LETTRE OPTIONS FUTURS 144 : / 31 0ctobre 2022 / D Martin Ferrari Enmetamorphose.com /

Après un long silence dû à la préparation du colloque « le monde au chevet d’une planète en métamorphose » dont toutes tables rondes sont aujourd’hui en replay sur le site Daily motion Gaia network/toutes les vidéos, voici la Lettre de fin Octobre. Elle sera désormais mensuelle, diffusée le 15 de chaque mois. Prochain envoi 15 Décembre.

MONDE : Charm el Sheikh, COP 27

Alors que la COP 27 se prépare pour se tenir en Egypte du 7 au 18 Novembre, nous sommes en train de perdre la bataille de l’atténuation. Après les canicules de l’été, la prolongation de la sécheresse et un mois d’automne qui pulvérise tous les records de chaleur nous constatons que les engagements climatiques pris par les Etats mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 2,8 °C à la fin du siècle au lieu de 1°5 décidés à Paris en 2015. En pleine crise énergétique et géopolitique, la COP 27 file donc un mauvais coton.

Est-il encore possible de gagner la bataille du climat? Oui, répondent certaines ONG « faisons de ces poly crises, de ces catastrophes, des opportunités providentielles» déclare le nouveau président du Comité 21, Philippe Dessertine. Oui, dit aussi Teresa Ribera ministre de l’environnement espagnole, au nom d’un pays qui a pris de l’avance sur ses objectifs avec 47% d’énergies renouvelables et grâce à une TE qui intègre une vision sociale et industrielle. Les gouvernements vont-ils faciliter la transformation ? les négociateurs donner les moyens d’une meilleure coopération internationale ? Malgré des cieux très noirs, on parlera moins de Charm-el- Sheihk que de Glasgow l’an dernier. Pas seulement parce que la COP27 se tient dans un pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés, mais simplement parce qu’elle s’annonce comme une COP « spéciale Afrique » Alors, qui s’en soucie ? Et pourtant nous sommes responsables ici, de ce qui se passe là -bas. C’est dans ces villes d’Afrique ou d’Asie que l’inhabitabilité se fait et se fera sentir.
Le climat va devenir source de conflits, comme l’eau qui vient à manquer. Financièrement, la période n’est pas propice et pourtant il faudra faire face à une situation que nous avons créée. Nous espérions éviter d’avoir à mener deux actions de front – atténuation et adaptation- c’est désormais une évidence.

En aurons-nous les moyens ? ou le courage politique ? Craignons également que les finances aillent très vite vers l’adaptation ? C’est tellement plus simple : les industries construisent, la nature se charge de la déconstruction, Dans la lutte contre l’atténuation ce sont les états qui doivent conduire les changements et déconstruire les mondes d’avant. En attendant il faudra en vivre les conséquences. https://usineages.fr/index.php?page=acymailing_front&ctrl=archive&task =view&id=504&userid=266- 6TM32dnTl8ksKv&noheader=1&noheader=1&utm_source=newsletter_467 &utm_medium=email&utm_campaign=special-pre-cop-27Et lire aussi ce rapport de l’OMM (organisation mondiale de la météo) : https://www.google.com/search?rlz=1C5CHFA_enFR992FR992&sxsrf=ALi CzsYtxwv3Cd8ktrF1Agg- nu91iV3SDQ:1666942788407&q=OMM+rapport&sa=X&ved=2ahUKEwi18 43mtYL7AhUPUhoKHTSDCD8Q1QJ6BAg8EAE&biw=1165&bih=728&dpr=2

« Inscrire les enjeux climatiques dans nos politiques publiques est un défi considérable, car il s’agit de se préoccuper des générations à venir, qui ne votent pas », résume Jean Pisani-Ferry, professeur d’économie à Sciences Po. Selon lui, les catastrophes climatiques des derniers étés ont toutefois changé la perception des Français : ces derniers ne s’interrogent plus sur ce qui arrivera aux générations futures, mais à eux-mêmes et à leurs enfants. « C’est la première fois dans l’histoire du pays que la première ministre est chargée de la planification écologique », rappelle Matignon. Mais pour quels effets concrets ?

Aux désordres politique se joignent les désordres financiers: les banques publiques de développement (BPD) sont sous le feu des projecteurs, et c’est légitime. Mais désormais, les banques publiques locales sont également au centre de l’attention parce qu’elles sont particulièrement bien placées pour contribuer au dialogue avec les autorités nationales, placer l’agenda climatique en tête des priorités et « générer de l’impact » (passer des portefeuilles à l’économie réelle).

EXPLOITATION DES FONDS MARINS

Le Président Macron avait promis à Marseille (congrés mondial de l’ UICN et rencontre de Barcelone ) que l’exploration n’impliquerait pas l’exploitation. Or, déjà l’exploitation se mène autorisée ou non par l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) dont la prochaine réunion se tient du 31 octobre au 11 novembre à Kingston, en Jamaïque. Son Conseil doit y négocier le futur code minier permettant de réglementer l’exploitation minière en eaux profondes, enjeu fondamental alors que cette industrie émergente suscite un vif intérêt commercial et est devenue l’une des principales menaces pour l’intégrité des fonds marins. L’exploitation minière des grands fonds pourrait démarrer dès juillet 2023, si un moratoire n’est pas adopté d’ici là. Une résolution, signée par les ONG et des députés, demande au gouvernement français de se positionner en faveur d’un moratoire ou ‘pause de précaution’ sur l’exploitation minière des fonds marins : https://www.enmetamorphose.com/?p=4361)

L’urgence de la situation s’est trouvée renforcée par la délivrance en septembre dernier d’un permis « test » autorisant l’entreprise canadienne The Metals Company (TMC) à extraire 3600 tonnes de métaux dans la zone Clarion Clipperton, au cœur de l’océan Pacifique. « Les interconnexions dans l’océan sont encore plus fortes que dans l’atmosphère », explique Christian Tamburini, directeur de recherche au CNRS. « Toute perturbation au fonds de l’océan aura des conséquences sur des dizaines de kilomètres et pendant des décennies. » explique le chercheur.

Un oléoduc en Afrique.

Un oléoduc chauffé de 1 440 kilomètres va acheminer le pétrole pompé dans l’ouest de l’Ouganda jusqu’au port tanzanien de Tanga sur l’océan Indien. Il est construit par TotalEnergies et le chinois CNOOC. Avec un accord d’ investissement de 10 milliards de dollars, les firmes prévoient d’extraire jusqu’à 230 000 barils de brut par jour à partir de 2025. Outre l’oléoduc, le projet prévoit le forage de centaines de puits de pétrole dans plusieurs réserves naturelles. Le pipe-line fait perdre l’accès à leurs terres à des dizaines de milliers d’agriculteurs et représente une menace écologique pour cette région riche en biodiversité. Total Energies vient d’être rappelé à l’ordre par le parlement européen.

Pour alimenter leurs craintes les ONGs se réfèrent aux dégâts voisins du golfe du Niger pollué par plus de 2M de barils et aux méthodes de rémunération des paysans au Cameroun. Faisant fi de la loi votée en France sur « le devoir de vigilance », TotalEnergie est convoqué à un procès inédit le 7 décembre à Paris devant le tribunal judiciaire. La multinationale devra rendre des comptes de l’insuffisance de ses engagements climatiques (responsable à elle seule de 1% des émissions mondiales, plusque les émissions annuelles de la France) . Shell, Elf, Total …les sociétés usent des mêmes méthodes d’appropriation des terres et de négligences d’entretien des oléoducs. Dans son numéro de Novembre, Amnesty international revient longuement sur les coups de canifs aux droits humains. IL y a vingt ans nous tournions au Cameroun les mêmes procédés : .https://www.dailymotion.com/video/x15tqhu

EUROPE

SDI (stratégie concernant la déforestation importée) : leParlement européen a dit oui ! C’est une prise de position importante. Le 13 septembre dernier, le Parlement européen a voté à une très large majorité (453 pour, 57 contre) un projet de règlement pour lutter contre la déforestation. S’il est adopté par la Commission, il permettra de bannir les produits issus de la déforestation sur le sol européen, mais aussi de renforcer la protection des droits humains et de donner une définition plus stricte de la déforestation. Bannir les « Produits issus de la déforestation », cela inclut notamment le café, le cacao, le soja, l’huile de palme, le maïs, le caoutchouc, le bois, mais aussi les animaux d’élevage <. Cela ne signifie pas que ces produits disparaîtront de nos importations, mais qu’ils devront être cultivés selon une réglementation respectueuse de la biodiversité locale. L’Union européenne est le deuxième importateur mondial de produits issus de la déforestation, derrière la Chine. Selon WWF, entre 2005 et 2017, ces importations ont entraîné la perte de 3,5 millions d’hectares de terres. Le vote du Parlement européen ne représente pas une simple goutte d’eau dans l’océan : il constitue bel et bien une transition vers un changement de paradigme. Si le projet de règlement est voté par la Commission européenne, il s’agira d’un changement historique, avec des répercussions tangibles sur la protection de la planète. En septembre 2021 nous avions au congrès de l’UICN, interviewé Alain Karsenty (CIRAD) qui travaillait à cette loi et l’avons invité au colloque du 29 septembre

https://www.dailymotion.com/video/x844vc4 https://www.dailymotion.com/video/x8e96fg

La vente de voitures neuves thermiques va être interdite en Europe dès 2035. Cette fois, c’est fait. Les eurodéputés et les États membres de l’Union Européenne viennent de trouver un accord sur une législation européenne qui prévoit la fin de la vente de véhicules neufs à moteur thermique à l’horizon 2035. Un excellent travail d’investigation a été mené par la Gazette de Montpellier cette semaine. 4 pages de questions/réponses pour en savoir plus. Le débat sur la voiture électrique ne fait que commencer

France

Le 21 octobre, la France s’est retirée du Traité sur la Charte de l’Energie (TCE) . Une action de taille car ce traité faisait obstacle à la transition énergétique. Cet accord d’investissement international établissait un cadre multilatéral pour la coopération transfrontalière dans le secteur de l’énergie, assurant des marchés plus ouverts et concurrentiels et protégeait les investissements étrangers. L’Italie s’était retirée en 2015 suivie peu à peu par d’autres pays européens. Cette action était réclamée par de nombreuses ONGs, fondations, GIEC, députés, et selon le rapport du HCC ( haut conseil pour le climat) « le TCE, y compris dans une forme modernisée, n’est pas compatible avec le rythme de décarbonation du secteur de l’énergie et l’intensité des efforts de réduction d’émissions nécessaires pour le secteur à l’horizon 2030″. Seule cette option (sortir) permettait de garantir la fin des protections octroyées aux nouveaux investissements fossiles

Sainte Soline et ses bassines : l’eau bien commun ?

Vieux débat et nouvelle manifestation. Voilà la définition d’une bassine telle que la donne wikipédia : La bassine est un ouvrage creusé, terrassé et étanchéifié, constitué d’une cavité recouverte d’un film d’étanchéité. Sa capacité est le plus souvent aux alentours de 200 000 m3. Il est rempli durant l’hiver en pompant dans lanappe phréatique, ce qui la différencie de la retenue collinaire qui est remplie par les eaux de surface, de ruissellement, sur un terrain généralement en pente. La bassine permet de déplacer les prélèvements dans la nappe de la période estivale vers la période hivernale, elle ne permet pas de stockage supplémentaire. En France, face aux canicules et sécheresses de plus en plus fréquentes, les bassines sont encouragées par la FNSEA et le ministère de l’Agriculture2, subventionnées jusqu’à 70% par les agences de bassin, certains départements, certaines régions (après étude d’incidence sur l’eau au titre de la loi sur l’eau). »

https://reporterre.net/Partageons-l-eau-Les-bassines-ne-profitent-qu-a-l- agriculture-intensive

MONTPELLIER

MORT de Pierre SOULAGES

Les « grands » du 20° siècle nous quittent tour à tour. Pierre Soulages à 102 ans vient de tirer sa révérence. Le peintre du siècle comme il fut surnommé était né le 24 décembre 1919. « Géant du noir, génie de la lumière », sa peinture respire puissance et simplicité. Au cours des dernières décennies, l’Outre noir ne cessera de se chercher : valeurs différentes de mat et de brillant, de noirs « gris », de noirs ‘profonds ». Vivant au pays de la lumière, il en chercha le secret dans une non couleur attribuée aux ténébres.
Des milliers de toiles, une cotation en sans cesse ascension et une demande de tous les musées du monde. IL était le peintre français vivant, le plus cher du monde. Il avait bien sûr une préférence pour Montpellier où il s’établi en 1941, Montpellier alors en zone libre. IL fit une immense dotation au musée Fabre, ce musée qui fût son jardin au temps de ses études, où il posa les premières pierres de son évolution artistique . IL n’était pas alors coté; N’oublions pas le musée de Rodez, qu’il dessina et où il vécut son couple mythique : Pierre et Colette, 80 ans ensemble derrière une œuvre, qui fit jaillir la lumière du noir. Ce week end de longues files se pressaient aux portes du musée Fabre .

AGENDA

– 2 NOV : Europe & Sentiment, un podcast de Laetitia Chabannes, qui explore l’identité européenne à travers les histoires intimes et les récits de vie d’Européens et d’Européennes. Une soirée d’écoute se tiendra à Montpellier mercredi 2 Novembre au Gazette Café.

– 6 au 8 nov : Economies de la mer à Lille
– 8 nov : Parcours Agenda 2030 local – GT – Comment piloter et rendre compte des actions menées sur les ODD ?, par le Comité 21
– 7 au 18 nov : COP 27 en Egypte
Du 11 au 12 novembre : Forum de Paris pour la Paix
– 15 novembre 2022, Paris
Innova’ter 2022 : agissons maintenant pour réussir les transitions
– 18 novembre 2022, Paris
Finance verte : imposture ou impact ?
– 23nov : assises européennes sur le journalisme , Bruxelles
– 24 nov : Mak’IT (muse) 2° rencontres sciences/société : transformer l’éducation pour accélérer la transition
– 25 nov : mairie de Montpellier, zéro carbone
– 30nov : Bordeaux , world impact summit parrainé par Bertrand Picard
– 30 nov/2dec : Conservatoire du littoral ST Malo, ADAPTO2022
– 3 au 5dec: Montréal , fin COP 15 biodiversité
– 7 dec, Montpellier Energaia
– 8 dec : Journée mondiale du climat
et Au Forum des transitions : « Quelle fiscalité pour une transition juste ? » à l’ENS, avec Anne Bringault, Christian de Perthuis, Mathilde Dupré, Marc Fleurbaey et Wojtek Kalinowski
Du 7 au 19 décembre : Conférence des Nations unies sur la biodiversité

A LIRE
« Les rusés des récifs » de Catherine Vadon, ed. Quae

Réservoirs d’une biodiversité exceptionnelle, les récifs coralliens occupent moins de 1 % des fonds de l’océan, mais sont le lieu de vie d’au moins 25 % des espèces océaniques. Dans ce milieu foisonnant, la concurrence pour l’espace et la prédation a permis le déploiement de stratégies d’attaque et de défense très diversifiées. Poissons, crabes, oursins, mollusques et autres habitants des récifs sont équipés d’un arsenal d’armes physiques et chimiques : épines qui percent, dents qui broient, dards qui enveniment, etc. Pour attirer une proie ou échapper à un prédateur, beaucoup déploient d’astucieuses tactiques comme le camouflage rusé, l’imitation trompeuse, le déguisement subtil ou l’avertissement criard !

Débats autour du bien commun

Gaël Giraud se fait lourdement accuser de plagiat par Le Monde pour son ouvrage « composer un monde en commun ». Depuis plusieurs années déjà l’économiste en chef de l’AFD confirme l’intérêt grandissant pour le concept opératoire des communs. Faute de suffisamment d’érudition, nous abandonnons la critique de l’ouvrage de Gaêl Giraud pour mettre en valeur son dialogue avec Felwine Sarr « l’économie à venir » On comprend comment la notion de « commun » se trouve au cœur de la réflexion sur l’aide au développement tout en pansant les blessures de la colonisation.. L’économie n’est pas une finalité, l’humanité doit se définir un projet plus grand que la maitrise des instruments (Bruno Latour nous donne le même conseil !)

Les travaux d’Elinor Ostrom sont pour beaucoup dans cet intérêt croissant. Ils ont permis notamment de mettre fin à la « malédiction des communs » théorisée à tort par Garrett Hardin comme un plaidoyer en faveur de la privatisation du monde. « Les communs » dessinent un horizon transversal structurant qu’il n’est pas question d’abandonner, et sont probablement le rapport le plus ancestral à la propriété que connaisse l’humanité. Dans « Du néoprotectionnisme aux biens communs, une solution pour l’Afrique ? » Kako Nubukpo (ancien ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques de la République togolaise ) reprend le débat .L’Afrique fait face à un considérable défi : intégrer en une génération un milliard d’individus supplémentaires dans un contexte économique difficile et face à une crise climatique devenue permanente. Cette « urgence africaine », impose d’inventer un autre modèle économique et de trouver la voie d’un développement endogène fondé sur les communs du continent. Mettre en place un néoprotectionnisme africain et préserver les ressources propres, assurer la souveraineté alimentaire du continent en développant l’agro- écologie, créer une agence régionale de la dette : autant de pistes parmi d’autres que propose ici Kako Nubukpo pour que l’Afrique se réapproprie son destin. L’UNESCO en novembre s’interrogera sur cette question. : les solutions du sud ne pourraient- elles devenir celles du Nord ?

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