de l’Adour

  • Les causes de formation, la dynamique et le rôle respectif des microorganismes dans de tels systèmes restent énigmatiques. Afin d’approfondir la compréhension de ces phénomènes les scientifiques ont étudié un type qui est apparu de manière récurrente et abondante au cours de la dernière décennie dans le sud du Golfe de Gascogne , le «Liga».
  • Si les mucilages pélagiques marins (MPM) sont des phénomènes mondiaux sporadiques , dans le golfe de Gascogne il est chroniques dans les zones côtières. Cette espèce de gélatine enrichie en matière organique et en microorganismes, forment des écosystèmes marins autonomes transitoires allant de 0,5 cm à plusieurs kilomètres de long dans lesquels s’emmêlent les filets Durant les dernières décennies une intensification des apparitions ont été recensées.
  • De plus en plus , au banc des accusés viennent se tenir les nitrates, et les résidus des stations d’épuration

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *