L’edito de FRESCO (info nature). Ce pourrait être drôle sans les dramatiques conséquences.

Les Tontons flingueurs
Quel rapport y a-t-il entre Dossier 137, le film consacré aux violences policières systémiques constatées dès 2018, et la pantalonnade qui a vu, la semaine dernière, le gouvernement annuler à la dernière seconde la présentation de la Stratégie nationale alimentation, nutrition et climat (SNANC) attendue depuis… 2023 ? Dans les deux cas, le gouvernement, censé porter l’intérêt général, s’est couché devant des intérêts particuliers. Ceux des syndicats policiers dans le premier cas, qui ont obtenu l’impunité des fonctionnaires coupables de mutilations volontaires, ceux de l’Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA) dans le second cas, qui refuse rageusement que les aliments ultra-transformés qui font la fortune de ses membres apparaissent pour ce qu’ils sont : des serial killers silencieux. Les citoyens sont réduits à assister à une corporatisation de l’État, désormais réduit à une juxtaposition d’intérêts particuliers.

C’est improprement que l’on nomme « conseil des ministres » la réunion rituelle du mercredi matin à l’Élysée. Il s’y joue en fait un remake hebdomadaire de la scène culte de la péniche, dans Les Tontons flingueurs. A ce conseil d’administration du banditisme siègent Mme Mado, la maquerelle qui défend les intérêts de son bobinard, Tomate, qui gère le cercle de jeux illégal, Théo, le patron de la distillerie clandestine qui produit le pastis frelaté, pendant que dans la coulisse les porte-flingue des différentes factions dissertent sur les mérites comparés de leurs armes respectives.

Au casting du mercredi, figurent aujourd’hui Annie Genevard, la « Mme Mado » de l’agro-business, Amélie de Montchalin, la tenancière du tripot des ultra-riches, Monique Barbut, la « Théo » de l’écologie, et quelques autres fondés de pouvoir de diverses corporations. En coulisse, Laurent Nuñez et Gérald Darmanin comparent les mérites de la répression policière et de la répression judiciaire pour protéger le business. Gageons que de leur conciliabule sortira le moyen d’accorder l’impunité aux gendarmes coupables de violences révoltantes contre les défenseurs du vivant à Sainte-Soline. Pour présider ces échanges, un succédané de Lino Ventura, le talent en moins, le cynisme en plus.

Le film est un chef d’œuvre de drôlerie. Son remake ne fait rire personne : les morts ne se relèvent pas à la fin du tournage, les éborgnés ne retrouvent jamais leur œil, les mutilés le restent, les cancéreux survivent avec leurs métastases. Du moment que les affaires prospèrent…

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