UNOC 3 (suite): La France, le Royaume-Uni et l’OIT appellent les États à s’engager contre l’esclavage dans la pêche

La France, le Royaume-Uni et l’Organisation mondiale du travail (OIT) ont lancé une campagne mondiale appelant les États à ratifier la convention 188, pour interdire les conditions de travail indécentes voire violentes sur des bateaux de pêche. Deux nouveaux pays, la Côte d’Ivoire et la Belgique, se sont engagés à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) qui se tient jusqu’au 13 juin à Nice.

Vingt-quatre pays ont ratifié la convention 188 de l’OIT sur les conditions de travail dans le secteur de la pêche, dont la Belgique et la Côte d’Ivoire qui se sont engagés le 8 juin à Nice.
Vingt-quatre pays ont ratifié la convention 188 de l’OIT sur les conditions de travail dans le secteur de la pêche, dont la Belgique et la Côte d’Ivoire qui se sont engagés le 8 juin à Nice. | EJF

Le marin Fanette BON.Publié le 10/06/2025 à 18h27

 Le travail forcé sur des navires de pêche existe. Des gens restent des mois et des mois à bord, avec des salaires très bas, voire ne sont pas payés. Ce travail inhumain, nous le combattons à travers la convention internationale 188, martèle Eric Banel, directeur général des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAmpa) ce mardi 10 juin à Nice. Cette convention 188 (C188) est clé car c’est elle qui nous permet d’agir pour interdire les conditions de travail qui sont souvent proches de l’esclavage moderne. 

À l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) qui rassemble plus de 60 chefs d’État et de gouvernement venus de 130 pays à Nice du 9 au 13 juin, la France, le Royaume-Uni et l’Organisation mondiale du travail (OIT), ont lancé une campagne mondiale pour promouvoir la ratification de ce texte. Cette convention dédiée au travail dans le secteur de la pêche, adoptée en 2007, affiche un objectif : garantir des conditions de travail décentes dans ce secteur clé mais encore trop exposé aux abus(travail forcé, précarité, fatigue, insécurité, absence de protection sociale…).

 La pêche industrielle a une double empreinte, sur la santé des océans mais aussi des travailleurs. La violence à bord est un crime souvent invisible , déplore Steve Trent, cofondateur d’EJF (Environmental justice foundation). Très active sur la défense des droits humains dans la pêche, l’ONG britannique a publié un rapport en février, dénonçant les violences subies par des marins nord-coréens, soumis au travail forcé sur des bateaux de pêche battant pavillon chinois.

Norme universelle minimale

 Des millions de pêcheurs travaillent en dehors des dispositifs d’emploi. Beaucoup sont des migrants et sont particulièrement vulnérables. Si nous pouvons nous mettre d’accord sur l’application à grande échelle d’une norme minimale pour le travail des gens de mer, pourquoi pas pour les pêcheurs ? Les outils existent. Le moment est venu , a insisté Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT et ancien Premier ministre du Togo.

La convention de l’OIT  est la base juridique internationale indispensable à l’amélioration des conditions de travail de 38 millions de marins pêcheurs dans le monde , affirme la DGAmpa. La campagne lancée conjointement par la France à l’Unoc vise à développer un plaidoyer politique et une communication internationale  offensive , à accompagner l’adoption par chaque État de normes sociales minimales en matière de temps de travail et de salaire, et à renforcer les capacités de contrôles des autorités maritimes. Cette initiative compte plusieurs partenaires parmi lesquels figure la Commission européenne.

Côte d’Ivoire et Belgique

Le 8 juin à Nice, deux pays ont rejoint les 22 États qui ont déjà ratifié la C188 (dont la France en 2014). La Côte d’Ivoire a déposé les instruments de ratification : le pays  s’est fixé comme priorité de développer le potentiel économique de ses ressources, mais aussi de protéger ses travailleurs , a déclaré le ministre des Ressources animales et halieutiques, Sidi Touré.  Nous sommes heureux d’être un précurseur au niveau africain dans la ratification de cette convention et nous continuerons de faire pression sur nos pays frères , a-t-il ajouté.  Nous espérons que notre ratification encouragera d’autres nations à suivre cet exemple , a souligné Anne-France Jamart, consule générale de Belgique à Marseille, dont le pays vient également de ratifier le texte.

Emmanuel Macron a fait de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, (INN), l’une des priorités de l’Unoc.  La convention 188 est l’un des trois piliers de ce combat , pointe Eric Banel, citant aussi la sécurité des navires –  souvent des épaves en très mauvais état  (défendue dans l’accord du Cap) – et les mesures de contrôle par l’État du port (accord PSMA).  Le faible taux de ratification de la convention 188 est une question stratégique, insiste-t-il, nous devons l’inclure dans notre effort commun pour éliminer la pêche INN. 

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