Madrid: la COP 25 a commencé. Plus d’enjeux sur la table que prévu

L’emballement du réchauffement climatique ne laisse plus le temps des débats. Ce qui était considéré comme une cop intermédiaire revêt un enjeu d’urgence.

COP 25 : un sauvetage de dernière minute

Ce devait être la première « COP BLEUE » . Même si l’océan aura une place prépondérante dans les réunions annexes,  ce vœu chilien risque de passer aux oubliettes vu l’état du monde au jour où s’ouvre la rencontre mondiale.

Prévue à Santiago du Chili, la COP 25 se déroulera finalement à Madrid et ouvre ses négociations ce lundi 3 Décembre jusqu’au 15 décembre.

Madrid a réagi d’une manière extraordinairement rapide. Theresa Ribeira dont on connaît la forte mobilisation pour le climat,  ancienne directrice de l’iDDRI et désormais ministre de l’environnement espagnol, n’est sans doute pas étrangère à ce sauvetage de dernière minute. Un miracle ! pour Paul Watkinson, président de l’organe subsidiaire du conseil scientifique des COP que nous avons récemment rencontré à Paris. Il émet cependant un bémol «  Ce ne sera pas une COP comme les autres ; la société civile des pays du Sud rencontrera plus de difficultés pour y participer et l’Europe domine l’organisation de ces conférences depuis quelques années déjà »

Les négociations de Madrid devraient d’abord compléter la mise en œuvre juridique de l’accord de Paris pratiquement finalisé en Pologne l’an dernier.

Ensuite, elles devraient fixer les règles du jeu de la COP 26 qui se tiendra à Glasgow l’an prochain, et qui sera fondamentale.

La COP 25 : intermédiaire mais importante

2020 a été fixée effectivement comme étant une date symbolique. A cette date les états doivent  revoir leurs engagements (-7,6% par an jusqu’en 2030) car pour l’instant nous sommes très largement au dessus des seuils annoncés pour rester à +2°.

Seuls 68 pays sur 193 ont promis de revoir à la hausse leurs engagements et ils ne représentent que 8% des émissions mondiales. 2050 doit sonner le temps du zéro carbone, il y a fort à faire d’ici là, donc il faudra s’engager plus et peu y sont préts en ce mois de Décembre 2019.

Outre revoir à la baisse les émissions, un autre débat décisif doit émerger, celui qui tourne autour de l’article 6 de l’accord de paris. Selon cet article , en 2020, Glasgow doit décider de l’organisation des mécanismes de marché et de non marché, savoir comment vont  être comptabilisés les échanges. Les pays développés préfèrent se mobiliser sur cette question financière plus que sur un nouvel engagement d’atténuation et se mettent un peu entre parenthèse cette année.

Comment va s’organiser ce marché ? La réduction des émissions génèrent un crédit carbone disait le protocole de Kyoto qui arrive en fin de période. Cette comptabilité s’opérait selon un mécanisme différencié entre pays émetteurs (le Nord) et pays touchés (le Sud). Mais depuis la signature du Protocole en 1995 Chine, Brésil, Afrique du Sud, Chili….sont devenus à leur tour fortement émetteurs. Il faut donc revoir le mécanisme et le Brésil y est fortement opposé, tandis que l’Amérique latine persiste dans un refus idéologique du marché, et que le groupe des petites îles (AOSIS) et l’Afrique restent très exigeants en termes d’atténuation globale. L’assemblée n’est donc pas au diapason, même si tout le monde est d’accord pour mettre en œuvre un marché du carbone.

Collaborer à l’adaptation

Tout ne sera pas conflictuel. Pendant qu’ils discutent de renforcer leurs engagements (NDC) et de l’organisation du marché carbone, les états vont collaborer à répondre à ce que  le mécanisme de Varsovie a mis en évidence : il y a des impacts climatiques au delà desquels on ne sait plus s’adapter, où l’on ne peut plus reconstruire, où il convient de déplacer les populations et de prévoir des compensations. La culture du risque, l’apprentissage de la résilience, l’adaptation  avec ses trois volets : connaissance, coordination, action et soutien doit trouver dans les rapports du GIEC des propositions. « Que fait on de l’information ? questionne Paul Watkinson. C’est un langage fleuri fort mais qui ne change rien. Il faut trouver des méthodes, des outils pour intégrer le propositions aux politiques notamment européennes, lancer un cycle de réadaptation, écouter la science pour en faire du politique ». On attend beaucoup sur ce sujet l’Union Européenne dont la nouvelle présidente de la Commission Ursula Von des Leyen dévoilera la 12 décembre son « green deal » après avoir déjà déclaré l’UE en état d’urgence climatique et en ayant annoncé  un fonds de transition.

Dominique Martin Ferrari

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