Changement climatique: les Français de plus en plus engagés et favorables à des mesures fortes de politique publique

vous allez trouver deux baromètres sur le sujet. L’un optimiste, celui de l’ADEME (le premier), l’autre plus pessimiste celui de la BEI (en second) Les deux sont interessants et surtout complémentaires

A quelques jours de la COP 26, l’ADEME dévoile les résultats de son baromètre annuel «Représentations sociales du changement climatique». Comme chaque année depuis 2000, l’ADEME réalise cette enquête sous la forme d’un sondage administré à un échantillon représentatif de la population française. Pour la 22e édition, l’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 1560 personnes âgées de 15 ans et plus et d’un sur-échantillon de 1139 personnes âgées de 55 ans et plus. Malgré le contexte de crise actuel, la transition écologique demeure la 2e préoccupation des Français, conscients de la nécessaire adaptation des territoires et enclins à rendre leur quotidien plus responsable.   Les enjeux de la transition écologiquedans les principales préoccupations des Français L’environnement reste encore cette année parmi les principales préoccupations des Français, derrière la santé publique, et à un niveau similaire aux enjeux d’emploi, de sécurité et d’immigration.   Pour faire face au changement climatique, 64% des Français accepteraient des changements importants dans leurs modes de vie à condition qu’ils s’appliquent de façon juste entre tous les membres de la société. Par ailleurs, les pratiques individuelles en faveur de l’environnement augmentent et s’accélèrent cette année concernant notamment les pratiques de consommation et d’économie d’énergie dans le logement. Nous constatons en effet que 58% des Français déclarent «consommer moins» ce qui représente 10 points de plus par rapport à 2020, 70% annoncent baisser la température de leur logement de 2 ou 3°C l’hiver ou limiter la climatisation à 26°C l’été (+9pts) et 53% affirment limiter leur consommation de viande (+7pts).   La mobilisation individuelle s’observe également par l’engagement citoyen: 27% des Français déclarent déjà boycotter des produits ou entreprises pour lutter contre le changement climatique (et 50% pourraient le faire). Ils s’engagent aussi davantage dans les associations de défense de l’environnement (10%) et pour certains, déclarent avoir déjà participé à une action de désobeissance civile (8%).     Les Français favorables à des mesures de politiques publiques fortes   L’Etat est attendu comme un acteur important pour limiter le changement climatique. A titre d’exemple, les Français maintiennent leur préférence en faveur d’une politique économique qui réoriente en profondeur de l’économie en soutenant exclusivement les activités qui préservent l’environnement, la santé et la cohésion sociale (60%, +3pts) plutôt que de relancer l’économie par tous les moyens afin de renouer au plus vite avec l’activité (40%). Parmi les mesures destinées à lutter contre le réchauffement climatique, «l’augmentation de la taxe carbone» obtient 51% d’avis favorable. Et lorsqu’une condition sociale (« que cela ne pénalise pas le pouvoir d’achat des ménages des classes moyennes et modestes ») et une affectation claire (« que les recettes de la taxe soient utilisées pour financer des mesures de transition écologique, notamment sur les territoires ») sont proposées, le pourcentage de personnes « favorables » est nettement plus élevé : 72%.   Mais dans un contexte où 80% des Français estiment que leur territoire sera dans l’obligation de prendre des mesures dans les décennies à venir pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques, ce sont les acteurs locaux, comme les associations et les collectivités locales, qui sont considérés comme les plus actifs au quotidien.     Les seniors, les retraités et le changement climatique Contrairement aux jeunes générations, les séniors sont plus sceptiques quant à la réalité du changement climatique et en particulier de sa nature anthropique. Cependant, ils restent conscients de la gravité du problème. A titre d’exemple, 83% d’entre eux considèrent le changement climatique comme un problème très ou assez grave pour les générations futures. Le passage à la retraite provoque de timides inflexions, toutefois vertueuses, principalement dans la consommation alimentaire. On note cependant que les femmes retraitées semblent plus changer leurs pratiques que les hommes : 66% contre 50% des hommes achètent moins de plats préparés, 60% consomment moins de viande, contre 39% des hommes, 51% utilisent moins la voiture contre 35% des hommes, 53% achètent moins de vêtements neufs, contre 26% des hommes.   Les retraités se montrent très attachés à la voiture : une très large majorité n’envisagent pas d’y renoncer (72%).   On constate également qu’ils envisagent davantage de rénover et/ou adapter leur logement pour y rester le plus longtemps possible plutôt que de déménager.     Pour aller plus loin   La 22ème édition du baromètre « Les Français et le changement climatique » :  https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/4998-representations-sociales-du-changement-climatique-22-eme-vague-du-barometre.html   La 21ème édition du baromètre « Les Français et le changement climatique » : https://presse.ademe.fr/2020/12/barometre-les-franc%cc%a7ais-et-le-changement-climatique-edition-2020-lenvironnement-reste-une-preoccupation-majeure-des-franc%cc%a7ais-malgre-la-crise.html?hilite=barom%C3%A8tre   L’enquête ADEME-CREDOC « Sensibilité à l’environnement, action publique et fiscalité environnementale » : https://librairie.ademe.fr/recherche-et-innovation/4984-sensibilite-a-l-environnement-action-publique-et-fiscalite-environnementale.html   10 questions sur le changement climatique : https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/1410-changement-climatique-en-10-questions-le-9791029710698.html   Nos expertises sur le changement climatique : https://www.ademe.fr/expertises/changement-climatique   La transition écologique au cœur de l’ADEME :https://www.ademe.fr/lademe/presentation-lademe/transition-energetique-coeur-lademe

SECOND/BEI
La crise climatique : un fossé générationnel et politique en France
La première partie de l’édition 2021-2022 de l’enquête de la BEI sur le climat explore les points de vue des citoyens vis-à-vis du changement climatique dans un monde en mutation rapide. Les résultats de cette publication se concentrent sur leur sentiment à l’égard du changement climatique et les actions qu’ils attendent de leur pays pour le combattre. 
83 % des Français pensent que le changement climatique et ses conséquences sont le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée
74 % estiment se préoccuper plus de l’urgence climatique que ne le font les pouvoirs publics
71 % ont l’impression que le changement climatique a une incidence sur leur vie quotidienne
40 % pensent que la France parviendra à réduire considérablement ses émissions de carbone d’ici 2050, conformément à l’engagement pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat
73 % sont favorables à des mesures gouvernementales plus strictes qui imposeraient la modification des comportements individuels (sept points de plus que l’année dernière)
70 % verraient d’un bon œil la mise en place d’une taxe sur les produits et les services qui contribuent le plus au réchauffement planétaire
Pour 83 % des Français, le changement climatique et ses conséquences sont le plus grand défi du XXIe siècle. Ce chiffre est supérieur à 70 % au sein de la population française, quelles que soient les tranches d’âge et les tendances politiques.
Néanmoins, cet apparent consensus cache d’importants écarts en fonction des catégories. Les inquiétudes et les attentes en matière de climat ne sont pas les mêmes entre les populations jeunes et celles plus âgées. De même, elles divergent chez les sympathisants de gauche et ceux de droite.
Ce sont là quelques-uns des résultats de la première publication de l’édition 2021-2022 de l’enquête sur le climat, diffusée ce jour par la Banque européenne d’investissement (BEI). Bras financier de l’Union européenne, la BEI est aussi le premier bailleur de fonds multilatéral au monde pour des projets à l’appui de l’action climatique.
Sentiment à l’égard de la crise climatique
Une grande majorité de Français (71 %) estime que le changement climatique a des répercussions sur leur vie quotidienne. Alors que la proportion est particulièrement élevée chez les 15-29 ans (78 %), elle est 16 points plus faible (62 %) auprès des plus de 64 ans. Les sympathisants de gauche sont 76 % à estimer que ce changement a une incidence sur leur quotidien, soit 10 points de plus que les sympathisants de droite (66 %).
Au total, 74 % des Français estiment se préoccuper plus de l’urgence climatique que ne le font les pouvoirs publics. Par conséquent, ils sont plutôt pessimistes quant à la capacité de leur pays à mener à bien une transition écologique ambitieuse. Seuls 40 % d’entre eux pensent que la France parviendra à réduire considérablement ses émissions de carbone d’ici 2050, conformément à l’engagement pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat. En l’occurrence, l’écart entre les générations est particulièrement éloquent, avec une différence de 22 points entre les moins de 30 ans (51 % d’entre eux croient que la France va y parvenir) et les plus de 64 ans (29 %). Ces derniers sont 71 % à penser que la France ne parviendra pas à respecter l’échéance de 2050. Ce pessimisme se retrouve aussi chez 66 % des sympathisants de gauche, soit sept points de plus que les sympathisants de droite (59 %).
En conséquence, près de trois quarts des Français (73 %) sont favorables à des mesures gouvernementales plus strictes qui imposeraient la modification des comportements individuels (sept points de plus que l’année dernière, soit 66 %)
Dans le même temps, seuls 5 % des Français ayant des opinions politiques de gauche estiment que le réchauffement climatique n’est pas dû aux activités humaines, soit 11 points de moins que ceux de droite (16 %). En outre, 22 % des sympathisants de l’extrême droite sont encore sceptiques à l’idée que l’être humain soit la principale cause de la crise climatique.
Le débat sur l’énergie
Interrogés sur la source d’énergie sur laquelle leur pays devrait s’appuyer pour faire face à l’urgence climatique, une majorité de Français privilégient les énergies renouvelables (54 %). Ce sentiment est davantage partagé par l’ensemble des Européens (63 %). En France, le soutien aux énergies renouvelables est particulièrement solide auprès des moins de 30 ans (63 % y sont favorables) ; ce chiffre baisse de 22 points chez les plus de 64 ans (41 %). Les sympathisants de gauche soutiennent plus fortement les énergies renouvelables que ceux de droite (61 % contre 48 %, soit une différence de 13 points).
Dans l’ensemble, la population est légèrement plus favorable à l’énergie nucléaire en France (16 %) que dans le reste de l’Europe (12 %). Sur le territoire français, les hommes (23 %) et les plus de 64 ans (27 %) sont beaucoup plus favorables à l’énergie nucléaire que les femmes (9 %) et les moins de 30 ans (8 %). Les personnes ayant des opinions politiques de droite (24 %) sont beaucoup plus favorables que celles de gauche (11 %) au développement de l’énergie nucléaire.
 
Enfin, les Français (20 %) sont légèrement plus susceptibles que les autres Européens (17 %) de penser que leur pays devrait miser sur les économies d’énergie. Les Français de plus de 64 ans sont particulièrement favorables à cette possibilité (28 %), soit 16 points de plus que les moins de 29 ans (seulement 12 % font des économies d’énergie une priorité).
Solutions les plus populaires auprès des Français pour lutter contre le changement climatique
Une majorité de Français (70 %) soutiendrait – à l’image des autres Européens (69 %) – l’introduction d’une taxe sur les produits et services qui contribuent le plus au réchauffement climatique. Parmi les personnes interrogées, 66 % seraient même favorables à ce type de taxe en France. Les Français sont aussi pour la mise en place d’une garantie minimale de 5 ans sur tous les produits électriques ou électroniques (92 %) et le remplacement des vols court-courriers par des trains rapides à faibles émissions (88 %). Ils sont également favorables à des mesures moins contraignantes comme renforcer l’éducation à la consommation durable et la sensibilisation des jeunes à ce sujet (91 %).
Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI : « Malgré des clivages générationnels et politiques clairs, une forte majorité de Français souhaiterait des mesures et des outils plus stricts, tels que des sources d’énergie plus propres, afin de les aider à lutter contre le changement climatique. Dans la perspective de la COP 26, cela renforce notre détermination à augmenter nos efforts et accélérer la transition écologique. En tant que banque européenne du climat, le rôle de la BEI est de financer des projets axés sur les énergies propres, les économies d’énergie, les solutions de mobilité durable et les innovations qui contribueront à limiter l’élévation de la température à 1,5 °C ou moins. » 

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