ITV Hervé Le Treut

HERVE LE TREUT climatologue français, membre de l’Académie des sciences, et de la mise en œuvre du Comité scientifique ACCLIMATERRA de Nouvelle Aquitaine en vue du plan pionner d’adaptation

 

Comment vous êtes vous retrouvé parmi les contributeurs du GIEC ?

Grâce au travail de mon laboratoire sur la modélisation.

Dès la parution du rapport de Jules Charney en 1979 on savait que les émissions de CO2 dépassaient les capacités d’absorption de l’océan ou des forêts et que nous allions vers un réchauffement. Les modèles ont permis de mieux appréhender les mécanismes : rôle des gaz à effet de serre, des nuages, , amplitude des phénomènes…

Vous êtes le premier scientifique français à avoir lancé « l’adaptation au réchauffement climatique « Pourquoi un tel retard?

Parce que en pleine communication sur le réchauffement, se pencher sur l’adaptation c’était l’accepter : en quelque sorte une trahison. Or le climat change vraiment et vite. L’adaptation est donc nécessaire Et s’Il n’est pas d’ adaptation possible sans réduction des émissions, l’inverse devient vrai..

Pendant longtemps nous n’avons pas eu « de preuves scientifiques » mais des éléments de risques. On aurait pu appliquer le principe de précaution. Mais pour les lobbies, comme pour tous, c’était tentant de l’oublier : cela nécessite un tel bouleversement des enjeux, des pratiques, de l’organisation des filières industrielles, agricoles…Filières qui de plus s’organisent différemment selon les pays.

ACCLIMATERA est donc le premier exemple d’adaptation en France ?

Le premier je crois à se situer à l’échelle d’une région. Mais il en existe d’autres désormais tel que le GREC SUD en PACA. Il se construit différemment, en fonction des ressources locales. A Bordeaux, il y avait la chance d’avoir une université multidisciplinaire, porteuse d’un savoir de haut niveau, adaptées à la complexité du problème. Quatre cents chercheurs séniors de Nouvelle Aquitaine ont participé à ce comité. Le travail scientifique s’organise plus facilement face à une question qu’on lui pose : le rôle de la Région a été très important ;

il a donc fallu une intervention volontaire pour faire connaître ce qui attendait dans les tiroirs ?

Nous avons été amené à mieux formaliser nos synthèses et nos messages. Cela me rappelle une petite histoire vécue : je suis dans un métro pour prendre mon train à Montparnasse. Soudain le métro s’arrête et le conducteur nous informe que nous sommes derrière un autre convoi. Dois je descendre ou attendre ? L’info que nous avons livrée aux décideurs étaient trop souvent de cet ordre : « Il y a un risque certain, à vous de l’apprécier. » Notre approche en Nouvelle Aquitaine est à développer dans d’autres territoires. Pourquoi pas en Occitanie ?

Propos recueillis par Dominique Martin Ferrari pour le groupe La Dépêche

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