Rencontre montpelliéraine

« Le Monde au chevet d’une Planète en métamorphose »

Le compte-rendu que nous vous proposons de notre colloque « Le monde au chevet d’une Planète en métamorphose » qui sest tenu le 29 septembre à Montpellier est, évidemment, subjectif et incomplet. La quantité et la qualité des interventions rendrait une restitution détaillée extrêmement difficile et probablement indigeste. Nous n’avons donc retenu que quelques points directeurs.

En Métamorphose Outremers et Montpellier 20.50, organisateurs de la journée, se félicitent du déroulement de la journée et de la qualité de ses débats. Ils remercient vivement tous ceux et celles qui se sont déplacé(e)s, à la tribune et dans la salle. L’ensemble des présents a dailleurs fait part de sa grande satisfaction à l’issue de la journée. Cette réussite est due particulièrement à Dominique Martin-Ferrari, à sa capacité de réunir une telle quantité d’experts et de conduire leurs débats avec autant de précision et compétence. Le Maire de Montpellier a souhaité, en clôture de la journée, quune initiative soit pérennisée. Gageons que nous saurons relever le défi.

La journée entendait célébrer l’anniversaire de deux événements qui allaient s’évérer capitaux pour le devenir de la Planète : les 30 ans du Premier Sommet de la Terre de Rio de Janeiro et les 50 ans de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement de Stockholm en 1972. Ces deux sommets réunissaient pour la première fois 175 états pour débattre de l’avenir de notre Terre. Ils ont constitué les premiers signaux politiques forts d’alerte sur les changements climatiques, leur impact sévère sur les sociétés humaines et sur la biodiversité. Le rapport Brundland, en 1987, a donné naissance au concept de « développement durable » : son objectif (ODD) a servi de fil rouge à l’ensemble des interventions de la Journée.

La matinée, ouverte par l’un des grands acteurs et témoin de ces 50 années, Brice Lalonde, a été consacrée dans un premier temps à un retour sur les « événements étapes » de cette période avant de s’ouvrir, ensuite, à quelques questions critiques et prospectives. Quelles en ont été les insuffisances puisque nous ne constatons aucun réel changement de trajectoire politique ? Comment expliquer cette lenteur devant les réformes nécessaires ? Quelles sont les nouvelles approches de ces questions ? Que penser des formes de militantisme qui émergent ? Comment mieux planifier l’avenir pour mieux faire face à la dégradation climatique constante ?

Une planification mondiale apparait extrêmement difficile pour deux raisons principales. La première tient aux écarts des développement entre les différents pays du monde. Ils se sont encore plus creusés durant ces dernières décennies : comment donc imposer des mêmes contraintes à des situations si diverses ? La seconde raison réside au surgissement constant d’inconnues majeures. L’apparition brutale de la Covid et de l’invasion de l’Ukraine par les russes en constituent deux exemples récents. Planifier suppose un continuum de déroulement dans le temps : comment y intégrer l’imprévisible ? Comment planifier l’incertain ? L’un des intervenants a souligné un des paradoxes de la situation actuelle : on a su planifier « à l’époque du boulier », pourquoi ne peut-on plus le faire à celle de l’ordinateur ? La seule loi du marché peut-elle constituer la nouvelle boussole des planifications ?

Planifier suppose que l’on décide des priorités. Les plans français d’après-guerre partaient de la définition de 3, 4 voire 5 priorités. L’ODD peut-il servir de matrice permettant de donner cohérence aux priorités à décider ? Les planifications, par ailleurs, doivent savoir s’ouvrir aux échelons territoriaux car c’est d’eux que partent les principales innovations techniques, sociales et culturelles.

L’intervention de Cédric Villani en début d’après-midi a ouvert les réflexions sur une autre dimension : celle des rapports entre la science, la technique et le politique. A eux seuls, aucun de ces paramètres ne peut se suffire : les trois se soutiennent l’un l’autre. C’est ce qu’ont illustré les diverses interventions de l’après-midi en nous permettant de nous plonger dans des exemples de mises en place concrètes dans des secteurs essentiels du développement de la vie : santé, hydrologie, agroforesterie ou alimentation. Ces enjeux ont été fort bien illustrés par des acteurs de notre territoire proche : le projet de la Med Vallée, la recherche scientifique et l’agro-alimentaire.

Cédric VILLANI, mathématicien et député – Michaël DELAFOSSE, Maire de Montpellier et Président de la Métropole

En filigrane de ces interventions nous avons retrouvé, posée de façon insistante, la question essentielle de la gouvernance politique. L’urgence planétaire ne nous contraint-elle pas à une tension permanente entre la nécessité démocratique de concertation avec la population et celle, tout autant contraignante, de l’obligation d’une prise de décision par les pouvoirs politiques en place. Comment concilier, finalement, démocratie et autorité ? Droits de chacun et devoir collectif ?

Une autre question « politique » peut également se poser. Les diverses interventions ont montré la richesse que représente l’éventail toujours grandissant d’organismes, d’associations et autres regroupements citoyens ou institutionnels. Leur prolifération peut, à bon droit, faire craindre un danger d’éparpillement, de perte d’énergie et d’efficacité, sans compter la dangereuse pente amenant aux luttes fratricides. Notre travail « au chevet de la Planète » a besoin de cette richesse plurielle, à condition qu’elle se conjugue en un « nous » et non en une seule addition de « je ».

Joseph MORNET

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