Plan Bleu: conseils pour la mediterranée (suite)

Les rapports publiés par le Plan Bleu et le MedECC indiquent que la Méditerranée fait face à des défis environnementaux et de développement d’une ampleur et d’une urgence sans précédent. La région ne réalisera pas ses objectifs de durabilité pour 2030. Selon le Rapport sur l’état de l’environnement et du développement (RED 2020), 15% des décès en Méditerranée sont attribuables à des facteurs environnementaux évitables ; en 2016, plus de 228 000 personnes sont décédées prématurément des suites d’une exposition à la pollution atmosphérique. La mer Méditerranée est impactée par le réchauffement, l’acidification et l’élévation de son niveau. Ce dernier a déjà augmenté de 6 cm au cours des 20 dernières années provoquant des inondations destructrices plus fréquentes. Sur terre également, les vagues de chaleur s’intensifient en durée et en températures de pointe, provoquant une augmentation des pénuries d’eau et accentuant le risque de sécheresses et de désertification au cours des prochaines décennies. De nombreuses espèces envahissantes en mer et sur terre arrivent en raison des températures plus élevées et via le transport maritime, menaçant la flore et la faune originelles et leurs espèces endémiques. Ensemble, ces changements ont des conséquences importantes sur le bien-être et la santé des humains et sur l’économie, en particulier sur la pêche et l’agriculture. Le risque de conflits alimentés par la rareté et la détérioration des ressources et les migrations humaines liées est susceptible d’augmenter.   La Méditerranée a besoin d’une profonde transformation des modes de consommation et de production pour atteindre la durabilité. Afin d’induire un changement transformateur qui s’attaque aux forces motrices des dégradations de l’environnement, le RED2020 identifie 5 leviers d’action : 1.    Incitation et renforcement des capacités : éliminer progressivement les subventions néfastes pour l’environnement et encourager les options durables, tout en donnant aux administrations et aux acteurs locaux les moyens de mettre en œuvre les engagements et les mesures convenus au niveau national ou international. 2.    Coopération intersectorielle : veiller à ce que les voies de développement durable soient partagées par tous les secteurs, non seulement les ministères de l’environnement, et donner la priorité à la durabilité dans toutes les politiques sectorielles. 3.    Action préventive : mise en œuvre de mesures de prévention de la dégradation, qui sont généralement moins coûteuses et conduisent à de meilleurs résultats environnementaux et sociaux que les actions curatives. 4.    Renforcement de la résilience dans l’incertitude : orienter l’action et les investissements vers l’adaptation aux contraintes environnementales projetées, y compris en exploitant des solutions fondées sur la nature. 5.    Application des obligations légales : promouvoir l’adoption de dispositions dans la législation nationale pour permettre la responsabilité et l’action en justice.   Le rapport MAR1, quant à lui, liste de nombreuses options pour adapter les écosystèmes et les systèmes humains aux changements environnementaux dans le cadre d’une population croissante. Certaines impliquent une gestion plus rigoureuse des ressources naturelles, par exemple par des méthodes agroécologiques, qui permettent d’adapter l’agriculture à une ressource hydrique plus rare tout en stockant plus de carbone dans les sols, mais aussi par une gestion plus durable des pêcheries. Mais les pays méditerranéens disposent également d’un potentiel important pour contribuer à l’atténuation des changements climatiques, notamment par une transition énergétique accélérée, impliquant une meilleure efficience énergétique et la réduction et l’arrêt progressifs de l’utilisation des énergies émettrices de gaz à effet de serre et le développement accéléré des énergies renouvelables. D’ici 2040, la part des énergies renouvelables pourrait au moins tripler pour atteindre 13 à 27% dans les scénarios de transition actuels. Une coopération régionale accrue dans la production et la distribution de l’énergie est cruciale pour atténuer le changement climatique de manière efficace.   Dans le cadre du nécessaire changement de paradigme, un déploiement massif de solutions fondées sur la nature (SfN) peut aider la société́ à s’adapter aux changements climatiques et environnementaux en cours et à les atténuer. Les SfN peuvent aider les populations méditerranéennes à atteindre leurs objectifs de développement durable tout en renforçant la résilience des sociétés et des écosystèmes face aux changements climatiques et environnementaux. Par exemple, les forêts et les herbiers sous-marins capturent et stockent le carbone ; les zones humides et les plaines inondables agissent comme des tampons absorbant les inondations et fournissant de l’eau en période de sécheresse ; les côtes végétalisées offrent aux citoyens et aux infrastructures une protection contre les tempêtes, tandis que les toitures végétales et les parcs urbains permettent d’échapper aux chaleurs excessives des étés de plus en plus chauds qui s’intensifieront dans le futur. Ces solutions se révèlent souvent plus efficaces, souples et résistantes aux bouleversements que les infrastructures conventionnelles. Elles sont souvent gratuites ou nécessitent peu d’entretien, et constituent souvent une option rentable et « sans regret ». En outre, les SfN offrent une opportunité́ sans précédent d’accélérer la transition vers une économie durable et inclusive, favorisant la création d’emplois et les moyens de subsistance locaux durables.

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