il est des jours à marquer d’une pierre noire

Nalvany est mort et avec lui la confirmation de notre impuissance

et pourtant nous devons faire quelque chose

Ioulia Navalnaïa, l’épouse d’Alexei Navalny, sort du silence après l’annonce de la mort de son mari

Poutine doit être « puni » pour les atrocités commises contre Navalny, a estimé la femme de l’opposant russe décédé en prison.Par Le HuffPost avec AFP 

INTERNATIONAL – Une tristesse mếlée de colère. Ioulia Navalnaïa, l’épouse d’Alexeï Navalny, principal opposant de Vladimir Poutine mort dans sa prison située en plein milieu de l’arctique, ce vendredi 16 février, a pris la parole lors d’une conférence sur la sécurité à Munich en Allemagne.LIRE AUSSIAprès la mort d’Alexeï Navalny en Russie, Vladimir Poutine pointé du doigt en Europe

Le président russe doit être « tenu personnellement responsable » et « puni », a-t-elle d’abord estimé. « Si c’est la vérité, je voudrais que Poutine, tout son personnel, tout son entourage, tout son gouvernement, ses amis, sachent qu’ils seront punis pour ce qu’ils ont fait à notre pays, à ma famille et à mon mari. Ils seront traduits en justice et ce jour viendra bientôt », a-t-elle poursuivi.

La mort de Navalny en Russie, un « message d’alerte » à tous les opposants

Pour Carole Grimaud-Potter, experte de la Russie interrogée par Le HuffPost, la mort de Navalny va marquer la fin d’une certaine forme d’opposition à Poutine.Par Maëlle Roudaut

L’opposant russe Alexeï Navalny participe à un rassemblement dans le centre de Moscou le 5 décembre 2011, avec des milliers de Russes, pour protester contre les violations des élections législatives qui avait donné la victoire au parti au pouvoir de Vladimir Poutine.

ALEXEY SAZONOV / AFPL’opposant russe Alexeï Navalny participe à un rassemblement dans le centre de Moscou le 5 décembre 2011, avec des milliers de Russes, pour protester contre les violations des élections législatives qui avait donné la victoire au parti au pouvoir de Vladimir Poutine.

INTERNATIONAL – La Russie, après Navalny. Les autorités russes ont annoncé ce vendredi 16 février la mort de l’opposant numéro 1 du Kremlin, Alexeï Navalny, en prison. Le militant âgé de 47 ans purgeait sa peine pour « extrémisme » dans une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique, dans des conditions très difficiles.

Ses multiples procès avaient été largement dénoncés comme une manière de le punir pour son opposition au président russe Vladimir Poutine. Son décès survient quelques semaines avant la présidentielle russe.

Il laisse derrière lui une opposition russe affaiblie, alors que la répression des voix dissonantes s’est durcie depuis l’invasion de l’Ukraine. Carole Grimaud-Potter est spécialiste de la géopolitique de la Russie, professeure à l’Université de Montpellier et fondatrice du think-tank Center for Russia and Eastern Europe Research (CREER) de Genève. Pour le HuffPost, elle a répondu à quatre questions sur l’avenir de l’opposition en Russie.

Le HuffPost : Que symbolise la mort d’Alexeï Navalny pour la Russie ?

Carole Grimaud-Potter : C’est la fin d’un chapitre, le chapitre de l’opposition qui avait pu se former dans les années 2010, avec comme porte-voix Alexeï Navalny, qui dénonçait la corruption des élites. Cette dénonciation de la corruption, plus que son opposition à Vladimir Poutine, a trouvé un écho dans la population russe, qui partage sa quête de justice.

En prenant cet angle anticorruption, Navalny a pu remettre en question les élites au pouvoir. Il a reçu le soutien d’une partie de la population, en particulier de la jeune génération, à qui il s’adressait par les réseaux sociaux. C’est ce qui avait fait très peur au pouvoir. On se souvient des manifestations en 2011 à Moscou, place Bolotnaïa, lorsque la jeunesse s’était soulevée avec Navalny, à l’annonce du nouveau mandat de Vladimir Poutine. Puis en 2018, lorsqu’une partie de la population russe avait répondu à son appel de vote intelligent.

Qui représente désormais la principale opposition à Poutine ?

Il n’y a plus d’opposant au sens où on l’entend pour Navalny. En revanche, avec la guerre en Ukraine, une nouvelle forme d’opposition a vu le jour. Ce n’est pas une opposition qui est anti-régime, mais une critique de cette guerre à laquelle elle veut mettre fin rapidement. L’ex candidat à la présidentielle Boris Nadejdine a porté cette voix, il avait jusqu’à 10 % des intentions de vote avant d’être écarté de l’élection.

Une nouvelle forme d’opposition a vu le jour

Boris Nadejdine est très différent d’Alexeï Navalny, car il vient de l’intérieur du système. Il a notamment été député à la Douma et a aussi fait partie de l’administration présidentielle pendant de longues années. En conséquence, son angle d’attaque est différent. Il s’attaque à tout ce qu’il peut, tout en respectant la loi russe, alors que Navalny était beaucoup plus frontal et dénonciateur.

Enfin, ce n’est pas parce que Nadejdine a été évincé de la campagne électorale qu’il s’avoue vaincu. Sa technique d’opposition, qui consiste à exploiter les failles juridiques du système, s’applique beaucoup plus à la Russie d’aujourd’hui. Le pouvoir s’est considérablement durci avec la guerre en Ukraine, c’est donc aussi une manière de se protéger que de procéder ainsi.

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Cette nouvelle peut-elle troubler la prochaine présidentielle ?

Non. L’information de la mort de Navalny va être très réduite, très brève. Bien sûr les médias russes en parlent aujourd’hui, mais dans quelques jours tout cela sera passé. Les médias d’État occupent l’essentiel de l’espace informationnel en Russie. L’affaire n’entachera pas la campagne présidentielle de Vladimir Poutine. Ses opposants ont par ailleurs été écartés de la campagne électorale. On ne pourra donc pas entendre leurs voix se scandaliser du traitement d’Alexeï Navalny en prison qui a occasionné sa mort.

L’affaire n’entachera pas la campagne présidentielle

Pour autant, il y aura des gestes symboliques de la part de la population, comme il y en a contre la guerre en Ukraine : des déposes de fleurs sur certains monuments, des petites manifestations isolées. Navalny occupait une place importante dans l’esprit d’une grande partie des Russes. Les opposants qui ne peuvent pas s’exprimer doivent certainement se sentir orphelins aujourd’hui.

Quel héritage laisse Navalny à ces opposants ?

Sa persévérance va continuer d’inspirer. Il est mort en martyr, il a donné sa vie pour une cause. Il est retourné en Russie, même après la tentative d’empoisonnement alors que peu l’auraient fait. Cette aura va continuer à agir parmi les Russes. Il laisse aussi derrière lui tout son travail sur la dénonciation de la corruption des élites.

Sa mort est aussi un message d’alerte pour les opposants. Un message adressé à toute tentative d’opposition qui pourrait naître dans l’après Navalny. Reste alors l’opposition en exil, dispersée à travers le monde. Elle n’est pas intouchable pour autant. Mais ces groupes entretiennent des liens très importants avec les Russes. Ils travaillent chaque jour à imaginer la Russie d’après Poutine.

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