UNOC (suite) : 20 ans de financement et d’innovation scientifique dans le champ de la recherche océanique : analyse, bilan et impact

Alors que la communauté internationale en sciences marines se réunira du 3 au 6 juin au One Ocean Science Congress (OOSC), l’Agence nationale de la recherche (ANR), en partenariat avec l’Ifremer et le CNRS, dévoile en avant-première son 20e cahier thématique « Océan : analyse, bilan et impact des projets financés (2005-2024) ». Pour la première fois, l’ANR dresse le bilan de 20 années de soutien à la recherche sur projets dans le champ océanique, mettant en lumière les avancées majeures, la richesse des thématiques explorées, la diversité des partenariats mobilisés, ainsi que les retombées scientifiques, sociétales et économiques des projets de recherche financés. 1 091 projets ont ainsi été soutenus par l’Agence à travers son Plan d’action et France 2030, pour un investissement total de 795 millions d’euros.

La recherche océanique française, moteur à l’international

Dans cet effort de recherche sur les sciences océaniques, l’ANR soutient depuis sa création en 2005 les communautés scientifiques, en finançant à la fois des projets répondant aux besoins nationaux – via ses appels « Blancs », puis ceux du Plan d’action et de France 2030 – et également des projets collaboratifs avec d’autres pays, aux niveaux européen et international, pour répondre à des enjeux transnationaux (collaborations bilatérales, actions des programmes cadres européens, Belmont Forum). Au total, 1 091 projets de recherche ont été soutenus par l’ANR, entre 2005 et 2024, pour un investissement total de 795 millions d’euros. Les projets couvrent des thématiques et disciplines très variées, et comblent des lacunes tant en recherche fondamentale qu’en recherche orientée solution.

France 2030 a notamment lancé des appels spécifiques comme le Programme prioritaire de recherche (PPR) Océan et Climat et trois Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) (ATLASeaBridgesGrands fonds marins).

En termes d’impact, les 1 091 projets ANR ont généré près de 12 500 publications scientifiques et 36 % des projets sont cités dans des documents de politiques publiques et repris par des instances internationales, telles que le GIECIPBES pour la protection de la biodiversité des océans, ISA pour le code minier des grands fonds marins en cours d’instruction à l’AIFM, ou encore le traité BBNJ (Biodiversité au-delà de la Juridiction Nationale) dont l’entrée en vigueur pourrait être actée à l’issue de la 3econférence de l’ONU sur les océans (UNOC-3), ce qui montre leur influence.

De plus, les recherches financées par l’ANR ont débouché sur la création de 29 brevets et plus de 100 projets ont donné lieu à des processus de valorisation industrielle, principalement sur les résultats obtenus par la biotechnologie appliquée aux algues et au phytoplancton, mais aussi à des développements méthodologiques nouveaux, comme des capteurs pour les hydrocarbures, pour la détection de métaux ou pour trier des foraminifères.

Le rôle moteur joué par la recherche française dans les grandes infrastructures européennes et internationales s’illustre aussi par une augmentation substantielle du nombre de projets internationaux financés. Alors qu’ils s’élevaient à 7 % des projets financés entre 2005 et 2014, ils représentent désormais 24 %, reflétant les enjeux globaux auxquels les océans font face.

Au niveau européen, l’ANR contribue notamment à l’effort de recherche dans le cadre de la Décennie de l’Océan des Nations Unies à travers sa participation au partenariat « Sustainable Blue Economy Partnership » (SBEP), qui regroupe 74 partenaires de 30 pays et la Commission européenne pour fédérer les politiques nationales de recherche sur les activités marines et maritimes afin de contribuer à la décarbonation de l’économie bleue, un enjeu majeur.

Sur le plan mondial, la majorité des collaborations multilatérales sont réalisées grâce au Belmont Forum, partenariat international entre des organismes de financement de la recherche dont fait partie l’ANR. À l’initiative de la France qui en assure la co-présidence, le Belmont Forum lancera le 11 juin 2025 un nouvel appel à projets dans le domaine des sciences océaniques, labellisé dans le cadre de la Décennie des Nations Unies.  Intitulé « OCEAN 2 : Towards the Ocean We Want : Biodiversity and Ecosystem Sustainability for Nature and Human Well-being », il vise à coordonner des actions et des projets par une approche transdisciplinaire, en encourageant les solutions innovantes pour relever les défis environnementaux mondiaux liés à l’océan et à sa biodiversité, des gènes aux écosystèmes.

20 ans d’avancées scientifiques structurantes pour l’océan

Le cahier présente 19 synthèses scientifiques dressant un état des lieux des connaissances sur l’ensemble des thématiques de la recherche marine et maritime, allant des polluants aux récifs coralliens, de la géodynamique des grands fonds à la pêche durable, en passant par l’énergie marine, les technologies d’observation, la biogéochimie, ou les impacts du changement climatique sur les écosystèmes marins. Près d’une quarantaine d’experts ont contribué à ce travail qui permet de mettre en lumière des avancées majeures : nouvelles connaissances scientifiques, retombées économiques ou sociétales, émergence de nouveaux fronts de science.

Des avancées saillantes ont notamment été réalisées dans le domaine de la modélisation du climat et de la dynamique océanique (avec le développement de flotteurs Argo permettant de prévoir les événements extrêmes) et de la gestion des pêcheries ; dans la conception d’outils de surveillance (par exemple concernant la biodiversité côtière) ; ainsi que des avancées dans la compréhension des écosystèmes marins (avec la présence de virus abondants et diversifiés révélés notamment grâce à l’expédition Tara, ou encore les impacts des métaux lourds et des plastiques sur les organismes marins et les écosystèmes) et lacompréhension de certaines espèces invasives comme les algues Sargasses dans les Antilles dont les causes de prolifération sont aujourd’hui connues.

La recherche, mobilisée pour la Décennie de l’Océan des Nations Unies

Du 3 au 6 juin, le One Ocean Science Congress (OOSC) réunira plus de 2 000 scientifiques du monde entier. Ce congrès, porté par le CNRS et l’Ifremer et dont l’ANR est partenaire, portera la voix de la science dans les discussions internationales. Les enseignements, résultats, avancées, pistes de recherche à investir, seront discutés lors d’un « Town Hall » proposé par l’ANR le 4 juin : celui-ci mettra en lumière les politiques de financement public et de fondations philanthropes comme outils de transformation des sciences marines et de mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’Océan.

Plus généralement, l’OOSC adressera une série de recommandations concrètes, fondées sur les connaissances scientifiques, aux chefs d’État et de gouvernement réunis à la 3ème conférence de l’ONU sur les océans (UNOC-3). Organisée par la France et le Costa Rica, cette conférence abordera des enjeux globaux comme le changement climatique, les pollutions et l’érosion de la biodiversité. Face à ces défis, la recherche scientifique entend jouer, plus que jamais, un rôle essentiel pour garantir un avenir durable pour l’Océan et les sociétés humaines.

« La France, avec la deuxième zone économique exclusive du monde, joue un rôle majeur dans la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 14 des Nations Unies, qui vise à conserver et à exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines. Dans ce cadre, la recherche française occupe une place centrale et l’ANR, ayant à cœur de promouvoir les résultats de la recherche sur projets, a saisi l’opportunité de l’organisation de l’UNOC 3 et de l’OOSC en France pour lancer un premier bilan et une étude d’impact. Anticiper les transformations de l’océan liées aux changements globaux, proposer des solutions durables et éclairer les décisions publiques, telle est notre ambition commune avec l’Ifremer et le CNRS pour présenter les principaux enseignements de ce travail de synthèse considérable qui s’est appuyé sur près d’une quarantaine d’experts » déclare Claire Giry, Présidente-directrice générale de l’ANR.

« L’océan a besoin de science, de toutes les sciences. Il est par essence un objet interdisciplinaire et le CNRS encourage à le penser comme un objet de la durabilité pour assurer ainsi la pérennité du système Homme-océan. Avec plus d’un millier de scientifiques impliqués dans ce domaine, l’organisme est en première ligne. Le fait que plus de la moitié des projets du cahier Océan publié aujourd’hui par l’ANR sont coordonnés par nos chercheurs et chercheuses en est la preuve. Aux côtés de l’Ifremer, le CNRS est pleinement investi dans l’organisation du congrès international One Ocean Science dont l’un des objectifs est de fournir des recommandations scientifiques aux chefs d’État et de gouvernement. Il devient urgent d’identifier et de mettre en œuvre des solutions pour une meilleure conservation et utilisation durable de l’océan » déclare Antoine Petit, Président-directeur général du CNRS.

« En organisant le One Ocean Science Congress avec le CNRS, le tout premier congrès scientifique international adossé à une conférence des Nations Unies, nous affirmons notre engagement à faire de la science un levier déterminant pour l’action en faveur de la préservation de l’Océan. Le cahier OCEAN, rendu public ce jour par l’ANR, témoigne de l’engagement continu de l’Ifremer au cours des vingt dernières années pour produire des connaissances robustes et élaborer des solutions concrètes. Il est désormais plus que jamais essentiel que les décideurs s’en saisissent et prennent des décisions fortes, éclairées par la science » déclare François Houllier, Président-directeur général de l’Ifremer.

En savoir plus

20 ans de soutien à la recherche océanique | Le cahier OCEAN

20 ans de soutien à la recherche océanique | Les synthèses scientifiques

20 ans de soutien à la recherche océanique | Le Dossier Océan

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