19 octobre 2023: 205 organisations de defense de l’environnement et du climat ont alerté sur l’illusion de la biomasse

sources; Guyaweb, outremers360
Pour cette journée internationale « biomasse » Maiouri Nature Guyane s’était associée aux 205 organisations de défense de l’Environnement et du Climat présents sur six continents qui avaient alerté dune même voix sur l’illusion verte de l’électricité produite à partir de bois-énergie forestier, “l’illusion de la biomasse”
Cette énergie n’est pas “bas carbone”, elle menace la biodiversité et
la résilience climatique des territoires, elle porte atteinte aux droits des
populations locales et menace la santé et le bien-être des personnes, tout en
détournant les investissements des autres énergies moins impactantes et plus
durables. Ci joint leur appel :
“Nous, organisations soussignées, pensons que lutter efficacement
contre le changement climatique nécessite de dépasser la
combustion de biomasse forestière. Nous appelons les gouvernements,
les investisseurs, les entreprises et la société civile à éviter l’expansion
de l’industrie de la biomasse forestière et à renoncer à son utilisation.
Les subventions à l’énergie issue de la biomasse forestière doivent être
supprimées. Protéger et restaurer les forêts du monde est une solution
au changement climatique, les brûler ne l’est pas.“
Extrait de la déclaration commune
En Guyane, nous observons avec effroi les sécheresses en Amazonie, notamment
chez notre voisin brésilien, où les criques et les lacs à sec, privent des centaines de
milliers de personnes de pêche, d’électricité et d’eau potable. La canicule se fait
ressentir jusqu’en Guyane où la chaleur brûlante est palpable au quotidien, comme
samedi dernier où la température à Grand-Santi a été la plus chaude jamais
enregistrée en Guyane avec 39,1°C.

Si le modèle de l’énergie tirée de la combustion de biomasse fut un temps vertueux
en Guyane, en valorisant notamment les déchets de scierie, Maiouri Nature s’oppose à un développement industriel incompatible avec la réalité sociale et écologique de
notre territoire. Malgré une précédente victoire face à l’actuel Président de la
Collectivité Territoriale de Guyane en 2020, nous constatons que le gouvernement
français, la CTG et des industriels privés de ce secteur lucratif et subventionné
comme Voltalia ou IDEX, persistent et s’organisent pour développer à grande échelle
la production de biomasse dans un modèle énergétique non durable et menaçant
directement la forêt amazonienne de Guyane.
Actuellement la Guyane possède déjà quatre centrales brûlant du bois guyanais et la
Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) de Guyane vise à en quadrupler la
production dans les 7 ans à venir. La biomasse industrielle deviendrait ainsi un des
premiers secteurs énergétiques prétendument renouvelable pour mettre la Guyane
sur le chemin de l’autonomie électrique.
Pour atteindre les objectifs de la PPE il faudra donc brûler le quadruple de bois, soit
pas loin de 700 000 tonnes par an. Pour ce faire, la CTG, divers services et agences de l’Etat (ADEME, ONF) et les industriels du bois cherchent à développer des
plantations énergétiques. Le concept ? Raser des milliers d’hectares de forêts pour
les remplacer par des cultures de plantes à brûler (canne-fibre, bambou, à l’image du projet Cann’Innov présenté en juin par les sociétés Guyane Forest Initiative et
Energreen) ou encore des plantations d’arbres en monoculture, à l’image du projet
MIA poussé par le Centre spatial Guyanais dont les besoins colossaux impliquent à
eux seuls la construction de deux nouveaux incinérateurs de biomasse.
Dans un reportage diffusé sur Radio France International, on découvre l’état d’esprit
déconcertant de la nouvelle directrice du Développement Durable du CNES qui
semble tout ignorer des capacités du mix énergétique de la Guyane, comme le
trahissent ses propos caricaturaux sur les alternatives qui s’offrent aux guyanais : soit brûler la forêt amazonienne soit « faire pédaler les gens ». Sachant qu’un salarié du CSG produit en moyenne 149 tonnes de Co2 -soit plus de quinze fois plus que la
moyenne nationale- comme le rappelle le député D. Rimane,, cette vision du
développement de la Guyane est proprement injuste socialement et
incompatible avec la protection de notre territoire.
En abattant ces dizaines de milliers d’arbres, ces projets de biomasse industrielle vont relâcher des quantités phénoménales de gaz à effet de serre, accélérant le
dérèglement climatique et mettant encore à mal notre forêt, seul rempart face à
l’effondrement biologique de notre territoire.

Alors qu’un futur projet de décret prévoit une prédation de 15% des surfaces
agricoles utiles pour les cultures énergétiques, ce seraient 5 460 hectares qui
seraient d’emblée concernés selon le recensement agricole de 2020. Un chiffre qui
pourrait augmenter au vu des objectifs annoncés. A titre de comparaison en France
métropolitaine, c’est 3% de cette surface agricole qui est consacrée aux
agrocarburants de première génération, et l’impact est déjà flagrant : déforestation,
disparition de cultures vivrières, augmentation des prix des denrées
alimentaires… mais aussi augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Ce modèle d’agriculture en climat tropical humide est une potentielle bombe à
retardement sanitaire et écologique comme c’est le cas au Brésil avec les cultures
d’agro-carburants.
Pour les industriels, la rentabilité est assurée. En effet :

  • en s’accaparant des massifs forestiers, ils vont piller une richesse naturelle qui
    s’est constituée gratuitement sur des centaines voire des milliers d’années,
  • ils ont obtenu par un lobbying européen intense, une dérogation permettant à
    la Guyane de pouvoir bénéficier d’aides d’états sans avoir à respecter les
    normes environnementales censées protéger la forêt, la biodiversité et les sols.
    IL N’Y A RIEN DE VERT, NI DE DURABLE, NI DE RENOUVELABLE DANS LA
    BIOMASSE INDUSTRIELLE.
    C’est pourquoi, en cette Journée Internationale contre la biomasse industrielle,
    Maïouri Nature Guyane demande un moratoire sur la construction et l’extension
    de toute nouvelle centrale d’incinération de la biomasse et réaffirme que les forêts
    jouent un rôle important dans la lutte contre le changement climatique et
    contribuent à un avenir sain, équitable et durable pour toutes les formes de vie sur
    Terre. Brûler le bois des forêts pour produire de l’énergie à grande échelle ne peut
    faire partie de cet avenir. Nous devons au contraire protéger et restaurer les milieux
    naturels, ce qui permettra de réduire les émissions et d’éliminer le dioxyde de
    carbone atmosphérique tout en favorisant la biodiversité, la résilience et le bien-être
    pour l’avenir.

Pour en savoir plus :
Le dossier Biomasse industrielle en Guyane de Maiouri Nature :
https://sites.google.com/site/maiourinature/fusee-bio
www.facebook.com/maiourinatureguyane
https://twitter.com/Maiourinature

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *