Des journalistes demandent à la France d’accorder des visas aux journalistes et fixeurs afghans

Afghanistan : des syndicats de journalistes demandent à la France de sauver leurs confrères afghans

France – 18/08/2021 – energiesdelamer.eu. Lettre ouverte à Monsieur Emmanuel Macron, président de la République française.

Le personnel afghan des médias occidentaux en Afghanistan est menacé par la prise de contrôle du pays par les talibans. Les organisations syndicales représentatives de journalistes et associations de journalistes demandent au gouvernement français d’accorder des visas aux journalistes et fixeurs afghans qui s’estiment menacés par le nouveau pouvoir en place à Kaboul.

« Cette lettre est un appel au secours, signé des organisations syndicales représentatives de journalistes et des associations de journalistes qui ont contribué aux reportages sur l’Afghanistan au cours des dernières décennies. Ce travail, qui a fourni au public et au personnel politique français analyses, éclairages et impressions du pays, était inconcevable sans l’engagement et le courage des employés afghans : journalistes locaux, fixeurs et traducteurs.

Au fil des ans, ils ont partagé notre croyance en la liberté de la presse comme élément indispensable d’une démocratie stable, pacifique et équilibrée. Avec la prise de contrôle du pays par les talibans, leur vie est désormais menacée.

Des dizaines de journalistes ont été assassinés ces dernières années par les talibans, par « l’État islamique » et par des étrangers, sans que le gouvernement afghan n’identifie jamais les auteurs de ces actes. Il est à craindre que de tels meurtres se multiplient désormais.

Au cours des dernières semaines, le photographe danois Siddiqui a été abattu à Kandahar, et un journaliste de télévision est mort dans un attentat à la bombe à Kaboul. Amdadullah Hamdard, a été abattu devant sa maison à Jalalabad. Des dizaines de journalistes ont été assassinés ces dernières années par les talibans, par « l’État islamique » et par des étrangers, sans que le gouvernement afghan n’identifie jamais les auteurs de ces actes. Il est à craindre que de tels meurtres se multiplient désormais.

Nous vous demandons de mettre en place un programme de visas d’urgence pour les employés afghans des médias français et occidentaux. Nous nous joignons aux appels lancés par les médias allemands, britanniques et américains à leurs gouvernements respectifs.

Le gouvernement français a créé un programme de visas extraordinaire pour les traducteurs de l’armée française. Un programme comparable doit maintenant être mis en place, dans les plus brefs délais, pour les employés afghans des médias français.

Sans ces courageux Afghans, le public et les politiques français n’auraient pu être informés des conditions de la mission des armées françaises. Le travail de ces personnes était tout aussi indispensable à l’engagement de la France en Afghanistan que celui des traducteurs de l’armée française. Aussi nombreux soient-ils (quelques dizaines ?), la France peut raisonnablement accueillir ces Afghans.

La semaine dernière, à la suite d’appels lancés par les médias américains, l’administration Biden a reconnu le risque considérablement accru auquel les employés des médias étrangers sont exposés et a inclus les personnes concernées dans son programme de réfugiés en Afghanistan. Le gouvernement britannique devrait faire de même.

Nous sommes convaincus qu’il n’y a plus de temps à perdre. Nos consœurs et confrères afghans qui veulent quitter leur pays risquent la persécution, l’arrestation, la torture et la mort.

Il est encore temps de leur éviter le pire.

Paris, le 16 août 2021

Premiers signataires en France :

Emmanuel Poupard, Premier secrétaire général du SNJ
Emmanuel Vire, secrétaire général du SNJ-CGT
Valéry Laramée de Tannenberg, président de l’Association des Journalistes de l’Environnement Dominique Martin FERRARI, bureau de l’AJE
Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE)
Association des journalistes de l’énergie (AJDE)

NB : La Fédération internationale des journalistes, première organisation professionnelle de journalistes dans le monde, vient d’établir un fonds spécial au sein du Fonds de sécurité de la FIJ pour acheminer ce soutien supplémentaire. Tous les fonds récoltés serviront directement à soutenir nos collègues afghans. La FIJ fédère 600 000 journalistes.

Tribune sur France Info ce 18/08/2021

Alors que déjà plusieurs milliers de diplomates et civils auraient quitté la capitale afghane depuis la prise de pouvoir dimanche par les talibans, un collectif de journalistes travaillant ou ayant travaillé en Afghanistan publie mercredi une tribune sur franceinfo appelant à faire évacuer vers la France 145 personnes ciblées « sans relâche » par les talibans.

« 145 places d’avion qui honoreraient la France »

Nous représentons un centre de recherche privé, établi en Afghanistan depuis près de vingt ans. Épaulé par un groupe de volontaires et de journalistes français connaissant ce pays en profondeur, nous avons obtenu le financement d’un vol charter A747 grâce au soutien de plusieurs fondations privées, américaines notamment. Notre but : évacuer d’urgence les profils les plus à risque en Afghanistan, ceux que les talibans ciblent sans relâche depuis vingt ans. Les vols commerciaux, mis à l’arrêt, ne peuvent assurer cette tâche.

Certains de ces hommes et femmes sont sur des listes noires, d’autres ont déjà été ciblés par des agressions des talibans.

Intellectuels, journalistes, chercheurs, sportives, traducteurs, archéologues, artistes. Ils ont tous travaillé avec des étrangers, parfois pour des institutions françaises, et se terrent depuis trois jours.

Il a été dit, à raison, que des milliers d’Afghans pourraient continuer de vivre et de travailler sous un régime taliban. Les gens qui veulent monter dans cet avion ne font pas partie de cette catégorie. Ils sont dans la ligne de mire des insurgés. Dans la course aux assassinats ciblés qui ont marqué ces deux dernières années, ils ont perdu de très nombreux proches.

« Nous sollicitons le président Macron »

Le vol mis à disposition comporte 145 places. Il a reçu l’autorisation des Américains pour atterrir à Kaboul. Une autorisation précaire : si les Américains quittent bientôt l’aéroport, qui sera en mesure d’assurer la sécurité des départs ?

Pour que l’avion décolle, nous devons obtenir une lettre d’autorisation d’atterrissage d’un pays tiers, qui acceptera les personnes avec ou sans passeport afghan. Sans cette lettre, notre avion ne pourra pas être autorisé à atterrir puis à décoller ensuite de Kaboul.

Il nous manque désormais une destination. Nous sollicitons le président Macron pour qu’il autorise ces 145 visages marqués par l’effroi et la terreur à atterrir en France. Avant qu’ils ne vivent cloîtrés, ou disparaissent, tout simplement.

Auteurs de la tribune : 
Nama Vanier, CEO de Sayara Research, et un collectif de journalistes travaillant ou ayant travaillé en Afghanistan.

Photo : Un troisième avion de réfugiés opéré par l’armée française a quitté Kaboul. A son bord, 13 Français et 124 Afghans, a précisé mercredi soir la ministre des Armées, Florence Parly.

POINTS DE REPÈRE

Brigitte Bornemann, présidente des publications Mer-Veille-Energie et energiesdelamer.eu, membre du Bureau de l’Association des Journalistes de l’Energie, s’associe à titre personnel à cet appel.

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