De l’indo pacifique à Palavas (hérault), en passant par Concarneau et Saint Pierre et Miquelon, on cherche à élever des holothuries.

L’Holothurie ou concombre de mer, ou bêche de mer, ou trepang en indonésien, ou rori en tahitien n’est pas une très belle bestiole, mais il reste un must sur le marché chinois. Animal marin il est classé dans les échinodermes, aux côtés de l’oursin, de l’étoile de mer. Sa valeur varie selon son espèce (1 250), et le fait qu’il ait plus ou moins de piquants.

Mais toujours son commerce rapporte gros, entre 160 et 600 euros le kilo de poids sec. Vidé, cuit, il perd 90% de son poids . Son enveloppe renferme 45% de protéines et sa préparation varie selon les pays : il peut être cuit, frit, ou fumé…..https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02969147/document

Partout, il est victime de braconnage, surtout sur les côtes australiennes ou de Nouvelle Calédonie. Le 10 novembre, l’Australian border force (ABF)  chargée de la protection des côtes a annoncé qu’elle avait saisi 16 bateaux de pêche indonésiens lors d’une pêche illégale d’holothuries.

L’UICN commence à s’inquiéter pour cette espèce, qualifiée par l’association d’orpheline, dont on connaît  si peu de choses. Trois espèces , depuis 2019, sont inscrites à l’annexe II de la CITES, exploitation et commerce sont donc aujourd’hui surveillés et depuis Aout 2020 , deux  espèces d’holothuries à mamelle présentes en Polynésie sont interdites Pour faire face à la surexploitation et aux pêches intensives, des essais d’élevage ont été réalisés sur des holothuries tropicales dans plusieurs pays comme le Vietnam, les îles Salomon, la Nouvelle-Calédonie, Madagascar, le Vanuatu et les îles Tonga.

A la station marine Ifremer de Palavas tout a commencé par la demande d’un pêcheur sétois, M Barba dont le groupe s’est spécialisé dans la transformation des produits de la mer. Sollicité par des acheteurs chinois et soucieux de structurer le marché, de créer une filière au niveau national, il s’est tourné vers l’IFREMER pour savoir su on pouvait envisager de cultiver cette espèce.

A Palavas, l’Ifremer travaille sur l’espèce méditerranéenne locale, que l’on trouve sur les fonds sableux ou riches en sédiment et dans les herbiers ; elle se rencontre de la surface à une centaine de mètres de profondeur. Le projet est donc né avec pour objectif de faciliter les reproductions, de développer une écloserie jusqu’à maitriser le grossissement des juvéniles, mais surtout de décrire la maturation sexuelle dans le but de les désaisonnaliser, de les faire pondre en dehors de leur période de reproduction naturelle dans les bassins de la station. Déjà en Bretagne, à Concarneau, la station de biologie marine a lancé le projet HoloFarm, pour mettre en place la production maîtrisée de ces curieux organismes de la mer, nombreux sur nos côtes.

L’holothurie est devenu le sujet d’étude de quelques chercheurs , comme  à St Pierre et Miquelon où il se trouve en abondance dans la région. Un atelier de transformation de ce produit a même vu le jour à Saint-Pierre, durant l’été 2017. C’est la poissonnerie Paturel, la plus grosse entreprise de transformation locale, qui est à l’origine de cette initiative.

Autre intérêt de cet animal il est détritivore.

Il se nourrit en filtrant le sédiment et certains chercheurs lui  accordent de l’intérêt parce qu’il pourrait devenir un atout dans les recherches menées pour  la bio remédiation(dépollution biologique) des milieux. Cette espèce pourrait permettre de dépolluer les parcs à huîtres ou à moules, de nettoyer les fonds , et en Polynésie française on pense même au recyclage des nutriments. : rejet des sels de phosphore et d’azote,  utilisés ensuite par les algues et les coraux

L’aquaculture  s’y intéresse aussi. La chasse à la farine de poisson a été lancée. Cette farine sert actuellement de base à la nourriture des élevages, coûte chère en surpêche et en devises, Dans ce qu’on appelle l’aquaculture intégrée multitrophique, l’holothurie joue un rôle important : il dévore les fecies des poissons , assaini le milieu.

D’autres horizons s’ouvrent .En développant une filière et un marché, on pourrait préserver le stock et mieux connaître cette espèce à laquelle on promet un bel avenir comme à tous les produits de la mer en cosméto et en pharmacie. En Chine, les concombres de mer sont considérés comme un remède traditionnel et un médicament. Leur utilisation remonte à la dynastie des Ming Ils recèlent divers composés chimiques utilisés pour prévenir l’anémie, combattre certaines formes de cancer, renforcer les défenses immunitaires et atténuer les douleurs arthritiques. Et bien sûr, on lui prête des vertus aphrodisiaques….

Dominique Martin Ferrari

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