Déforestation importée

le 5 décembre le Parlement Européen a adopté la loi sur la déforestation importée (plus bas dans cet article vous retrouverez les actions des associations et lobbyistes avant cette date )

Nous avons suivi pour vous l’histoire de la loi sur la déforestation importée. une loi qui selon nous présente l’intérêt d’une gouvernance planifiée à l’aune des ODD. En 2021 au Congrés mondial de l’UICN nous interviewons Alain Karsenty qui avait travaillé au CIRAD à la rédaction de cette loi qui au fil de son appropriation politique lui échappe . Au colloque de Septembre 2022 salle rabelais à Montpellier, nous le recevions pour faire un point :

Le 28 Novembre les grandes associations ont manifesté devant le Ministère de la transition écologique, ne retenant parfois qu’une partie des éléments de négociations. Communiqué:

Paris, le 28 novembre – A une semaine d’une des dernières négociations sur la loi européenne contre la déforestation, des militants et militantes de Canopée, Greenpeace France, et Mighty Earth ont entravé ce matin l’entrée du Ministère de la Transition Écologique avec des caisses représentant du soja issu de la déforestation.

Les 20 militants sont parvenus à décharger une vingtaine de caisses devant l’enceinte de l’Hôtel de Roquelaure et ont mis en scène une “livraison de déforestation” pour le Ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Les chargés de campagne de Canopée et Greenpeace ont été reçus par la cheffe de cabinet, Julie Creuseveau et le conseiller diplomatique, Joel Hamann. Ils leur ont remis une lettre signée par une vingtaine d’ONG, scientifiques et entreprises demandant la garantie de l’arrêt des importations responsables de déforestation.

Le 5 décembre prochain se tiendra la probable dernière réunion de négociation prévue pour définir le contenu du règlement européen contre la déforestation. La France a un rôle clé à jouer dans ces négociations. Malgré les prises de paroles répétées d’Emmanuel Macron contre la déforestation au G7 de Biarritz en 2019, à l’UICN à Marseille, et en amont de la Présidence française de l’Union européenne en 2021, le gouvernement ne défend pas la question clé de cette loi : la protection des savanes arborées.

Klervi Le Guenic, chargée de campagne à Canopée Forêts Vivantes, explique: “La protection des savanes est le point sur lequel se jouera l’ambition du règlement européen contre la déforestation. La France en a bien saisi l’enjeu : elle l’a inclut dans sa Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée, elle s’était engagée à la défendre dans ces négociations. Mais dans ce moment clé, elle a choisi le silence radio. Il ne s’agit plus uniquement de faire des promesses, mais d’agir !”

Cette limitation du champ de la loi aurait des conséquences dramatiques : le soja représente 60% des importations de produits à risque de déforestation importés en Europe. Or c’est dans la savane du Cerrado au Brésil que se concentre cette déforestation. 

Cette région est une des plus riches en biodiversité, et est cruciale pour son rôle de puits de carbone. Elle a pourtant déjà disparu de moitié, au profit de l’agriculture.

Boris Patentreger directeur France de Mighty Earth ajoute : « Le soja est la matière première agricole la plus importée en France est le soja, qui provient majoritairement du Brésil pour nourrir nos élevages intensifs. C’est elle qui est le plus liée à la déforestation, en particulier issue de la destruction des savanes du Cerrado.⁸« 

La France doit absolument soutenir la protection des écosystèmes les plus menacés par nos importations, dont le Cerrado fait partie, explique Eric Moranval, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Sur ce point comme sur celui de la définition de la dégradation forestière, aucun recul ne peut être admis vis-à-vis de la position du Parlement européen. 

Canopée, Greenpeace France, Mighty Earth et Envol Vert ont donc décidé de réagir ce lundi en rappelant au Ministre de la Transition écologique l’urgence de mettre fin à cette déforestation. Ils attendent de la France qu’elle cesse son double discours et se positionne enfin pour la protection des savanes dans la loi européenne contre la déforestation.

SUITE : La loi a donc été adoptée lundi 5 Décembre par le PE

mais Greenpeace la juge imparfaite: Déforestation importée : l’Union européenne adopte une réglementation ambitieuse mais imparfaite (voir ci dessous leur CP)


 Le 6 décembre

Les négociations au sujet de la réglementation européenne relative à la déforestation importée se sont conclues cette nuit à Bruxelles sur une première mondiale : les entreprises devront prouver que leurs produits n’ont pas contribué à la déforestation si elles veulent les vendre dans l’UE. Des représentants du Parlement et des gouvernements de l’UE ont finalisé cet accord à l’ambition inédite : les entreprises sont désormais obligées de remonter la chaîne d’approvisionnement jusqu’à la parcelle de production pour prouver qu’aucune forêt n’y a pas été récemment déboisée, sous peine d’amende. Cependant, si ce règlement apparaît encourageant, Greenpeace alerte sur le fait que les “autres terres boisées”, comme celles du  Cerrado au Brésil [1], ne sont pas couvertes par le texte. Pour rappel, cet écosystème, trésor de biodiversité et grand comme la moitié de l’UE, est largement détruit par l’agro-industrie pour faire pousser du soja importé en Europe. Cette question sera réexaminée lors d’une révision dans un délai d’un an. De même, les droits humains et en particulier ceux des peuples autochtones ne bénéficieront que d’une protection fragile. Malgré la volonté du Parlement de défendre les droits humains reconnus au niveau international, l’accord conclu n’exige le respect du droit au consentement préalable, libre et éclairé des populations autochtones que si le pays producteur garantit ce droit. 
 
« Il s’agit d’une avancée majeure pour les forêts et pour les personnes qui se sont mobilisées pour les protéger : cette loi empêchera certaines entreprises de tirer profit de la déforestation, explique Eric Moranval, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Mais ne soyons pas naïfs : ce règlement n’offrira qu’une protection médiocre aux peuples indigènes qui paient de leur sang pour défendre la nature, et comporte des failles bénéfiques à certaines industries forestières. Nous resterons particulièrement vigilants dans les années à venir : l’UE doit élargir son champ d’action pour aussi impliquer le secteur financier et protéger la nature dans son ensemble, et pas seulement les forêts.« 
© Marizilda Cruppe / Greenpeace
La réglementation s’appliquera aux entreprises commercialisant du soja, du bœuf, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du cacao et du café, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat et les meubles. Actuellement, les citoyens et citoyennes de l’UE n’ont aucune garantie que les articles contenus dans leur panier ne sont pas le produit de la déforestation.Une révision de ce règlement est prévue deux ans après son entrée en vigueur : celle-ci permettra potentiellement de protéger davantage d’écosystèmes comme les tourbières et les zones humides, d’inclure les institutions financières européennes et de couvrir un plus large spectre de produits, comme le maïs et les agrocarburants. Le Parlement européen devra approuver cette nouvelle réglementation européenne sur la déforestation lors d’un vote en session plénière, et les pays membres donneront leur approbation officielle lors d’une réunion ministérielle. Ces formalités auront probablement lieu d’ici au début de l’année prochaine.

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