Futuribles: une heure et demie de débat entre B Lalonde et D bourg

Lundi 3 Mai à 11h rendez vous intéressant entre deux intellos de l’écologie, fraicheur d’un débat sans basses accusations ou noms d’oiseaux. Dommage le temps était limité et au delà de cette mise en jambe on aimerait que l’échange se poursuive. Ils sont d’accord pour reconnaitre que le mouvement ecolo est arrivé à une majorité politique et se trouve prêt à endosser cette majorité. Mais il y a un gouffre entre être le candidat de son clan prêt à prendre le pouvoir , et gouverner c’est à dire devenir le président de Tous les français « pas seulement quelques cailloux mais un fleuve puissant« . Il semble que nous ne puissions plus attendre et qu’il faille passer de la radicalité au gouvernement

Première remarque même si les deux textes parus sur Futuribles distinguent les intervenants , il aurait été intéressant de prendre du temps pour approfondir justement cet intertiste (la transition?) qui les sépare: un débat entre science et technique (c’est vieux comme l’écologie elle même) , une temporalité de l’action, une réflexion sur la radicalité et l’art de gouverner.

En bref : la civilisation de l’écologie est à notre porte: 55% de la société le pense, mais la société est elle prête à en accepter la gouvernance? (les pourcentages aux élections répondent à la question). Car si une divergence existe encore (et elle existera toujours à moins de devenir une méchante idéologie) entre les « solutionistes » (BL) et ceux qui veulent changer le monde (DB) , les réformistes ou les révolutionnaires , le point commun c’est le rythme et la finalité de l’avancée: « tout est déjà dessiné dans les coins d’une civilisation alternative » dit DB et « dans cette bataille permanente , c’est comment on commence la vraie feuille de route, celle qui fait décoller rapidement  » dit BL.

Lalonde s’étonne que l’on ne soit pas capable de se féliciter d’une bonne mesure (à juste titre quand on analyse le fossé existant entre ceux qui regrette une loi climat au rabais et tous ceux qui trainent des pieds pour réduire la voiture ou supprimer les vols intérieurs) et Dominique Bourg de rappeler les dangers du « solutionisme » occidental : « on a changé les proportions au point de remettre en cause l’habitabilité de la planète » . Pour lui la solution ne viendra donc pas d’une technique « miracle » mais de parvenir à nous modérer et pour cela il faut comprendre. Comprendre qu’une technique ce n’est pas de la magie et quelle peut être remise en cause?

Alors sommes-nous dans une civilisation du savoir qui permette cela ? Pour les deux intervenants ce n’est pas si sûr. Certes on intègre de plus en plus la complexité, mais par ailleurs on constate un retour à l’obscurantisme (D. Bourg rappelle les cinq grandes thèses obscurantistes qui se développent à échelle planétaire jusqu’au 7% de « platistes »!) . Il faudrait multiplier l’effort de formation dans tous les domaines avec plus d’adéquation au monde tel qu’il est , mais aucun des deux ne l’évoquera.

Autre point très intéressant entre les deux intervenants : la place de l’Etat. relativement impuissant et nécessairement lié à une autorité supra nationale, planétaire pour Lalonde, d’abord européenne pour Bourg. L’important étant que désormais le chef d’etat qui doit être celui qui s’engage, soit redevable , qu’on puisse dire (à Trump) « vous êtes un criminel » D’où l’importance du Haut Conseil pour le climat, de l’Ecocide.

La question qu’on aimerait voir avancer pourrait être celle de la responsabilité sans culpabilisation , du respect de l’autre et de la planète. L’écologie a fait avancer la réflexion entre science et technique, elle a fait naitre d’autres dimensions de la démocratie, on a appris certaines choses

D Martin Ferrari

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *