la surpêche revient au menu de l’Europe

Aujourd’hui, lors du premier vote majeur en Commission de la pêche du nouveau Parlement européen, les 28 députés membres de cette commission ont décidé de réouvrir les vannes de la surpêche en Europe.[1]

Avec 20 votes contre 6 (et 2 abstentions), ils confirment la position catastrophique adoptée par l’ancien Parlement en avril 2019.[2] Cette position permet, entre autres, la réintroduction des aides à la construction de nouveaux navires, alors qu’elles avaient été interdites en 2004 en raison de leur rôle direct dans la surcapacité et la surpêche en Europe.

«Depuis plus de vingt ans, tous les scientifiques s’échinent à dire que financer la construction de nouveaux navires revient à financer la surpêche. En dépit des engagements pris par l’Union européenne d’interdire ce type de subventions au niveau mondial d’ici 2020 dans le cadre des Objectifs de développement durable et alors que 69% des stocks européens de poisson sont toujours surpêchés [3], les eurodéputés relancent la machine infernale de la surpêche en Europe. C’est suicidaire ! » exprime Mathieu Colléter, Responsable des relations institutionnelles chez BLOOM.

Les résultats du vote de la Commission de la pêche ce matin, mardi 12 novembre.

À qui la faute ?

Les 28 eurodéputés de la Commission de la pêche du Parlement européen avaient pourtant une occasion unique de revoir leur copie et de s’engager à respecter les engagements internationaux de l’Europe.[4] Or, comme souvent, un petit nombre d’eurodéputés n’a eu de cesse de satisfaire ses intérêts politiques et ceux des lobbies industriels au détriment de l’intérêt général.

«Malheureusement, la Commission de la pêche du Parlement a ignoré les alertes lancées par son propre Président, Chris Davies, et d’autres eurodéputés (comme Bernd Lange, Ska Keller et Christian Hansen), mais également par les petits pêcheurs côtiers, les citoyens et les ONG environnementales leur demandant de ne pas réintroduire ce type d’aides », ajoute Flaminia Tacconi de l’ONG ClientEarth.

Une pente très glissante pour la suite du processus

La suite du processus législatif s’annonce maintenant très compliquée pour les écosystèmes marins et les communautés côtières. Les deux codécideurs que sont le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne (c’est-à-dire les Ministres en charge de la pêche des 28 États membres de l’Union européenne) vont maintenant entrer en négociations sous le contrôle de la Commission européenne un processus appelé « Trilogue »,[5] dans le but de trouver une position commune. Or, « la position du Conseil est encore pire que celle du Parlement » réagit Andrea Ripol, de l’ONG Seas At Risk. « Nous ferons en sorte que les citoyens exercent une pression politique pour préserver les écosystèmes marins et ceux qui en dépendent. Nous avons besoin d’écosystèmes marins sains pour faire face au changement climatique. Lutter contre la surpêche est bénéfique pour la société dans son ensemble, pas seulement pour les pêcheurs ».

Mathieu Colléter conclut : « Les eurodéputés qui ne voulaient pas revoir leur position se veulent rassurants en nous promettant que le processus de trilogue leur permettra d’obtenir une amélioration du texte. Ils peuvent être certains d’une chose : aux côtés des citoyens, nous nous en assurerons ! »

Si les deux réunions du trilogue prévues avant la fin de l’année ne démontrent aucun progrès considérable, les ONG environnementales BLOOM, ClientEarth et Seas At Risk demanderont à la Commission européenne de retirer sa proposition afin d’empêcher l’adoption d’une réglementation catastrophique.

> Pour en savoir plus sur les enjeux de ce fonds, lisez notre document de plaidoyer.

BLOOM

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *