ne dites plus OGM mais NBT

« Cachez donc ce mot que je ne saurai voir » et remplacez le par NBT new brending technology.

Une conférence de presse de l’INRAE vantait aujourd’hui les mérites du nouveau réseau plant Alliance (600 à 700 chercheurs) . Lire l’intégralité du communiqué de presse et accéder au replay de la conférence de presse :  PlantAlliance : un consortium public-privé en génétique végétale pour accélérer l’innovation agroécologique

28 acteurs issus de la recherche privé et de tous les grands labos publics lancent le défi d’une sélection des plantes « qui fera face aux nouveaux défis: démographiques et climatiques. » Ne nous est plus donné le temps de l’amélioration variétale connue par nos ancêtres. Que nenni vingt ans ! Face aux défis qui nous attendent il faut faire vite. Grâce aux nouveaux outils d’exploration du génome des plantes, la sélection génétique au gel ou à la sécheresse va s’accélèrer et Plant Alliance renforce un partage d’enjeux dans une vision commune allant jusqu’à prendre en main les nouveaux étudiants qui seront « les biens formés » pouvant s’inscrire dans la durabilité de l’agriculture et « rejoindre dans un partenariat efficace la recherche privée« . Ainsi est envisagé de mettre la génomique des plantes en système avec le bio contrôle ou le numérique, dans « un objectif d’ouverture génétique en interraction, dans un objectif de développement de nouvelles variétés d’éspèces. « Ainsi est réfléchie une génétique adaptée à de nouveaux systèmes de culture. (Lesquels ???? )

Pour se faire accepter ces nouvelles espèces seront bien sûr résistantes aux phytosanitaires dont on cherche à se passer. Cela ne vous rappelle rien ?.. A la question d’un journaliste concernant le risque d’application de ces NBT à la filière betterave, sucre, pois…. il est répondu « cet outil (le génie génétique NDLR) est un outil parmi d’autres. Il n’a pas vocation à remplacer les outils existants…. la technologie est un atout mais on se donne la possibilité de l’evaluer« . OUF !

D Martin Ferrari

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Que se cache-t-il derrière les « nouveaux OGM », ces produits au génome modifié que Bruxelles veut autoriser ?

La commission européenne veut ouvrir la voie à de nouvelles techniques de sélection végétale qui permettront de modifier le génome de certaines plantes, fruits, ou légumes. Ces produits pourraient bientôt échapper aux règles drastiques qui encadrent les OGM. Quitte à jouer aux apprentis-sorciers ?

Que dit la Commission européenne ? 

Dans un nouveau rapport , Bruxelles se prononce clairement en faveur de ces NBT, « new breeding techniques ». Traduisez : nouvelles techniques de sélection végétale. Ces nouvelles méthodes, plus rapides et plus précises, permettent de développer par exemple des variétés de colza ou de soja plus résistantes, ou plus adaptées à la sécheresse. Elles sont aujourd’hui cultivées à titre expérimental mais non commercialisées. Ces techniques visent, selon les scientifiques engagés sur ce sujet, à accélérer la sélection végétale, pour créer de nouvelles espèces. La Commission est clairement en faveur de ces innovations.  

S’agit-il vraiment d’organismes génétiquement modifiés ? 

Cette question fait débat. Car ces nouveaux produits ne sont pas issus des mêmes méthodes que les OGM. Les organismes génétiquement modifiés sont créés en introduisant un gène extérieur dans une semence, par transgénèse. Les produits issus de NBT sont eux obtenus après modification d’un gène déjà présent dans la plante, le fruit ou le légume. C’est-à-dire par mutagénèse. Cette technique emploie des ciseaux moléculaires, et elle ne consiste pas à insérer dans le génome un ADN étranger.  

Pour la Commission européenne, l’enjeu est de soutenir l’innovation et de rester compétitif, car les brevets sont aujourd’hui essentiellement américains. Pour les scientifiques favorables à ces techniques, comme pour le ministre français de l’Agriculture, le but est d’adapter les plantes, les fruits et les légumes au gel, à la sécheresse, au stress hydrique. Pour Julien Denormandie, « il ne faut pas se priver de céréales, de betteraves ou d’arbres plus résistants aux aléas du changement climatique« . L’intérêt serait aussi, selon la Commission, d’améliorer les qualités nutritionnelles de certains fruits et légumes. Quant aux industriels, ils rêvent déjà d’un marché juteux estimé à plusieurs millions d’euros, rien que pour les semenciers français.   

Quelles sont les inquiétudes des défenseurs de l’environnement ? 

Ils estiment que la Commission européenne, comme le ministre français de l’agriculture, jouent aux apprentis-sorciers, en niant le principe de précaution. D’ailleurs, en 2018, la Cour de justice de l’UE avait jugé que ces produits issus de « mutagenèse » étaient bien des organismes génétiquement modifiés ! Ils devaient donc selon elle être soumis aux mêmes règles strictes (autorisation, traçabilité, étiquetage et surveillance). Pour Suzanne Dalle, de l’ONG Greenpeace, « le risque d’erreur génétique est présent de la même manière« , avec ces nouveaux produits, « les consommateurs risquent donc de se retrouver avec de nouveaux OGM dans leur assiette sans le savoir« . Et les conséquences de ces mutations sur l’environnement des plantes, dans les champs, n’ont pas été étudiées.  

Greenpeace demande d’ailleurs à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili de donner son avis sur la question. Car après ce rapport de la Commission européenne, les Etats-membres devront se prononcer. Ces nouveaux produits ne vont pas être autorisés tout de suite, mais leurs défenseurs ont désormais la Commission européenne de leur côté.

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