Bassines : dans les Deux-Sèvres, le combat pour l’eau s’internationalise

Une délégation internationale a rejoint ce vendredi 24 mars la mobilisation contre le projet de construction de 16 bassines dans les Deux-Sèvres. Plus de 10 000 manifestants doivent converger dans le département pour marcher samedi vers des réserves, en construction ou achevées.

« On est là pour dire que l’eau n’a pas de frontière », scande Juan Pablo Gutierrez, 41 ans, militant et délégué international de l’Organisation nationale indigène de Colombie (Onic) et du peuple autochtone Yukpa. Colombie, Chili, Canada, Mali… Le monde entier converge sur le rond-point de la route de Colombiers, à l’entrée de Lusignan (Vienne) en ce vendredi 24 mars après-midi. Une délégation internationale a répondu à l’appel du collectif « Bassines non merci ! » (BNM) pour se joindre à la mobilisation contre les bassines, ces gigantesques réserves d’eau dédiées à l’irrigation agricole.

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Chez moi, les propriétaires de cultures d’avocat s’accaparent l’eau pour remplir des méga-bassines et privent les plus pauvres d’accès à l’eau potable— Manuela Royo, avocate et universitaire chilienne spécialisée en droit constitutionnel et en droits humains des peuples autochtones

« L’eau n’a pas de frontière »

« L’eau n’a pas de frontière et la planète est un écosystème. Il est donc logique que la lutte pour le partage de la ressource soit internationale », souligne Manuela Royo venue du Chili, avocate et universitaire spécialisée en droit constitutionnel et en droits humains des peuples autochtones. Elle représente le Mouvement pour la défense de l’eau, du territoire et de l’environnement (Modatima).

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« Le Chili est le seul pays au monde ayant privatisé la ressource en eau dès 1981, conformément à la Constitution de 1980 forgée par le régime de Pinochet, explique-t-elle. J’ai commencé à lutter il y a dix ans. Chez moi, les propriétaires de cultures d’avocat s’accaparent l’eau pour remplir des méga-bassines et privent les plus pauvres d’accès à l’eau potable », raconte-t-elle en se tournant vers Éloïse Berard, membre de la fondation Danielle-Mitterrand et traductrice d’un jour. « On s’est coordonnés avec [le collectif] BNM et Lisa Belluco, députée Europe Écologie les Verts (EELV) de la Vienne, pour organiser le voyage et l’accueil des militants internationaux », indique-t-elle.

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« Globalisation de la résistance »

« Les méga-bassines sont le résultat de politiques archaïques qui provoquent des désastres écologiques et la mort. Nous sommes le symbole de la globalisation de la résistance et du combat pour la vie », lance Juan Pablo Gutierrez. À côté de lui, Layla Staats, membre du clan de la Tortue, de la Première Nation Mohawk au Canada, porte son fils de quelque mois dans les bras. « Lui aussi il lutte », plaisante-t-elle. Elle a réalisé un documentaire intitulé Blood and Water qui raconte le lien entre son peuple et l’eau. Elle y dénonce notamment l’accaparement et la pollution de la ressource par les multinationales au Canada.

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les multinationales polluent les fleuves maliens. En surexploitant les ressources en eau, elles assèchent les puits et rendent l’eau non potable— Massa Koné, porte-parole du mouvement social de la Convergence globale des luttes pour la Terre et l’Eau Ouest Afrique

Un peu plus loin, assis sur le capo d’une voiture, Massa Koné, venu du Mali et porte-parole du mouvement social de la Convergence globale des luttes pour la Terre et l’Eau Ouest Afrique : « les multinationales polluent les fleuves maliens. En surexploitant les ressources en eau, elles assèchent les puits et rendent l’eau non potable. Il faut lutter pour défendre l’eau. Ici et ailleurs. Pour qu’ils entendent à l’ONU », conclut-il.

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