En attendant le 6° rapport du GIEC……

Les Français qui ont contribué aux six derniers rapports sur le climat

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) présentera lundi 20 mars 2023 le très attendu rapport de synthèse de son 6e cycle d’évaluation, lancé en 2015. L’occasion de présenter les scientifiques français qui ont contribué à ces travaux et, en creux, de décrire ce qu’est le Giec.

C’est un long cycle de travail scientifique que se prépare à conclure le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Le 20 mars prochain, l’entité publiera le rapport final de son 6e cycle d’évaluation. Ce texte, dont chaque ligne est soupesée, a pour mission de résumer les six rapports que, depuis 2015, des milliers de chercheurs ont écrits, amendés puis publiés.

Parmi ces chercheurs, plusieurs centaines de Français qui constituent, en quelque sorte, l’équipe de France du climat. Une équipe dont Ouest-France vous détaille la composition et les principales caractéristiques.

320 Français, dont un peu plus de 100 rédacteurs

Au total, les listes d’auteurs et de contributeurs publiées en marge des rapports de ce 6e cycle d’évaluation font apparaître les noms d’environ 320 personnalités françaises.

Mais toutes ne sont pas des contributrices au sens strict. Parmi ces 320 personnes, 212 sont en effet ce que le Giec appelle des « réviseurs », ces experts qui relisent et interrogent les rapports à chaque phase de son élaboration, afin, comme l’explique le Giec, de s’assurer qu’ils sont « aussi solides, complets et équilibrés que possible ».

Au final, comme l’indique le graphique suivant, seule une grosse centaine de Français a effectivement participé à la rédaction concrète des rapports. À noter qu’une trentaine d’entre eux l’ont fait en ayant la responsabilité d’un chapitre ou d’une partie de chapitre.

Beaucoup plus d’hommes que de femmes

Parmi les 320 Français ayant contribué aux rapports du 6cycle d’évaluation, on ne trouve que 92 femmes. Ces dernières ne représentent donc qu’un peu moins de 30 % du total des contributeurs hexagonaux.

Si elle est regrettable, cette répartition des contributeurs français selon leur genre n’est en, revanche ni étonnante, ni différente de celle observée dans les autres pays.

En effet, comme le tweetait en mars 2022 Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du groupe 1 du Giec (celui qui étudie la réalité physique du réchauffement) « aujourd’hui, seulement environ 30 % des scientifiques sont des femmes dans le monde ». Une proportion que l’on retrouve au sein même du Giec, note-t-elle, puisque les femmes ne représentent que 30 % des auteurs principaux des derniers rapports.

Des climatologues, mais pas seulement

Contrairement à ce que le nom de l’institution pourrait laisser penser, le Giec n’est pas uniquement composé de climatologues. Bien sûr, ceux-ci représentent une importante partie du bataillon hexagonal. Avec leurs confrères océanographes et météorologues, ils constituent notamment l’écrasante majorité des 116 Français ayant participé aux travaux du groupe 1.Les pays riches doivent-ils davantage aider financièrement les pays les plus vulnérables au changement climatique ?

Cependant, les deux autres groupes de travail incluent des scientifiques étudiant d’autres domaines. Ainsi, parmi les 64 Français ayant travaillé sur le rapport du groupe 2 (celui qui étudie les conséquences du réchauffement), on retrouve des agronomes, des ingénieurs, des biologistes, des économistes du développement, des spécialistes des migrations ou encore des médecins.

La liste des 100 Français ayant participé au rapport du groupe 3 (celui chargé d’évaluer les méthodes d’atténuation et d’adaptation au réchauffement), fait elle aussi apparaître des noms d’économistes, d’agronomes ou d’ingénieurs.

Au détour de certains chapitres, on aperçoit aussi les noms de spécialistes des télécommunications, du nucléaire, de l’hydrogène, des systèmes électriques ou même du pastoralisme.

CNRS et IPSL, les pôles de référence

S’il est toujours difficile de déterminer avec précision à quelles entités ces différents chercheurs sont rattachés (chaque scientifique pouvant appartenir à plusieurs centres de recherches), il est toutefois possible de dégager quelques grandes tendances, et d’identifier les principaux pôles de recherches français en matière de sciences du climat.

Le premier de ces pôles est sans surprise le Centre national de la recherche scientifique, entité tentaculaire dont on retrouve des membres dans tous les groupes de travail du Giec. Au moins cinquante contributeurs français revendiquent appartenir au CNRS.

Le logo du CNRS à Meudon (Hauts-de-Seine), en août 2020. | CHARLES PLATIAU / ARCHIVES REUTERS

La plupart des climatologues sont eux issus de l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), une entité créée en 1991 et qui réunit désormais neuf laboratoires de recherches en sciences du climat. Un lien direct entre l’IPSL et un chercheur ayant contribué aux derniers rapports du Giec peut être établi à au moins 42 reprises. Par ailleurs, plus d’une dizaine de participants aux travaux du groupe 1 sont rattachés à Météo France.

Chez les économistes et les économistes du développement, c’est le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), l’institut de recherche pour le développement (IRD), qui font office de pôles de référence, avec environ une dizaine de chercheurs chacun.

Les agronomes sont quant à eux très souvent issus de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) ou du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Une équipe qui a ses capitaines et ses cadres

Si la plupart des contributeurs et auteurs n’apparaissent que dans un seul rapport, voire dans un seul chapitre, d’autres sont partout, ou presque, et peuvent donc être considérés comme « les cadres » de cette équipe de France du climat.

Ainsi, près de 60 personnes ont travaillé sur au moins deux rapports, et neuf d’entre elles ont même participé à trois rapports ou plus. Parmi ces cadres, on retrouve d’abord celle qui peut être considérée comme la capitaine de l’équipe tricolore : Valérie Masson-Delmotte, la vice-présidente du groupe de travail n°1 qui, d’une manière ou d’une autre, a travaillé sur chacun des six rapports publiés par le Giec dans le cadre de son 6e cycle d’évaluation. Le nom de Robert Vautard, le directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace, apparaît lui dans quatre rapports.

Parmi les figures de proue, on retrouve également Céline Guivarc’h (économiste au Cired), Samuel Morin (climatologue à Météo France), Yamina Saheb (docteure en ingénierie énergétique et économiste à l’école des Mines), Gerhard Krinner (climatologue à l’institut des géosciences de l’environnement), Sophie Szopa (climatologue à l’Institut Pierre-Simon Laplace), Nathalie Hilmi (économiste au centre scientifique de Monaco) ou Nadine Le Bris (océanographe à Sorbonne Universités).

Des représentants de l’État français ont leur mot à dire

De manière plus marginale, cette équipe de France du climat comprend également des représentants de l’État français, dont la présence rappelle que le Giec est bien une institution « intergouvernementale ».

Cinq représentants des ministères français ont donc participé aux derniers rapports, comme réviseurs : l’un d’eux appartient au ministère de l’Économie, deux appartiennent à celui de l’Agriculture et deux autres à celui de la Transition écologique.

Parmi eux : Éric Brun, le secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), qui est aussi le « point focal » du gouvernement français auprès du Giec. Comme le rappelle le site du ministère de la Transition écologique, c’est dans le cadre de cette mission qu’Éric Brun est chargé de diffuser les actes de candidature émis par le Giec et de lui soumettre les candidatures venues de l’Hexagone.

Des membres de grands groupes, de grandes filières ou d’ONG

La liste des contributeurs français fait enfin apparaître une poignée de représentants de grands groupes industriels, ou certains représentants de filières.

Des membres de l’European Nuclear Society, de la Société française d’énergie nucléaire ou de l’Hydrogen Council font ainsi partie des réviseurs des derniers rapports, tout comme des salariés d’Orange, d’EDF, de RTE ou de Schneider Electric.

On retrouve parmi ces réviseurs des membres d’ONG telles que Sauvons le Climat, Negawatt, Sortir du Nucléaire, ou bien ceux d’associations comme le Secours Catholique.

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