Outre la sécheresse, la salinisation menace les sols du monde

Les sols salins, obstacles à la sécurité alimentaire  

On estime à 1,5 milliard le nombre de personnes qui vivent sur des terres trop salées pour être cultivées. Dans le monde, plus de 833 millions d’hectares de sols sont touchés par la salinisation, principalement au Proche-Orient, en Afrique du Nord, en Asie centrale, en Asie du Sud, ainsi qu’en Amérique latine. 

La salinisation est un phénomène naturel qui se produit dans des environnements arides, comme les déserts. La forte évaporation et le manque d’eau chronique sont souvent à l’origine d’une concentration en sels trop importante dans la terre. Ces sols sont moins fertiles, car le sel entrave la capacité naturelle des plantes à y puiser de l’eau. 

Mais ce phénomène naturel est exacerbé par les activités humaines non durables. Ainsi, les principaux facteurs de salinisation d’origine humaine sont le labourage excessif, l’emploi immodéré d’engrais, les méthodes d’irrigation inadaptées et l’utilisation d’eau de mauvaise qualité, la déforestation ou encore la surexploitation des eaux souterraines. 

Seules les plantes adaptées à ces milieux – les halophytes – et les cultures tolérantes au sel peuvent prospérer sur ces sols.  

«Les sols salinisés peuvent quand même – s’ils sont gérés de manière adéquate – accueillir des écosystèmes riches et productifs où cultiver des espèces nutritives adaptées aux conditions de salinité, telles que le quinoa, l’artichaut ainsi que différentes variétés de légumineuses», explique Natalia Rodríguez Eugenio, chargée des terres et des eaux à la FAO. 

Une nouvelle carte mondiale pour éclairer la prise de décisions  

Fraîchement lancée par le Partenariat mondial sur les sols, la carte mondiale des sols affectés par la salinisation est un outil visant à aider les gouvernements, les décideurs, les spécialistes et les producteurs d’aliments à prendre des décisions éclairées fondées sur des données relatives aux sols.  

La carte, qui reprend à ce jour les informations fournies par plus de 118 pays, dont l’Ouzbékistan, vise à ce que les décideurs et les utilisateurs des terres soient mieux renseignés lorsqu’ils prennent des décisions relatives à l’adaptation au changement climatique, à la planification de l’utilisation des terres et aux pratiques de gestion durable des sols.  

Maria Konyushkova, spécialiste des sols affectés par la salinisation au sein du Partenariat mondial sur les sols de la FAO, récapitule: «Puisque les sols touchés par la salinisation représentent près de 90 pour cent de la surface terrestre et environ 10 pour cent des terres agricoles irriguées et non irriguées, il a bien fallu s’adapter à ce type d’environnement. Les pratiques durables qui facilitent la gestion de ces sols consistent à réduire l’évaporation du sol et à favoriser le lessivage des sels des racines.»  

En outre, des apports en carbone organique, par exemple sous forme de fumier, de compost ou de résidus végétaux, peuvent assainir les sols et en accroître la productivité. 

Les sols sains soutiennent l’ensemble de la chaîne alimentaire, des aliments que nous mangeons à l’eau que nous buvons, en passant par l’air que nous respirons. Afin de préserver ou de rétablir leur équilibre naturel, il est nécessaire de prendre conscience de la situation et d’agir.

Préparer le terrain au changement  

Un vent de changement souffle sur les plaines consumées de la région du Karakalpakistan. Grâce aux efforts visant à rendre l’agriculture plus verte et plus résiliente face au changement climatique en Ouzbékistan, les terres sont mises en valeur malgré la pénurie d’eau chronique et la salinisation des sols, et les personnes qui en étaient parties commencent à revenir.  

«Plusieurs familles sont de retour. Elles ont trouvé un nouveau sens à leur vie et prennent un nouveau cap. Nous pouvons transmettre ces terres à nos enfants et à nos petits-enfants», conclut Adyl. 

La diversification des cultures et les pratiques d’élevage et de gestion durable des sols sont maintenant ancrées dans les communautés agricoles ouzbèkes. L’avenir qui se dessine est plein d’espoir, teinté d’un beau mélange de connaissances transmises par les générations antérieures et de technologies de pointe.  

Le Partenariat mondial sur les sols de la FAO œuvre à promouvoir ces pratiques responsables et la gestion durable des sols à l’échelle mondiale pour des sols sains et productifs, point de départ de l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour tous, sur toute la planète. 

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