Vu dans Ouest France: Comment faire face au réchauffement climatique ? Voici six initiatives pour garder espoir

Certaines de ces suggestions sont vieilles de plusieurs années et n’ont jamais été prises en compte. Peut être que l’ urgence?…… VOIR NOS VIDEOS sur daily motion GAIA NETWORK : bisons réintroduits en France et mangrove dans les doms

Repenser l’architecture de nos villes, réinventer des systèmes hydriques, recycler nos excréments, construire des écoles ou des hôpitaux flottants… Les conséquences du réchauffement climatique poussent le monde à se réinventer pour vivre en respectant la planète. Bonne nouvelle : la liste des projets innovants et résilients est longue. Voici un tour du monde, pour aider à garder espoir.

Des « villes éponges » contre les inondations

L’architecte-paysagiste Yu Kongjian a introduit une petite révolution dans l’histoire de l’urbanisme en développant le concept de « ville éponge ». À rebours de la bétonisation des villes, il défend un urbanisme respectueux de la nature. « La pluie et les crues de la mousson ne sont pas des ennemis, mais des trésors », défend-il à Libération .

« Il faut révolutionner la manière d’aménager l’espace, minimiser l’impact du développement sur l’environnement et faire un usage judicieux des écosystèmes. Il s’agit de créer une civilisation écologique par opposition à la civilisation industrielle », dit-il en déplorant que les pratiques de gestion de l’eau « aient été oubliées à cause de l’écrasant recours aux infrastructures grises ».

Tout doit changer, nous n’avons pas d’autre solution. Le concept de ville-éponge est d’utiliser le paysage naturel pour réguler les eaux de pluies particulièrement violentes en période de mousson. Il s’agit en fait de rendre la ville de nouveau perméable en recréant des espaces naturels qui ont été rayés par la bétonisation : végétation, parcs, lacs, toitures végétalisées, marais, revêtements de sol perméables, création de bosquets et de bassins de rétention d’eau…

Ces espaces naturels permettent d’absorber les pluies en ralentissant l’afflux des eaux. Le concept des villes éponges a peu à peu fait son chemin en Chine, en proie à de violentes inondations ; mais celles de Pékin en 2012 ont marqué un tournant, incitant le gouvernement à adopter un programme national de construction de ville-éponge.

Le concept de faire appel à la nature plutôt qu’au béton pour faire face aux pluies intenses s’est depuis généralisé en Chine, et inspire des villes du monde, comme Lisbonne et Porto au Portugal, ou encore Auckland, en Nouvelle-Zélande.

Une route vide alors que la zone restreinte en raison de l’épidémie de Covid-19 le 7 août 2022 à Hainan, dans la province de Hainan, au sud de la Chine. Photo d’illustration. | CNS / AFP
De l’eau capturée dans le brouillard

Dans le petit village de La Vega, sur Tenerife, aux Îles Canaries, un couple d’agriculteur récolte depuis 2018 du brouillard pour irriguer leur ferme de citronniers et pruniers. Pour ce faire, Jonay González Pérez et Sara Rodríguez Dorta utilisent des filets verticaux, qui permettent, lorsque le vent souffle du brouillard à travers le maillage, de récupérer les gouttelettes d’eau qui s’y accumulent et sont acheminées dans des réservoirs.

L’initiative a inspiré l’UE à cofinancer un projet similaire de récupération d’eau de brouillard (Life Nieblas) qui doit contribuer à reboiser des régions ravagées par la sécheresse et les feux de forêt à Grande Canarie et au Portugal.
Les pays riches doivent-ils davantage aider financièrement les pays les plus vulnérables au changement climatique ?

« Pour l’essentiel, nous dépendons des eaux souterraines sur les Îles Canaries, mais l’eau y est toujours rare », explique María Victoria Marzol Jaén, une climatologue à la retraite de l’université de La Laguna, à Tenerife, cite The Christian Science Monitor. « La récupération d’eau de brouillard ne consomme aucune énergie et ne porte atteinte à aucune autre ressource naturelle », souligne par ailleurs Ricardo Gil, qui dirige l’entreprise Nieblagua, un fabriquant de collecteurs de brouillard.

À Grande Canarie, l’objectif est de capter 215 000 litres d’eau de brouillard par an pour replanter 20 000 lauriers sur 35 hectares dans la forêt de Doramas, une zone à haut risque de désertification en raison des feux de forêt, rapporte aussi The Guardian . La récupération du brouillard ne fonctionne qu’à certaines conditions : il doit y avoir assez de vent – mais pas trop violent – et suffisamment de brouillard.

Une photo prise le 23 novembre 2015 montre des collecteurs de brouillard de type chilien sur l’île canarienne espagnole de Tenerife. | DESIREE MARTIN / AFP
Des bisons contre les feux de forêt

Le bison d’Europe, qui a disparu il y a 10 000 ans en Espagne, fait lentement son retour en raison d’un programme de réintroduction de l’espèce.

C’est « un débroussailleur vivant », explique Fernando Morán, directeur du Centre européen de conservation du bison d’Espagne. Le bison, qui pèse jusqu’à 1 tonne, mange environ 30 kg de végétation par jour, composée d’environ 30 % de fibres de bois et de 70 % de pousses et de feuilles, rapporte The Guardian « Le bison d’Europe offre une biodiversité immédiate », précise-t-il. « Il ouvre des parties denses de la forêt qui laissent entrer la lumière et permettent à l’herbe de pousser au lieu des broussailles, ce qui réduit le risque d’incendie et, à son tour, profite à de nombreuses espèces grâce à la nourriture et à la liberté de mouvement. »

En 2021, on dénombrait 150 bisons répartis dans environ 35 centres d’élevage, selon le Cordopolis , qui qualifie l’animal de « grand pompier » pour éviter les incendies. Depuis les années 1950, l’exode constant de la population des zones rurales vers les zones urbaines, a laissé des zones de broussailles à haut risque d’incendie, à mesure que les fermes ont été abandonnées. Selon Fernando Morán, les bisons effectuent gratuitement des travaux forestiers évalués à 3 000 € l’hectare. Un atout selon lui, à l’heure où les feux de forêts sont de plus en plus fréquents et violent en Espagne.

Un bison dans une ferme forestière slovaque à Topolcianky le 5 mai 2007. Photo d’illustration. | JOE KLAMAR / ARCHIVES AFP
Des hôpitaux et des écoles flottantes

Le Bangladesh affronte en première ligne les conséquences du changement climatique, essuyant des inondations récurrentes.

Un bateau hôpital, érigé par l’association Friendship, s’est amarré sur les rives du fleuve Brahmapoutre dans le nord du pays. Des médecins bangladais mais aussi hollandais, anglais et français soignent les habitants des villages reculés. « On trouve presque tous les services d’un hôpital : on a des salles d’attente, des chambres, des salles d’opération pour l’ophtalmologie, pour des opérations chirurgicales, un service de gynécologie… », souligne le médecin Mohammed Abdullah sur Arte.

Le succès de l’initiative a incité le gouvernement à appuyer le projet. Selon l’ONG Friendship, fondée par Runa Khan, sept bateaux devaient être opérationnels d’ici 2022. Selon la Dhaka School of Economics, en 2050 le Bangladesh pourrait perdre 20 % de son territoire en raison de la montée des eaux, forçant un tiers de sa population à se déplacer.

Aussi, des initiatives similaires ont vu le jour notamment en matière d’éducation. L’architecte bangladais Mohammed Rezwan a créé une centaine d’écoles flottantes depuis 2002. Ainsi une embarcation de 16 mètres de long abrite une salle de classe et une cour de récré avec des panneaux solaires sur le toit pour alimenter l’éclairage et les ordinateurs portables mis à la disposition des élèves, rapporte WeDemain . En plus des écoles, l’architecte a également développé le concept de fermes flottantes, comprenant la culture de légumes ou encore des bassins de pisciculture.

Des élèves sortent d’une école flottante, gérée par Shidhulai Swanirvar Sangstha (SSS), à Chalan Beel dans le district de Rajshahi, le 4 septembre 2018. Photo d’illustration. | MUNIR UZ ZAMAN / AFP
Des excréments pour produire de l’électricité

« Notre merde peut se transformer en or ». C’est l’appel franc de l’autrice américaine Lina Zeldovich, qui rappelle l’importance des matières fécales en tant que ressource naturelle, alors que le traitement actuel des eaux usées n’est pas des plus écologique, relaye le Courrier international. De nos chasses d’eau, les matières arpentent des égouts souterrains jusqu’aux stations d’épuration où les eaux usées sont débarrassées des organismes pathogènes, mais pas de l’azote, du phosphore et du potassium qu’elles contiennent en quantité, relève l’autrice.

Ces engrais finissent alors généralement dans un lac, un cours d’eau ou un océan à proximité en trop grande quantité, occasionnant « la prolifération d’algues toxiques, la mort de poissons et la dégradation de ces espaces aquatiques, qui ne sont pas biologiquement conçus pour absorber autant de ces substances fertilisantes ».

Mais des villes réfléchissent à recycler les déchets humains. À Washington, la grande station d’épuration de DC Water utilise les excréments humains pour produire… de l’électricité. Son usine traite 1 400 millions de litres d’eaux usées traitées chaque jour, provenant de plus de deux millions de personnes habitant la capitale américaine et sa région, ce qui fait d’elle l’une des plus grandes stations d’épuration au monde, selon DC Water.

Les matières solides sont recyclées en compost pour des jardins urbains, ou utilisées pour produire 10 mégawatts d’électricité – l’équivalent de la consommation de 8 000 foyers, grâce au méthane produit via un système d’hydrolyse thermique.

D’autres entreprises se consacrent au recyclage des excréments. C’est le cas d’Epic Cleantec, à San Francisco, ou encore Loowatt, à au Royaume-Uni et à Madagascar.

Un énorme réservoir plein d’eaux usées à l’usine Blue Plains de DC Water à Washington, aux États-Unis, le 23 novembre 2015. Photo d’illustration. | NICHOLAS KAMM / ARCHIVES AFP
Des mangroves contre la montée des mers en Indonésie

La communauté côtière de Demak, située sur l’île principale de Java, en Indonésie, est en proie à l’érosion, aux inondations et à la perte de terres causée par la construction d’étangs d’aquaculture, l’affaissement du sol et les infrastructures, et ce, au détriment des mangroves. Pourtant, en plus d’abriter une riche faune et flore, ces écosystèmes protègent des effets du réchauffement climatique, comme la montée des mers, et sont capables de contenir de grandes quantités de carbone atmosphérique.

En décembre 2022, les Nations unies ont reconnu le programme indonésien « Construire pour la nature » comme l’une des dix initiatives pionnières pour restaurer le monde naturel. Le programme vise à faire repousser les mangroves naturellement le long d’une bande côtière de 20 km, tout en utilisant des digues semi-perméables faites de matériaux naturels pour piéger la boue et les sédiments. Le procédé permet au sol de s’accumuler dans les racines de mangroves, contribuant ainsi à empêcher la montée des mers d’inonder les communautés, détaille l’Onu.

Des étudiants participent à la plantation de palétuviers sur une plage de Pekan Bada, dans la province d’Aceh, en Indonésie, le 28 novembre 2020. Photo d’illustration. | CHAIDEER MAHYUDDIN / ARCHIVES AFP

L’initiative comprend aussi un accompagnement des éleveurs de crevettes pour construire des étangs d’élevages en cohésion avec les mangroves.

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