Six parallèles entre le coronavirus, l’environnement et le changement climatique

DBruno Bourgeon / 29 août 2020

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Notre but, avec le coronavirus, était initialement de maintenir le nombre de nouveaux cas sous la barre de capacité de notre système de santé.

1°) Le premier parallèle est donc de maintenir, par nos actions sur le climat, la température inférieure à 2 °C. Dans le bon scenario, moins de gens meurent avec le virus. Idem avec le développement durable : dans le bon scenario, nous utilisons les mêmes ressources à un rythme moins élevé, si bien que cela crée moins de victimes, comme les animaux, les écosystèmes, les individus. En d’autres termes, répondre aux besoins humains dans les limites de la nature.

2°) Regardons notre empreinte écologique : il s’agit de vivre en n’utilisant qu’une seule planète, alors que nous en utilisons 1.6. Même si nous utilisons la même quantité de ressources naturelles, dans le scenario souhaité, nous vivons de nos intérêts ; dans le scenario non souhaité, nous vivons à crédit en puisant dans la nature. C’est notre empiètement constant sur la nature qui augmente les risques de pandémie. Sonia Shah, auteure du livre « Pandemic », publié en 2017, explique que « quand on coupe des forêts, les chauve-souris ne disparaissent pas. Elles vont se nicher dans nos jardins et dans nos fermes, ce qui augmente nos chances d’entrer en contact avec leurs excrétions. » le premier cas d’Ebola répertorié était celui d’un enfant de 2 ans en Afrique de l’Ouest, qui jouait sous un arbre où vivaient des chauve-souris. C’est également le cas des épidémies de maladie de Lyme, transmise par les tiques, dans le Nord-Est des États-Unis : quand les forêts étaient intactes, les opossums et les tamias contrôlaient la population de tiques. 50 ans plus tard, il y a moins de forêts, moins d’opossums et de tamias, et plus de souris à pattes blanches et de chevreuils. Mais les souris ne détruisent qu’une cinquantaine de tiques/semaine, alors qu’un opossum en détruit des centaines en faisant sa toilette.

3°) Avec le coronavirus provenant probablement d’un marché d’animaux vivants en Chine, voici le sujet de la consommation de viande. La viande joue un rôle important dans le changement climatique : 25 % des gaz à effet de serre (GES) sont attribués à l’agriculture, dont 15 % dans la production de viande et de bétail. La même quantité que celle attribuée à tous les transports. Bien souvent, les animaux sont entassés pour accroître les profits. D’après Sonia Shah, deux des principales menaces de nouvelle pandémie, les souches très résistantes de pathogènes bactériens et les souches virulentes de grippe aviaire, sont toutes les deux stimulées par la surpopulation des fermes industrielles : une excellente occasion de régler deux problèmes majeurs d’un coup, non ?

4°) On boucle aussi sur la déforestation abordée plus tôt, puisque l’élevage de bétail est la principale cause de destruction de la forêt amazonienne (qui continue de plus belle en 2020, malgré les dénégations de Jaïr Bolsonaro, mais on n’en parle pas, quelle importance) : au rythme actuel, 25 % de cette forêt n’aura plus d’arbre en 2030, et elle cessera d’être un puits de carbone en 2035.

5°) Ce qui nous amène au point suivant : comme la capacité du système de santé peut diminuer lorsque le personnel de santé tombe malade pendant une pandémie, le changement climatique et la destruction de la biodiversité amènent la Terre à ne plus pouvoir nous soutenir. C’est un cercle vicieux. Nous savons déjà que lorsque les glaciers fondent, la surface blanche rétrécie reflète moins les rayonnements du soleil et augmente le réchauffement de la planète : c’est l’effet albedo. Dans une étude récente de « Science », les 10 dernières années de mortalité des arbres ont été analysées, et la plupart des arbres ne survivront pas au climat attendu dans 40 ans. Avec un micro, on pourrait entendre leur dernier souffle. Cela pourrait signifier moins de capacité à absorber nos émissions de carbone, plus d’animaux sauvages dans nos jardins, et plus de risque de pandémie. Encore une bonne raison d’agir sur le climat et contre la destruction systématique de la nature. Plus on attend, moins on a de marge de manœuvre. Comme écrit dans un article récent du quotidien britannique « The Guardian », ce n’est pas la nature qui se venge, nous nous sommes infligés cela à nous-mêmes. La nature nous envoie un message, et la crise du coronavirus a créé une formidable opportunité de changer nos pratiques et de trouver des moyens de mieux fonctionner en partenariat avec elle.

6°) Paradoxalement, cette pandémie a généré moins de GES à travers le monde, estimée à -5.5 % de CO2 : le plus important changement jamais enregistré d’une année sur l’autre et cette fois-ci à la baisse, avec une amélioration de la qualité de l’air dans plusieurs grandes villes.

Saurons-nous résister à la tentation de nous jeter à nouveau sur nos systèmes mortifères dès que la pandémie s’estompera, et saurons-nous créer à leur place les systèmes que le futur nous réclame ?

Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID
D’après Développement Durable Illustré
https://www.youtube.com/watch?v=C-fQBYq7H4A&t=32 s

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