Les Échos: récit d’une journée historique entre l’Iran et Israël

Après de nouvelles frappes meurtrières de part et d’autre, Israël a confirmé avoir accepté un cessez-le-feu avec l’Iran, dont le président américain a annoncé l’entrée en vigueur, et juré de « réagir avec force » à toute violation de cette trêve.

Donald Trump a annoncé un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, marquant la fin d'un conflit de douze jours qui a tenu le monde en haleine.
Donald Trump a annoncé un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, marquant la fin d’un conflit de douze jours qui a tenu le monde en haleine. (REUTERS)

Par Solveig GodeluckPublié le 24 juin 2025 à 06:30Mis à jour le 24 juin 2025 à 10:27

Repasser le film de la journée de lundi au Moyen-Orient a de quoi donner le tournis. Le matin, la région semblait s’acheminer vers une guerre à grande échelle. En début de soirée à Washington, Donald Trump a annoncé la conclusion d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. Du matin au soir, le président des Etats-Unis a tenu en haleine le monde en publiant sur sa messagerie Truth Social les dernières nouvelles du conflit.

« Il a été pleinement accepté par et entre Israël et l’Iran qu’il y aura un cessez-le-feu complet et total (dans approximativement 6 heures, quand Israël et l’Iran se seront retirés et auront conclu leurs missions finales en cours !) », a-t-il d’abord annoncé.

Téhéran, dominé militairement par les forces israéliennes depuis le début des hostilités, devra montrer sa bonne volonté en déposant les armes pour douze heures, a précisé Donald Trump. Puis à au bout de ce délai, ce sera au tour d’Israël de cesser de pilonner les sites stratégiques nucléaires et militaires iraniens. « A la 24e heure, la fin officielle de la guerre de douze jours sera saluée par le monde », a-t-il poursuivi.

Après de nouvelles frappes meurtrières de part et d’autre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a confirmé avoir accepté la proposition de cessez-le-feu avec l’Iran, ajoutant que l’Etat hébreu répondrait avec force à toute violation de la trêve. Le chef du gouvernement israélien a estimé qu’Israël avait atteint son objectif de mettre fin à la menace nucléaire et balistique iranienne.

De son côté, l’Iran n’a pas confirmé l’accord mais le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait précisé que Téhéran n’avait « pas l’intention » de poursuivre ses frappes si Israël « arrête » son agression.

Volontairement inoffensif

Donald Trump, qui a annoncé le premier l’accord de cessez-le-feu, a proposé de garder le label « la guerre de douze jours », un nom qui fait écho aux grandes dates de l’histoire d’Israël, de la guerre des Six jours en 1967 à la guerre du Kippour en 1973. Puis il a congratulé les deux belligérants, « à condition que tout marche comme cela devrait », avant de terminer sa missive par des bénédictions en série et un « Dieu bénisse le monde ».

Donald Trump n’a pas perdu de temps. Moins de deux heures auparavant, il venait de publier une salve de messages pour se féliciter de la modération iranienne et appeler à la paix : « Félicitations Monde, c’est le moment de faire la paix ! » s’est-il adressé à la planète sur sa plateforme Truth Social, revêtant son habit de leader du monde libre.

Les Etats-Unis ayant bombardé trois sites nucléaires iraniens stratégiques dans la nuit de samedi à dimanche, la semaine a commencé de façon angoissante : y aurait-il une surenchère de Téhéran ? Et effectivement, en fin de matinée, heure américaine, le pire apparaissait probable. Les forces iraniennes ont attaqué la base militaire américaine d’Al-Udeid au Qatar.

En réalité, ce n’était qu’un baroud d’honneur volontairement inoffensif. Téhéran a répliqué pour ne pas perdre la face, mais a surtout joué la carte de l’apaisement. Washington a été informée en amont et a pu évacuer sa base. Les forces qataries et américaines, en éveil, ont pu intercepter les projectiles, avec uniquement des dégâts mineurs à l’arrivée.

Au demeurant, le conseil suprême de sécurité iranien a souligné à quel point il avait fait preuve de mesure : il a signalé avoir envoyé exactement le même nombre de missiles que les bombes américaines tombées la veille sur son territoire, et avoir fait en sorte de ne pas « créer de danger » pour le Qatar, un pays ami. L’offensive iranienne n’a fait ni morts ni blessés.

« Il y a eu 14 missiles tirés -13 ont été abattus, et un a été « libéré », parce que sa trajectoire n’était pas menaçante », a rapporté le président des Etats-Unis, pour qui « il n’y aura espérons-le pas plus de HAINE » – autrement dit, aucun autre échange de tirs entre son pays et l’Iran. « Je veux remercier l’Iran pour nous avoir prévenus par avance », a-t-il poursuivi, sur un ton étonnamment conciliant après la violence verbale des derniers jours.

« J’encouragerai Israël »

Le président américain a surtout indiqué qu’il était disposé à faire pression sur son allié, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui a réussi à entraîner Washington dans sa guerre. « Peut-être l’Iran peut-il maintenant avancer vers la paix et l’harmonie dans la région, et j’encouragerai Israël à faire de même avec enthousiasme », a déclaré Donald Trump.

Sans son intercession, il n’est pas certain que Benyamin Netanyahou aurait accepté un cessez-le-feu. Le chef de l’Etat israélien n’a jamais cru aux négociations pour désarmer Téhéran. Il n’a pas hésité à attaquer son grand voisin le 13 juin, profitant de l’affaiblissement des milices pro-iraniennes et d’un président américain très pro-israélien. Surtout, le Premier ministre aurait aimé faire tomber le régime des mollahs.

Dimanche soir, le président américain a brièvement donné l’impression de s’aligner sur lui, en évoquant un « changement de régime » à Téhéran. Jusqu’à présent, la doctrine du gouvernement Trump consistait à ne pas tenter de renverser le dirigeant d’un pays étranger, et dans le cas de l’Iran, à se contenter d’éliminer le risque nucléaire.

La menace a sans doute atteint Ali Khameini, l’ayatollah de 86 ans qui se cache dans un bunker, pendant que son pays est soumis à un feu roulant de missiles israéliens. Aucun dictateur ne veut finir comme Saddam Hussein.

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