Impossible de continuer à se taire: Gaza, mon amour© (Robin des Bois)


Nations Unies­Le tremblement de guerre dû aux frottements des plaques territoriales entre Israël et la Palestine se cristallise et s’éternise sur un territoire qui était un paradis. La bande de Gaza, c’est 365 km2 au bord de la Méditerranée orientale, la même superficie que Saintes-Maries-de-la-Mer au bord de la Méditerranée occidentale. Mais la bande de Gaza est aujourd’hui un enfer. La densité moyenne de la population est une des plus fortes du monde. Sous cet angle, Gaza ressemble à Hong Kong et au quartier de Manhattan à New York. Gaza au début de la guerre comptait environ 2.250.000 habitants dont 900.000 enfants de moins de 15 ans. Entre les seuls mois d’octobre 2023 et de septembre 2024, 17.000 seraient morts sous les décombres ou des suites de leurs blessures ou des amputations. Les survivants garderont éternellement la marque de ce déchirement dans leur chair et dans leur tête et beaucoup pousseront dans leur vie orphelins de père et de mère. Dans la première année de l’invasion par les Forces de défense d’Israël, l’espérance de vie des Gazaouis a perdu 38 ans pour les hommes et 30 ans pour les femmes. Dans la foule des disparus, 46% étaient des hommes âgés de 15 à 64 ans et 54% étaient des femmes, des vieillards et des enfants. Ces statistiques se rapprochent de ce qui est constaté après les mouvements de foule, les incendies de forêt, les inondations et les tremblements de terre. Les gravats de démolition du bâti de Gaza et de la voirie étaient estimés à 23 millions de tonnes, soit 107 kg/m2, début janvier 2024. Ils étaient estimés à 54 millions de tonnes, soit 385 kg/m2, en avril 2025. Ces gravats sont du vrac de guerre. Ils contiennent à ciel ouvert de l’amiante, des hydrocarbures, du cadmium et d’autres polluants métalliques, des DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques), des médicaments et pesticides avariés, des plastiques brûlés, des déchets hospitaliers, des déchets anatomiques, un cocktail tragique, infectieux et toxique qui continuera sur le long terme à polluer l’air, les eaux de la zone humide de Wadi Gaza, les eaux d’irrigation et de consommation, les eaux littorales et les ressources des 3700 pêcheurs de Gaza, une pollution complexe et sans frontières dont le panache s’étend déjà vers le Liban et Israël. Le cataclysme de Gaza est un cataclysme régional. Entre le samedi 7 octobre 2023 et janvier 2024, 25.000 tonnes d’explosifs ont été déversés sur Gaza par les Forces israéliennes de défense, l’équivalent TNT de 2 bombes d’Hiroshima. On en est sûrement maintenant à une dizaine. Au moins 10% des obus et des bombes n’ont pas explosé au contact et se sont enfoncés à plusieurs mètres dans les gravats, les sables et les graviers du socle géologique de Gaza. Ce réservoir caché de nitrate d’ammonium, de poudre d’aluminium, de composés chlorés cancérogènes, constitue pour les populations palestiniennes et des pays voisins une menace sur le très long terme. Pour l’exemple, un siècle après le déchaînement de la Première Guerre mondiale, les eaux de consommation du nord de la France sont contaminées par le perchlorate d’ammonium utilisé par les armées comme propulseur et explosif dans les bombes et les munitions d’artillerie. Le cessez-le-feu, s’il intervient un jour, dans la bande de Gaza, ne décidera pas d’un cessez-les-pollutions. Il aura l’immense avantage de redonner de l’espoir, à manger et à boire, aux miraculés et aux résilients de Gaza, mais il obligera aussi à dresser l’inventaire et le périmètre de toutes les menaces environnementales, sanitaires et post-traumatiques qui continueront longtemps à s’écouler du cadavre de cette guerre insensée.

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