Réchauffement climatique : on vous résume les six derniers rapports du Giec

Jeudi 16 mars 2023 et le travail remarquable a été fourni par la rédaction de OUEST FRANCE

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se penche cette semaine sur le rapport de synthèse de son 6e cycle d’évaluation, qui est chargé de synthétiser les six rapports publiés depuis le début du cycle, en 2015. Des rapports dans lesquels « Ouest-France » s’est replongé.

Rapport du groupe 1 : l’homme est bien responsable du réchauffement climatique

Paru en août 2021, le rapport du groupe de travail n° 1, celui qui étude la réalité physique du réchauffement, acte « sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres ». Cette reconnaissance de la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique est plus décisive qu’elle n’en a l’air, puisque les précédents rapports indiquaient seulement qu’elle était « très probable » ou « extrêmement probable ».

Le rapport indique par ailleurs que « les changements généralisés et rapides » qui « se sont produits dans l’atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère » sont « sans précédent depuis plusieurs siècles à plusieurs milliers d’années ».

Par ailleurs, le communiqué diffusé en marge de la publication du rapport, rappelle que le réchauffement climatique est « généralisé », « rapide » et « d’intensité croissante ».

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Enfin, le rapport actait également que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère continuent à augmenter, et que les émissions de méthane, un gaz à courte durée de vie mais puissamment réchauffant, constituent dorénavant un enjeu très important.

Rapport du groupe 2 : de la nécessité de s’adapter à des changements déjà en cours

En indiquant que « le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux extrêmes météorologiques et climatiques dans toutes les régions du monde », le rapport du groupe 1 l’avait déjà subodoré. En février 2022, celui du groupe 2 (qui étudie les conséquences du réchauffement sur les systèmes socio-économiques) le confirme : le réchauffement climatique est déjà là. Et ses conséquences également.

« Le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète », résume même Hoesung Lee, le président du Giec, dans le communiqué annonçant la publication du rapport. Principaux avatars de cette menace : les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes comme les canicules terrestres et marines, les sécheresses, les pluies extrêmes, la montée du niveau de la mer ou les incendies.

Hoesung Lee, le président du Giec, à Monaco, en septembre 2019. | YANN COATSALIOU / ARCHIVES AFP

Le rapport du groupe 2 indique également que les politiques menées pour permettre l’adaptation des sociétés à ces nouvelles menaces ne sont pas encore à la hauteur. « Les progrès en matière d’adaptation sont inégaux et les écarts se creusent entre l’action engagée et ce qui est nécessaire pour faire face aux risques croissants », regrette ainsi l’institution.

Rapport du groupe 3 : l’humanité n’a que très peu de temps pour agir

Publié en avril 2022, le rapport du groupe 3, celui qui évalue les pistes d’atténuation du réchauffement, est porteur d’un message clair : « Il faut agir maintenant ».

« Sans une réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs, il nous sera impossible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C », indique ainsi le communiqué accompagnant la publication du document. Et pour avoir une chance de rester proche de ce seuil, « les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur valeur maximale avant 2025 », prévient même le Giec.

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Le rapport apporte toutefois son lot de bonnes nouvelles. Première d’entre elles : comme le rappelle Hoesung Lee, l’Humanité dispose « des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement ».

« Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d’infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 », détaille Priyadarshi Shukla, le coprésident du groupe 3.

Parmi ces choix à faire, individuellement ou collectivement : réduire les financements des énergies fossiles et diminuer leur usage, développer les puits de carbone, construire des bâtiments ou des véhicules plus sobres, changer les pratiques agricoles, etc.
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Rapport sur un monde à +1,5 °C : un seuil qui n’est pas seulement symbolique

Avant ces trois rapports d’envergure, le Giec avait publié plusieurs rapports thématiques, dont le premier, paru en octobre 2018, évoque ce que serait un monde à +1,5 °C de réchauffement.

Comme l’explique alors Priyadarshi Shukla, le coprésident du groupe 3, il ressort du rapport que « la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C, et non à 2 °C minimiserait les effets, lourds de conséquences, sur les écosystèmes, la santé et le bien-être des populations ».

Le communiqué de presse attenant au texte indique en plus qu’un « réchauffement de 1,5 ºC ou plus augmentera le risque associé à des changements pérennes ou irréversibles, tels que la disparition de certains écosystèmes ». Ce seuil de 1,5 °C apparait dès lors comme un objectif décisif.

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À l’époque, le rapport indique également que cette limite de réchauffement à +1,5 °C serait probablement atteinte en milieu de siècle, avec une possibilité qu’elle le soit dès 2030, ce que des rapports ultérieurs confirmeront.

Rapport sur les terres émergées : les sols ont un impact décisif sur le climat

En août 2019, le Giec publie également un rapport évoquant les liens entre changement climatique et terres émergées.

Le document rappelle d’abord que l’usage de celles-ci peut avoir un fort impact sur le niveau de réchauffement, dans un sens comme dans l’autre. « L’agriculture, la foresterie et d’autres types d’utilisation des terres représentent 23 % de nos émissions de gaz à effet de serre », liste alors Jim Skea, coprésident du groupe 3, en présentant le rapport« Parallèlement, les processus terrestres naturels absorbent une quantité de dioxyde de carbone équivalant presque au tiers des émissions dues aux combustibles fossiles et à l’industrie », complète-t-il.

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Le rapport pointe par ailleurs que le réchauffement climatique fragilise ces sols si précieux, notamment parce qu’il accentue les épisodes de sécheresse et parce que l’intensification des précipitations favorise leur érosion. Découle potentiellement de cette fragilisation des sols une insécurité alimentaire pour de nombreuses populations, risque que le Giec propose d’enrayer en faisant évoluer les cultures (pour aller vers plus de végétal) et en réduisant le gaspillage alimentaire.

Rapport sur les océans et la cryosphère : des écosystèmes à ne pas négliger

Un mois après le rapport sur les terres émergées, le Giec publie son pendant maritime : un rapport consacré à l’état des océans et de la cryosphère (qui regroupe les régions et étendues gelées).

Le document établit notamment que, du fait du réchauffement climatique, le rythme d’élévation du niveau de la mer s’accélère. « Alors que le niveau de la mer a augmenté d’environ 15 cm à l’échelle mondiale au cours du XXe siècle, cette hausse est actuellement plus de deux fois plus rapide – 3,6 mm par an – et continue de s’accélérer », explique alors le Giec dans un communiqué.

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L’institution précise par ailleurs que même si le réchauffement est contenu à moins de 2 °C, 25 % du pergélisol, cette zone perpétuellement gelée qui emprisonne de grandes quantités de gaz à effet de serre, fondrait d’ici 2100.

Enfin, le rapport rappelle que les vagues de chaleur marine, rendues plus fréquentes par le réchauffement climatique, contribue à fragiliser la biodiversité.

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