UK: une aire marine « forte »:les pêcheurs français ont deux mois pour réagir
Le Royaume-Uni a annoncé, le 9 juin, à l’occasion de l’Unoc, son intention d’interdire le chalut de fond dans ses 41 aires marines protégées contre 13 actuellement. La carte et le texte de consultation publique publiés par le Marine management organisation (MMO), l’organisation de gestion maritime anglaise, interrogent le secteur de la pêche français.
Le marin Marielle MARIE.Publié le 18/06/2025 à 17h22
Dans la foulée de l’annonce, le 9 juin, lors de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) d’une extension de l’interdiction de la pêche au chalut de fond dans ses eaux, représentant une surface totale de 30 000 km2, contre 4 000 actuellement, le Marine management organisation (MMO), l’organisation de gestion maritime anglaise chargée du dossier a mis en ligne le texte et les cartes des aires marines protégées aux fins d’une consultation publique. Ces documents, interpellent sur plusieurs points.
D’abord, la rapidité d’exécution. La date butoir de réception des observations de la consultation publique est en effet fixée à 23 h 59, heure du Royaume-Uni le 1er septembre 2025 , précise le document de synthèse en français mis en ligne par la Marine management organisation (MMO). Les documents fournis par les Britanniques, détaillent les raisons du classement en AMP, que ce soit la protection de sédiments, ou d’espèces marines telle la moule bleue ou la praire d’Islande. Le délai de 12 semaines, qui comprend, pour l’Hexagone, deux mois de vacances, paraît court pour contester scientifiquement le bien-fondé des arguments, et ce pour 41 zones.
Les mesures proposées incluent des interdictions de pêcher aux engins traînants sur le fond sur environ 30 000 km², résume le document de synthèse en français. Dans les quatre projets de règlements régionaux annexes en anglais (Manche est, mer d’Irlande, mer du Nord ; Manche ouest), ces engins sont définis comme engin de pêche remorqué de fond ». Autrement dit, ces mesures ne proposent pas l’interdiction du chalutage de fond mais de tous les arts traînants (chalut, senne danoise et drague).
Des balises VMS pour tous avant l’automne
Une partie de ces interdictions porte sur des zones spécifiques des aires marines protégées. Or, lorsqu’on se penche sur les cartes, leurs limites épousent peu ou prou les limites des AMP pour 33 d’entre elles. Cinq AMP comprennent également (mais, à une exception près, sur une partie seulement) des zones interdites de pêche aux casiers et/ou aux filets ayant des parties portant sur le fond. Une AMP comporte une interdiction de prélèvement de la langouste (Palinurus elephas). Enfin, l’aire marine Offshore Brighton, comprend une zone de protection forte.
En parallèle de ces projets d’AMP, l’administration anglaise prévoit également des mesures techniques. La législation britannique exigera ainsi avant l’automne que les navires de moins de 12 mètres opérant dans la ZEE anglaise soient équipés d’une balise VMS émettant toutes les trois minutes.
Sur les façades concernées, l’heure est maintenant à l’analyse fine des conséquences des propositions anglaises, aire marine par aire marine, pour mesurer les conséquences sur les flottilles. Au-delà de cette évaluation, la vraie question est celle de la marge de manœuvre dont disposent les pays riverains de la Manche, une mer devenue trop petite et dont la gestion, dans la Politique commune de la pêche, a toujours été lacunaire.