Primaire écologiste : les quatre choses à retenir du débat entre Sandrine Rousseau et Yannick Jadot

Qui représentera les verts lors de la présidentielle ? Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, qualifiés pour le second tour de la primaire, ont débattu ce mercredi 22 septembre sur LCI. On fait le point sur les choses essentielles de cet échange, à deux jours de l’ouverture du vote aux 122 670 inscrits. (oUEST FRANCE)

J-2 avant l’ouverture du vote. Du 25 et le 28 septembre, les 122 670 personnes inscrites pourront choisir leur candidat ou leur candidate pour représenter les verts à la présidentielle de 2022. Parmi les cinq candidats en lice, Yannick Jadot et Sandrine Rousseau se sont qualifiés pour le deuxième tour de la primaire. L’eurodéputé est arrivé en tête avec 27,70 % des voix, suivi par l’économiste qui a récolté 25,14 % des suffrages.

Pendant près de deux heures, Yannick Jadot et Sandrine Rousseau ont débattu surLCI ce mercredi 22 septembre, sur le plateau de Ruth Elkrief. Voici ce qu’il faut retenir de cette confrontation.

1. Gagner la présidentielle oui, mais « il faut assumer »

En amorce du débat, les deux candidats n’ont pas caché leur intention. Si Yannick Jadot ne l’a pas verbalisé, Sandrine Rousseau elle, a été claire : « Ce qui se joue ce soir, ce n’est pas la primaire des écologistes mais la présidentielle ». Mais asseoir la pensée écologiste au pouvoir ne sera pas « si simple » a appuyé l’économiste. « Il faut assumer et dire, par exemple, dans cinq ans nous sortirons des pesticides ». Autrement dit être ferme.

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Ce à quoi Yannick Jadot a répondu : « Notre responsabilité est d’accéder au gouvernement pour gouverner. Si gouverner c’est renoncer, je pense que ce n’est plus faire de la politique. »

L’un comme l’autre ont rappelé les raisons de leurs motivations pour briguer l’Élysée. Yannick Jadot s’est lancé dans une énumération des « victoires » du clan des écolos, notamment sur la question des OGM, sur l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Mon moteur, ce sont les choses extraordinaires que font les hommes et les femmes en marge des politiques publiques », a conclu Yannick Jadot.

De son côté, Sandrine Rousseau a répondu avec quelques hésitations à l’interpellation de Ruth Elkrief : « Et vous, votre moteur était une réponse à l’humiliation ? » « Ça a été un déclencheur mais pas mon moteur », affirme l’écoféministe. Pour elle, le moteur est surtout que « notre société change. Comment se fait-il que ces femmes qui ont subi des violences, qui ont tant besoin de santé, de sécurité, de police sont-elles autant exclues des politiques publiques ? Je veux redonner à ces personnes une inclusion dans la société ». 

2. Des propositions sur l’écologie… mais pas seulement

Logiquement, l’écologie a occupé une large partie du débat. Agriculture, économie circulaire, transports,… Plusieurs thématiques ont été au cœur des échanges. Si Yannick Jadot et Sandrine Rousseau se retrouvent sur la sortie du nucléaire, les deux candidats n’optent pas pour les mêmes solutions pour y pallier.

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Celle qui est vice-présidente de l’université de Lille veut une sortie du nucléaire d’ici 2050 et mise sur un « mix énergétique ». « L’enjeu est la prolongation de certains réacteurs qui arrivent en fin de vie. Faut-il mettre de l’argent dans la prolongation des réacteurs ou faut-il arrêter le nucléaire ? » s’interroge la candidate. Sur la question des emplois, Sandrine Rousseau voit dans « le démantèlement du nucléaire une source d’emploi. On a ce génie nucléaire qui a été développé il y a cinquante ans alors mettons notre génie pour le déconstruire ».

Là où Yannick Jadot propose d’investir massivement dans les énergies vertes et la rénovation énergétique des habitations. « Il faut faire baisser la consommation des Français », a lancé l’eurodéputé. « Quand vous baissez votre consommation d’énergie, on peut de manière extrêmement responsable et rapide fermer les centrales nucléaires les unes après les autres », pour se concentrer sur les énergies renouvelables « beaucoup moins chères et vecteur d’emplois sur notre territoire », estime-t-il.

Le bien-être animal a aussi fait l’objet de discussions, Sandrine Rousseau proposant notamment une reconnaissance des animaux comme des êtres vivants dotés de sensibilité. Yannick Jadot, lui, veut, s’il est élu, créer un ministère du bien-être animal et interdire l’élevage industriel. Dernier point rejoint son adversaire.

D’autres sujets que l’écologie ont été abordés, tel que l’immigration. L’écoféministe prône un accueil de « tous les migrants, sans conditions sur le territoire. L’État doit prendre sa responsabilité et accueillir les personnes en danger chez elles. »Argument rejoint Yannick Jadot. « C’est une obligation internationale parce que l’enjeu est de sauver des vies. Il y a un droit, le droit d’asile, on doit donc accueillir ces personnes. »

La question de la transidentité a aussi fait partie des échanges. Yannick Jadot défend l’accès à la PMA aux personnes transgenres et Sandrine Rousseau réclame le remboursement des frais pour les soins permettant la transition.

Les violences faites aux femmes ont occupé une partie du débat. La candidate en a parlé pendant quelques minutes et présenté ses propositions : dix fois plus de logements disponibles pour les accueillir, éloigner le conjoint violent autant que possible, « et surtout condamner les hommes qui sont violents. Aujourd’hui peu d’hommes sont condamnés pour des violences conjugales, la plupart du temps ils écopent juste de peine de sursis ou d’un bracelet électronique », a-t-elle défendu.

3. Une ambiance cordiale malgré quelques échanges accrochés

Tout au long du débat, les deux candidats au second tour de la primaire écologiste ont fait preuve de respect l’un envers l’autre. L’heure était à la discussion, à l’échange, au débat sur un ton mesuré. Si Sandrine Rousseau se montre souvent plus radicale que Yannick Jadot, les deux candidats se retrouvent sur le fond autour de nombreux sujets. C’est le cas de la sortie du nucléaire, des transports, mais aussi sur la protection des animaux.

Le ton est quelque peu monté sur la question des violences policières. À la question « la police est-elle raciste ? » posée par la journaliste Ruth Elkrief, la réponse est plus tranchée chez Yannick Jadot. « Non. La police n’est pas raciste mais il y a du racisme dans la police. » La présence de l’eurodéputé à la manifestation des policiers au printemps dernier avait embarrassé les écolos.

Sandrine Rousseau a, quant à elle, estimé qu’il fallait « réformer les méthodes de la police, notamment dans les quartiers. Le contrôle au faciès, c’est de la discrimination. » Tout en tempérant : « Je ne dis pas que les tout policiers sont racistes mais il faut que les consignes qui leur sont données changent. »

Les deux candidats ont aussi vivement échangé sur l’avenir des centres commerciaux en périphérie des petites villes. Alors que Yannick Jadot réclame un moratoire sur le sujet, son adversaire l’a fustigé, pointant sa demi-mesure. « Il faut affirmer qu’il n’y aura plus de constructions de ces centres commerciaux car ce n’est pas le modèle économique que nous souhaitons. C’est ça qu’il faut dire et faire. »

4. Un ultime débat et quatre jours de vote

Les deux candidats se retrouveront une dernière fois, vendredi 24 septembre, pour un débat diffusé sur BFMTV et RMC à 8 h 30 animé par Jean-Jacques Bourdin.

Ils laisseront ensuite place au vote entre le 25 et le 28 septembre. Les résultats sont attendus dans les heures qui suivent la fermeture du scrutin.

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