COP 26 Qu’en attendre?

Les COP climat ne sont que la rencontre des états qui se sont engagés en signant la Convention climat à Rio en 1992 , le protocole de kYoto et les accords de Paris en 2015. Elles ont pour rôle de vérifier le respect des engagements , de stimuler la mobilisation, de trouver des règles qui permettent au monde d’avancer à la même vitesse. Le résultat pour le climat est loin d’être satisfaisant . Pour autant faut il supprimer les COP? C’est sans doute le seul moment où la planète entière se mobilise médiatiquement pour un problème qui la menace dans son ensemble. Donc la réponse est non si l’on croit que le monde doit rester uni.

Par contre cela ne dispense pas les états de prendre leurs responsabilités et notamment les grandes puissances qui sont majoritairement responsables de ce qui arrive à la planète tout entière et aux citoyens de faire ce qu’il faut : se mobiliser, informer , user du droit et surtout changer de mode de vie.

A Glasgow s’ouvrent donc dix jours pour que les 197 pays signataires de la Convention climat affrontent et proposent des solutions pour un problème soulevé il y plus de trente ans : le changement climatique, lié au réchauffement. Ces trente ans ont été ponctués d’avancées : des esprits, de la diplomatie, de la science… Les accords de Paris lors de la COP 21 ont fixé des limites : ne pas dépasser +1°5 et/ou 2°. La communauté internationale doit se donner à Glasgow les moyens d’y parvenir : règles du jeu, financements, mobilisation de tous les acteurs, changement de civilisation…La dramaturgie est à son comble comme à la veille de chaque COP, c’est toujours « le sommet de la dernière chance», la différence est que cette fois nous y sommes et tout se dégrade plus vite que prévu par des scientifiques que l‘on trouvait trop pessimistes. Les climato sceptiques,  les multinationales du pétrole et du charbon, nous ont fait perdre un temps précieux.

Aux accords de Paris était proposé + 1°5 en 2100, ramené à 2030. 

Il n’ y a plus le choix, il faut faire vite. Le 6° rapport du GIEC est clair : certaines zones du monde sont d’ores et déjà inhabitables, les pôles fondent, la mer monte, inondations et sécheresses se multiplient. On savait tout cela, mais il a fallu attendre que cela advienne pour s’en préoccuper réellement  et encore !…Il faut donc déterminer comment cesser de produire du CO2, des GES ? Comment reconstruire un secteur énergétique à coup de milliards ? Comment se méfier des solutions clé en main dont on ne mesure pas les conséquences à long terme ? Comment revenir sur ce que l’on croyait être une bonne solution (cf les puits de carbone) ? Les dirigeants de 197 pays se rendront sur place. Parmi eux, Joe Biden, Emmanuel Macron ou encore la future ex-chancelière allemande Angela Merkel Il y aura aussi des absents de marque : les présidents russe et chinois Vladimir Poutine et Xi Jinping.

Qu’attendre de GLASGOW ?

  • Plans nationaux de réductions massives ; Influence du plan européen (Fit for 55)
  • Efficience de l’article 6 de l’accord de Paris : échange de réduction entre Etat pour une réduction globale / Marché carbone ?
  • Engagement sur le « fonds vert » 100 mds pour le sud chaque année
  • La poursuite de la progression du dossier adaptation ouvert en 2021, renforcé le 7 mai (dialogue de Petersberg) couplé aux décisions de la COP 15 : « les solutions fondées sur la nature »
  • Un « agenda de l’action » avec une coopération forte N/S
  • Un possible accord sur le méthane

FINANCES , ENGAGEMENTS`

On est loin de ce à quoi on doit parvenir mais la dynamique vers un monde bas carbone est engagée et grâce aux accords de Paris, les états doivent revoir tous les cinq ans leurs engagements (NDC). Les stratégies climat se sont multipliées à travers le monde (Mais les chiffres sont alarmants : les émissions risquent de grimper de 16 % d’ici à 2030 alors qu’elles devraient baisser de 45 %…)

Règles financières :

– Désinvestir les énergies fossiles (AIE : -11% charbon, 4% gaz, 3% pétrole chaque année) MAIS risques sociaux face à l’augmentation des prix .  Investisseurs et entreprises privées poursuivent l’exploitation des ressources et restent orientés vers les fossiles. La Place de Paris exclurait en 2023 les sociétés extractrice à 2% du CA en charbon, à 10% en pétrole, à 50% en gaz

– remonter les ambitions et engagements nationaux (Chine, Inde, Arabie et Turquie n’ont rien fait= 50% des émissions)

– Régulariser le versement des 100 milliards de dollars promis aux pays du Sud pour 2020 (les financements climat ont plafonné à 79,6 milliards en 2019, d’après l’OCDE.) Financements à répartir égalitairement entre réduction des émissions et des projets d’adaptation. (sera sans doute débloqué en 2023)

– 750mds pour les ENR en 2020 .Il faudrait 3 fois +pour 2050(neutralité).

Les sommets (énergie régions, jeunesse..) et les coalitions (one planet summit) obtiennent de nouveaux financements

-Le mouvement vers la finance durable s’intensifie , mais encore trop faible

(voir remarquable analyse de Bettina Laville présidente du Comité 21 p 12 à 14, 19, et 22 à 25 :

et surplace à Glasgow : http://www.comite21.org/comite21/comite21-en-action.html?id=14411

– Les difficultés quant à l’instauration du marché carbone ne sont pas levées

– Finance et adaptation seront sans doute les moyens de relier local et global,en associant davantage les collectivités locales et régionales (CLR) à l’élaboration des politiques en matière de climat , en mesurant, intégrant et valorisant les contributions climatiques des collectivités 13% des villes de plus de 500.000 habitants (demande d’un tableau de bord régional et local) journée spéciale le 11 nov CGLU/CCRE

FORETS. Les puits de carbone auraient ils été un leurre ? REDD+

Océan et forêt, vendus comme des puits de carbone aux industriels qui ont pu accumuler des crédits carbone,  sont aujourd’hui remis en question. Non seulement comme le disent ONG et chercheurs il est très difficile de contrôler ce que les industriels replantent, comment se portent les plantations, quelle compensation elles représentent vraiment ; Mais en plus il n’avait pas été prévu que les incendies à répétition, de moins en moins gérables, dus aux sécheresses récurrentes ou aux orages,  allaient détruire les forêts et même les nouvelles plantations comme ce fût le cas en 2020.

La FAO le répète « les forêts captent et stockent le C02 …emmagasinent de 20 à 100 fois plus de carbone par unité de surface que les terres cultivées » , or les forêts se réduisent de 5,3 millions d’hectares par an : extension des terres agricoles, plantation de palmier à huile, de soja, incendies, élevage…Ces dernières années l’Amazonie brésilienne a rejeté 10 fois plus de carbone qu’elle n’en a absorbé.

Une des premières mesures proposées consiste donc à réduire notre consom-mation de produits importés responsables de la déforestation et notamment la viande : une mesure bonne pour limiter les coupes mais aussi pour partager notre développement avec les pays du sud. Le 6 nov. sera consacré à Glasgow à l’impact des pratiques agricoles, une manière d’aborder la question du méthane plus résilient que le carbone mais 25 fois plus puissant que le gaz carbonique en potentiel de réchauffement global (PRG)

La France entend jouer un rôle dans ces futures approches :

-Le président français Emmanuel Macron pousse à la création de coalitions d’action comme « OP2B », qui depuis 2019 rassemble de grands acteurs de l’agroalimentaire.

– Des chercheurs comme Alain Karsenty (cirad, Ifri..) travaillent à l’élaboration de la stratégie française sur la déforestation importée (SFDI) voir IT https://www.dailymotion.com/video/x844vc4

Et son étude https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/geopolitique-forets-monde-strategies-de-lutte-contre-deforestation

P 26 à 48 : les forêts et les instruments climat

– E Macron a promis lors du Congrès mondial de l’UICN  à Marseille que la présidence française de l’UE serait consacrée à la révision des accords commerciaux non respectueux de l’environnement renouvelant son engagement de non signature du Mercosur.

QUEL MONDE POUR DEMAIN ? GOUVERNANCE, DEMOCRATIE

La COP 26 ,comme toutes les autres ne peut être balayée d’un revers de main. Tout est trop lents, mais faire fonctionner le monde au même rythme n’est pas une mince affaire. La COP 26 s’ouvre après deux années déletères pour le multilatéralisme, d’isolationisme. Le monde a changé et n’est plus celui de la création de l’ONU après guerre. Le groupe des 77 censé representer les pays pauvres regroupe désormais des pays puissants : Inde, Chine, Brésil…Un jour avant l’ouverture de la COP 26 se tiendra à Rome le G20 (à eux seuls les 20 pays le splus ruches du monde représentent 80% des émissions de GES)

– Les 14 000 scientifiques du GIEC estiment que sur les 31 signes vitaux de la planète (voir 6° rapport du GIEC et18 sont gravement menacés Des zones sont désormais inhabitables (50°) les pôles fondent, la mer monte et les courants sont pertrubés . IL faut stopper l’effondrement irreversible.

– François Gemenne , enseignant à sciences Pô, auteur, membre du GIEC a participé à l’élaboration de l’atlas de l’anthropocène. Il rappelle : « nous savons ce que nous ne voulons pas. IL faut maintenant décrire le monde que nous voulons. » (http://www.enmetamorphose.com/?p=1815 et https://www.dailymotion.com/video/x84qn1i )

– Les citoyens et notamment les jeunes veulent faire entendre leur voix. Dans toutes les grandes capitales du monde, des marches climat seront orga-nisées le 6 Novembre( à Paris, place de l’hôtel de ville : http://www.attac.org/newsletter/justice-pour-le-vivant-passons-a-l-action, et une Convention Citoyenne mondiale a été initiée par l’ONU

– L’ADAPTATION Dossier très important de la cOP 26. Nous devons travailler ensemble pour permettre et encourager les pays touchés par le changement climatique à : protéger et restaurer les écosystèmes, construire des défenses, des systèmes d’alerte et des infrastructures et une agriculture résilientes pour éviter la perte de maisons, de moyens de subsistance et même de vies Tous les pays devraient produire une « Communication sur l’adaptation », qui est un résumé de ce qu’ils font et prévoient de faire pour s’adapter aux impacts du changement climatique, aux défis auxquels ils sont confrontés et aux endroits où ils ont besoin d’aide. Ces plans nous aideront à apprendre ensemble et à partager les meilleures pratiques entre les pays.Le Royaume-Uni a co-développé l’ Adaptation Action Coalition , La coalition rassemble les pays pour trouver des solutions à certains des impacts les plus difficiles du changement climatique.

A SUIVRE

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