Guyane: réfugiés, migrants

malgré le sentiment local d’insuffisance (les capacités d’accueil sont TOUJOURS insuffisantes) la Guyane reste une terre d’accueil.

Actualités | Amériques | Caraïbes | News | Société |  Publié le 18/08/2021 à 06H00 | Par : Helene Ferrarini (pour rappel : Guyaweb est un vrai media d’investigation . Il a besoin de votre abonnement)

Haïti, Syrie, Cuba : les chiffres 2020 de l’asile en Guyane

Au cours de l’année 2020, les demandes d’asile déposées en Guyane ont diminué, tout comme à l’échelle nationale, en raison de la pandémie de Covid-19. En Guyane, les demandeurs d’asile sont principalement originaires d’Haïti, de Syrie et désormais de Cuba. Une demande sur quatre a suscité une protection de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et des apatrides).

Au niveau national, les demandes d’asile ont connu une baisse drastique, avec 96 424 demandes déposées en France, toutes catégories confondues, en 2020, soit 27,4 % de moins qu’en 2019. Cette baisse est imputable à la pandémie de Covid-19, commente l’OFPRA dans son rapport annuel publié en juillet dernier.

En Guyane également, les demandes d’asile ont baissé en 2020 (-8 %), mais de manière moindre, alors qu’elles se sont littéralement effondrées en Martinique (-42 %) et en Guadeloupe (-52%). La Guyane a recensé un total de 2810 demandes d’asile, incluant 2674 premières demandes et des demandes de réexamens et de réouverture de dossiers, ce qui en fait le département d’Outre-mer qui recense le plus de demandes d’asile, devant Mayotte (2135 premières demandes en 2020).

Au mois d’avril 2020, aucune demande d’asile n’a été déposée en Guyane. Extrait du rapport de l’OFPRA sur l’asile en 2020.

En Guyane, 301 personnes ont obtenu le statut de réfugié et 324 ont bénéficié d’une protection subsidiaire, soit un taux d’admission de 24,3 % en 2020. Le statut de réfugié est délivré à une personne persécutée dans son pays ; la protection subsidiaire est accordée aux personnes qui ne répondant pas au statut de réfugié sont toutefois exposées à des risques graves dans leur pays. Une demande d’asile sur quatre a ainsi suscité une protection de l’OFPRA l’an passé en Guyane. Un taux désormais équivalent à celui constaté au niveau national, puisqu’en 2020, 23,7 % des demandes se sont soldées par une admission par l’OFPRA, soit 20 865 personnes protégées par le statut de réfugié ou une protection subsidiaire. En 2019, le taux d’admission n’était que de 10,9 % en Guyane ; en 2017, seules 3,7 % des demandes d’asile avaient reçu une réponse positive (Guyaweb du 21/06/2020).

Extrait du rapport de l’OFPRA sur l’asile en 2020.

Depuis le 3 septembre 2018, les conditions pour demander l’asile en Guyane dérogent au droit national : les délais (pour déposer la demande, compléter le dossier et faire appel d’une décision) sont réduits et le dépôt du dossier doit se faire en main propre. Expérimentées à partir de septembre 2018, ces mesures ont été prolongées en février 2020 pour une durée de 18 mois.

« En Guyane, la majorité des demandeurs (64 %) sont d’origine haïtienne, mais la demande syrienne constitue dorénavant 13 % des flux (362 demandes) et la demande cubaine a augmenté (270 demandes) » note l’OFPRA. S’y ajoutent également des demandes émanant de ressortissants de la République dominicaine (4 %).

Au niveau national, les demandes d’asile déposées par des personnes de nationalité haïtienne ont baissé de 39,5 % : c’est, parmi les principales nationalités à demander l’asile en France, celle qui accuse la plus forte baisse. En 2019, 4708 demandes de personnes haïtiennes avaient été enregistrées, contre 2847 en 2020, à l’échelle nationale.

Haïti, toujours en crise grave

« Une grave crise politique, économique et sociale persiste en Haïti » note l’OFPRA.« Un certain nombre de demandeurs d’asile haïtiens invoquent des motifs d’ordre politique ou en lien avec les protestations massives, violemment réprimées, de 2019. » « Toutefois, dans un contexte d’insécurité généralisée et de faillite des institutions, la majorité de la demande reste fondée sur des conflits d’ordre privé : commerçants victimes d’extorsion, enlèvements avec demande de rançon, tentative d’enrôlement par des gangs. Dans ce cadre, une vigilance particulière est accordée aux femmes victimes de graves sévices. De même, les demandes fondées sur une crainte de persécution du fait de l’orientation sexuelle restent importantes. Enfin, des personnes invoquent un conflit foncier, un engagement associatif local, une activité de journaliste ou font état de craintes en rapport avec la pratique du vaudou », commente l’OFPRA à propos d’Haïti. 

En tout, 333 personnes haïtiennes ont obtenu une protection de l’OFPRA en France en 2020 (177 ont reçu le statut de réfugié et 156 bénéficient d’une protection subsidiaire), soit un taux d’admission relativement faible de 10 %.

Après Haïti, la Syrie est le deuxième pays d’où sont originaires les demandeurs d’asile en Guyane. « Les demandes sont rarement fondées sur un motif unique, les demandeurs invoquant systématiquement la situation d’insécurité, associée à un ou plusieurs motifs tels que l’appartenance communautaire, la confession, les opinions politiques réelles ou imputées, ou encore l’insoumission. Le refus de répondre à ses obligations militaires est parfois présenté comme la raison principale du départ du pays, parfois évoqué à titre secondaire. L’insoumission est souvent invoquée par des demandeurs, mineurs au moment de leur départ de Syrie, qui ont aujourd’hui atteint l’âge d’être appelés à rejoindre l’armée. Elle est régulièrement invoquée par des demandeurs arrivés à Cayenne, généralement des jeunes hommes ayant également quitté très récemment la Syrie » commente le rapport de l’OFPRA.

Cuba, via le Suriname

Enfin, Cuba fait son entrée parmi les pays d’où sont originaires les demandeurs d’asile de Guyane. « Avec 332 demandes d’asile [au niveau national, ndlr], la demande cubaine a connu une nette augmentation en 2020 (+172 % par rapport à l’année 2019), notamment avec l’enregistrement de demandes émanant de ressortissants cubains ayant rejoint la Guyane après avoir séjourné plusieurs mois au Suriname, pays frontalier » note l’OFPRA.

« Les demandes d’asile déposées par des ressortissants cubains demeurent majoritairement fondées sur un positionnement d’opposition politique au régime, que celui-ci soit direct ou leur soit imputé par les autorités. En particulier, de nombreux demandeurs invoquent pour ce motif une surveillance des autorités cubaines et des sanctions pénales prononcées à leur encontre pour des délits, souvent liés à l’exercice d’une activité privée. Certains demandeurs mettent également en avant un risque de sanctions en cas de retour dans le pays après avoir séjourné pendant plusieurs mois ou plusieurs années dans un pays étranger. En outre, malgré une évolution du cadre législatif relatif aux droits des personnes LGBT+ une part notable des demandes de protection internationale repose sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des demandeurs d’asile ». Seuls 30 demandeurs d’asile cubains ont obtenu le statut de réfugié en 2020 en France.

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