le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle l’Etat à penser l’adaptation des zones littorales ultramarines.

Un travail important qui vient amorcer les enquêtes que nous mènerons sur Nice quand on sait à quel point l’espace Maritime des territoires éloignés de la métropole a été négligé

Rappelons que la France est le 2° espace maritime grâce à ses ZEE pour 96% redevables aux territoires ultramarins. Que deviendra cet espace quand les Tuamotu (ZEE équivalente à la surface de l’Europe ) va passer sous la mer?

l’article de Valery Laramée dans l’Usine à GES

Dans un rapport, publié le 13 mai 2025, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle l’Etat à penser l’adaptation des zones littorales ultramarines. Un environnement laissé pour compte dans le troisième PNACC.

Les collectivités d’outre-mer sont-elles les grandes oubliées de l’adaptation à la française ? On peut le craindre à la lecture du troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3) qui ne leur consacre qu’une seule page.

Or, les Outre-mer représentent plus de 70% du littoral français. Et des menaces pèsent déjà sur certaines collectivités ultramarines. Dès cette année, le village de Miquelon-Langlade (600 habitants) commencera à battre en retraite devant la montée de l’Atlantique nord : 250 résidences principales, moitié moins de maisons secondaires et une centaine d’infrastructures devront être mises hors d’atteinte de l’Atlantique. Une première en France ! Elle n’est pas la seule commune des outre-mer à être ainsi menacée par cet effet du réchauffement climatique.

Dans son rapport, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) rappelle que le niveau moyen des océans a augmenté de plus de 20 cm en un siècle. Mais que le rythme varie d’une région du monde à l’autre. Selon la Nasa, la mer monte de 3 mm/an aux Antilles, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. C’est moins rapide qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon (4 à 5 mm/an). Le record étant toutefois détenu par La Réunion : + 6 mm/an. Dans ce territoire, les risques de submersion sont moindres, car l’essentiel (86%) du littoral réunionnais est resté à l’état naturel.

Le Prêcheur déménage

Encore mineurs, les dégâts ne sont plus négligeables. Au Prêcheur (1 300 habitants), le trait de côte a reculé de plus de 130 mètres en soixante ans. La commune martiniquaise prépare la relocalisation de ses quartiers les plus vulnérables. Trois cents logements devraient être déménagés, pour un coût total de 33 millions d’euros (M€). Douze autres communes de l’île ont été inscrites sur la liste des collectivités exposées au recul du trait de côte. Yoann Pelis et Pascal Saffache, géographes à l’université des Antilles, estiment que la Martinique pourrait perdre 9 à 13% de sa superficie d’ici la fin du siècle.

La situation n’est guère meilleure en Guadeloupe. Abritant 16 000 entreprises, Pointe-à-Pitre et la zone industrielle voisine de Jarry pourraient se retrouver sous les eaux un  jour sur deux dans quelques décennies, rappelait récemment un rapport du Réseau Action Climat. Une étude réalisée, en 2021, par la DEAL estime que 10 % de la population sont menacées par le risque de submersion marine. Le même type de risque a été identifié en Guyane.

Des archipels engloutis

Dans ce territoire d’Amérique du sud, il faudra aussi compter sur l’accroissement annoncé des inondations par ruissellement et des crues des fleuves. Des débordements imputables à l’augmentation de la fréquence des précipitations extrêmes et à l’érosion des berges, résultats des déversements, par les orpailleurs, de matières corrosives dans l’eau.

Saint-Martin pourrait devenir inhabitable dès 2040. Avec des points culminants inférieurs à sept mètres, les 85 atolls de l’archipel polynésien des Tuamotu Gambier pourraient être submergés à la fin du siècle. Aucune solution de réinstallation de ses 17 000 habitants n’est pour le moment envisagée.

Préparer les déménagements

Mayotte doit s’adapter à la montée du niveau de l’océan et à son enfoncement dans l’océan. À la suite de la naissance du volcan FAN Majoré, en 2018, l’archipel s’est enfoncé de 15 cm en un an ! Le volcan a modifié la topologie du littoral : la bande sableuse s’est réduite, la marée est moins basse. Les éruptions du FAN Majoré se sont interrompues depuis 2021 mais le risque d’un raz-de-marée, déclenché par l’effondrement d’une partie du lagon, subsiste. Plus de 80% des constructions mahoraises, dont beaucoup ont été mises à bas par le cyclone Chido, sont situées sur la bande littorale.

Submersion marine, érosion du trait de côte, inondations, salinisation des terres et des nappes phréatiques : la montée des eaux marines produira des effets dans les toutes les collectivités d’Outre-mer « à un horizon plus rapproché que dans l’Hexagone », rappellent les auteurs du rapport. Selon le Cerema, plus d’un millier de bâtiments seront exposés au recul du trait de côte dès 2028 (hors Guyane) et plus de 20 000 seront menacés au mitan du siècle.

Pour tenter de limiter la casse, le Cese propose que l’Etat mette à la disposition des collectivités ultramarines un guide de planification pour préparer et mettre en œuvre des relocalisations. Les recommandations devant s’inspirer des opérations menées au Prêcheur et à Miquelon-Langlade. Il faudra, insiste-t-il, inventer un mécanisme de financement, complémentaire au Fonds de prévention des risques naturels majeurs (dit Fonds Barnier).

Comme pour la métropole, les rapporteurs demandent aussi d’intégrer la montée des eaux, telle que modélisée par le Cerema en 2050 et 2100 dans les schémas de planification territoriale. « En commençant par les plans de prévention des risques naturels qui ont plus de dix ans ». A charge pour les chambres consulaires et les réseaux professionnels d’animer le volet économique de l’adaptation et de la résilience des entreprises à la montée des eaux.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *