Un vent de bonheur. Merci Robin des Bois. Le multilatéralisme ne perd pas sa vigueur malgré les coups de butoir.

Bonnes bêtes de Noël
Sur les 185 pays signataires de la CITES, 165 étaient présents (157 ont eu le droit de voter après acceptation par le Comité de vérification des pouvoirs). La CoP20 a connu un record de participation. Les guerres, les pénuries financières, les querelles diplomatiques n’empêchent pas la CITES de prospérer. La protection de la biodiversité est un levier fédérateur. A titre d’exemple, l’inscription à l’Annexe II des grenouilles du genre Pelophylax proposée par l’Union européenne, la Macédoine du Nord et Israël a rassemblé les voix de la république islamique d’Iran et des Etats-Unis d’Amérique.
Robin des Bois a publié 8 communiqués pendant ces 12 jours captivants où toute l’équipe a été en quelque sorte tenue en captivité.
Jeudi 4 décembre, en séance de rattrapage, la hyène rayée (Hyaena hyaena) a accédé à l’Annexe II par consensus. L’Annexe I lui avait été refusée (cf. com. n°7) mais le Tadjikistan a insisté et a obtenu ce qui est plus qu’un lot de consolation. Son plaidoyer a fini par payer : « les espèces menacées que nous nous efforçons de protéger n’ont pas la possibilité de plaider elles-mêmes en leur faveur. Il est de notre responsabilité commune d’assurer leur survie. » La mygale rose (Grammostola rosea) a accédé à l’Annexe II (cf. com. n°10). Sur l’insistance du Pakistan, l’arbuste guggul (Commiphora wightii) a finalement accédé à l’Annexe II pour les produits bruts (gommes, résines et huiles essentielles) (cf. com. n°5) avec toutefois une exemption pour les compléments alimentaires et autres potions miracles dont le commerce international se gave.
La proposition de la Namibie visant à autoriser l’exportation des cornes de rhinocéros blanc appartenant au gouvernement et à des exploitants de ranchs de nationalité namibienne vers des partenaires commerciaux dont il serait attesté par le secrétariat de la CITES qu’ils disposent d’une législation nationale et de mesures de contrôle du commerce suffisantes avec un quota d’exportation maximal de 200 kg/an a été rejetée malgré le soutien de sept pays africains (Botswana, Eswatini, République démocratique du Congo, Tanzanie, Rwanda, Zambie, Zimbabwe), de la Chine, et du Kazakhstan décidément défenseur obstiné du commerce international des cornes (voir cornes de saïga, com. n°7). La proposition similaire concernant les cornes de rhinocéros noir a également été rejetée malgré le soutien de quatre pays africains (Eswatini, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe). La proposition visant à autoriser sur les mêmes modalités l’exportation de défenses d’éléphant africain Loxodonta africana a été rejetée, notamment grâce à l’opposition du Sénégal, du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, de la République du Congo, du Kenya, du Mali, du Niger, de la République centrafricaine, du Soudan, du Togo, de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique.
Le fiasco de Samarcande est incontestablement le rejet de la proposition de l’Union européenne et du Panama d’inscription à l’Annexe II de toutes les anguilles de l’océan mondial (cf. com. n°6).
Le débat sur le pernambouc en péril d’extinction a suscité de la part des luthiers, des archetiers et des violonistes élitistes des réactions violentes et injurieuses à l’égard de Robin des Bois et intimidantes à l’égard des professionnels qui, refusant une exploitation coloniale, se tournent vers des essences européennes ou d’autres matériaux. Le grain de sable qui a enrayé la proposition initiale du Brésil provient d’une intervention de dernière minute du président français Emmanuel Macron auprès de son « ami » Luiz Inácio Lula da Silva. C’est ainsi que le Brésil a accepté un groupe de travail sur proposition de l’Union européenne et que le pernambouc a échappé à l’Annexe I tout en étant bien verrouillé dans une Annexe II renforcée (cf. com. 124 et 9).

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