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Ukraine : nouvelles inquiétudes à Tchernobyl

Par Valéry Laramée de Tannenberg

09/03/2022

Site d'entreposage de déchets radioactifs

Le site de Tchernobyl abrite plusieurs sites d’entreposage de déchets radioactifs.

Le site nucléaire le plus tristement célèbre d’Ukraine n’est plus alimenté par le réseau national d’électricité. Ce qui pourrait compromettre la sûreté nucléaire.

À Tchernobyl, la « bête » nucléaire n’est pas tout à fait morte. Deux semaines après la prise de contrôle du site nucléaire ukrainien par l’armée russe, de nouveaux incidents ont été signalés ce 9 mars.

Dans un communiqué diffusé en fin de matinée, Energoatom, l’exploitant, indique que la ligne à haute tension de 750 kV alimentant la ville de Slavoutytch et les installations nucléaires situées au cœur de la zone d’exclusion a été mise hors service pour une raison inconnue. L’exploitant des sites nucléaires ukrainiens précise que des combats se déroulent dans la zone.

Nombreux sites nucléaires

Outre qu’elle prive 25 000 habitants de courant, cette interruption est susceptible d’affecter l’intégrité de certaines installations de Tchernobyl. Le site de l’ancienne centrale abrite toujours trois réacteurs en cours de démantèlement, la tranche n°4 accidentée (confinée sous deux sarcophages) et deux réacteurs en cours de construction à l’époque de l’accident, en avril 1986. Ce ne sont pas les installations les plus dangereuses.

20 000 m3 de déchets

A proximité se trouvent une installation de traitement de déchets radioactifs liquides et une unité de conditionnement de déchets radioactifs solides. Les deux installations abriteraient 20 000 m3 de déchets, selon l’institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Plus problématique est la piscine d’entreposage. Celle-ci n’est pas conçue pour stocker à long terme ces déchets chauds et très radioactifs que sont les combustibles usés[1]. Au dernier comptage, ISF-1 contenait 20 000 assemblages qui doivent être à tout moment recouverts d’eau. L’eau doit être régulièrement renouvelée pour éviter sa mise en ébullition et le dénoyage des assemblages : le scénario de Fukushima[2]. Ceci exige des pompes en ordre de marche et de … l’électricité.

Selon Energoatom, les groupes électrogènes de secours ont été démarrés. Ce qui permet d’alimenter les pompes et les systèmes d’extinction d’incendie. L’industriel avoue ne disposer que de stocks limités de gazole. De quoi alimenter les générateurs pendant 48 heures.

L’Autorité de sûreté nucléaire ukrainienne, la SNRIU, rappelle que les voies d’accès au site, routières ou ferroviaires, sont coupées. Par ailleurs, le système de mesure de la radioactivité installé sur toute la zone d’exclusion (2 600 km2) est toujours hors service, de même que les moyens de communication avec les opérateurs des sites de Tchernobyl. « Les informations disponibles sur les paramètres de sécurité continuent d’indiquer une tendance à la détérioration constante d’un certain nombre d’indicateurs », indique la SNRIU.


[1] Tous les assemblages devaient être stockés dans le site voisin d’entreposage à sec ISF-2, avant 2026.

[2] Selon l’AIEA et l’IRSN, les combustibles refroidis à l’eau depuis deux décennies ne contiennent plus suffisamment d’énergie thermique pour faire bouillir l’eau de la piscine.

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