PLan hydrogène propre dans l’UE

Bruxelles a dévoilé ce mercredi 8 juillet, un plan de développement de l’hydrogène propre dans l’UE avec pour objectif de décarboner les secteurs les plus polluants comme la sidérurgie et les transports, dans la course vers la neutralité climatique en 2050.

« C’est la clé d’une économie européenne forte, compétitive et sans carbone », a assuré le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans lors d’une conférence de presse. Pour la Commission, l’hydrogène « propre » doit permettre d’aider des secteurs qui peinent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit de remplacer les énergies fossiles dans l’industrie, notamment pour la production d’acier, de l’utiliser comme carburant pour le transport aérien et maritime, les poids-lourds, mais aussi pour les batteries. Elle en a fait un investissement prioritaire pour la transition et la relance de son économie après la crise liée au coronavirus.

Actuellement, le secteur de l’énergie est responsable de 75% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE.

Avion neutre en carbone

La production et consommation actuelle d’hydrogène dans l’UE s’élève à 9,8 millions de tonnes, largement issue d’énergies fossiles. Soit une part infime de la consommation d’énergie européenne, mais que la Commission voit monter jusqu’à 14% en 2050 sous sa forme « propre » (produite par électrolyse de l’eau avec de l’électricité issue de sources renouvelables).

Dans un premier temps, la Commission souhaite soutenir l’installation de 6 gigawatts (GW) d’électrolyseurs d’hydrogène renouvelable, et une production jusqu’à un million de tonnes d’hydrogène renouvelable, avant une augmentation progressive pour un développement à grande échelle entre 2030 et 2050. « Nous sommes les leaders mondiaux dans cette technologie et nous voulons rester en tête mais nous devons faire un effort supplémentaire (…) car le reste du monde nous rattrape rapidement », a mis en garde Frans Timmermans.

Au sein de l’UE, l’Allemagne a annoncé début juin un investissement massif de 9 milliards d’euros, avec l’ambition de devenir le « fournisseur et producteur numéro 1 » d’hydrogène dans le monde. La France va consacrer 1,5 milliard d’euros sur trois ans pour « parvenir à un avion neutre en carbone en 2035 ». « L’Allemagne a intérêt à pousser le dossier car elle dispose des champions potentiels pour créer une grande filière industrielle de l’hydrogène vert », note Clément Le Roy, analyste Energie au sein du cabinet Wavestone. L’hydrogène propre doit participer à la mise en place d’un système énergétique mieux intégré en Europe, un objectif qui a aussi fait l’objet d’une nouvelle stratégie publiée ce mercredi 8 juillet.

La Commission veut développer un système plus circulaire, centré sur
l’efficacité énergétique et l’électrification. Par exemple en réutilisant la
chaleur résiduelle provenant de sites industriels ou de centres de données, ou en accélérant le passage aux véhicules électriques.

Toujours le gaz

Pour l’ONG Transport & Environnement, « l’UE a raison de donner la priorité à l’hydrogène dans les transports où il n’y a pas d’alternative pour décarboner ». Mais comme d’autres défenseurs de l’environnement, elle s’inquiète du rôle conservé par le gaz. La Commission européenne estime en effet que dans les premières années, une « période de transition » sera nécessaire pour assurer une production stable et des prix compétitifs, au cours de laquelle d’autres processus de production d’hydrogène, émetteurs de carbone, seront maintenus mais atténués par des techniques de capture de carbone.

« La Commission est tombée dans le panneau de l’industrie des combustibles fossiles. (…) Elle offre une nouvelle bouée de sauvetage à cette industrie en faillite », a déploré Tara Connolly de Friends of the Earth. Fin juin, une large coalition d’industriels – ExxonMobil, GE, ENI, Equinor ou Erdgas – a plaidé pour une production d’hydrogène au gaz naturel, accompagnée de technologies de capture de carbone, « nécessaire pour rendre les utilisations de l’hydrogène compétitives en termes de coût ». « Aujourd’hui, il est 2 à 5 fois moins cher que l’hydrogène renouvelable et son déploiement contribuera à réduire le coût de ce dernier », avançaient-ils. Pour Lisa Fischer du think tank E3G, la Commission oublie que « si nous voulons de l’hydrogène vert, nous allons avoir besoin d’énergie renouvelable bien plus que ce que nous produisons à l’heure actuelle ».

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