POUR UN JOURNALISME A LA HAUTEUR DE L’URGENCE ECOLOGIQUE

Papier de D Martin Ferrari, journaliste, envoyé au Club de la presse de Montpellier

Les vagues successives de chaleur qui se sont abattues sur l’Europe l’été dernier ont été un nouveau marqueur d’intensification du changement climatique et une injonction à la mobilisation pour en contrer les effets. Or, « les médias ont un rôle crucial dans la perception qu’a le public du changement climatique, sa compréhension et sa volonté d’agir », souligne le Giec, dans son rapport d’avril 2022. Les lecteurs, eux aussi, attendent un traitement des médias à la hauteur de ces enjeux.

De cet appel vont naitre plusieurs initiatives. Ainsi le JT de France télévision accole à sa météo un journal du climat. Malheureusement le présentateur météo n’est pas climatologue et ne peut renvoyer qu’à un QRcode ou à une ligne de barres devenant de plus en plus rouges, traduisez de plus en plus chaudes. Seule info possiblement retenue : la météo n’est pas le climat, mais débrouillez vous pour comprendre pourquoi.  

Bref, ce type de réaction les journalistes spécialisés ou sensibilisés l’avaient  prévue.  Ils savent que la solution de facilité consiste à rajouter une case aux cases : la case réchauffement à celle de l’économie ou de la géopolitique

Or tout autre est le conseil de ceux qui ont lancé et signé la « charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » ou les titres régionaux qui comme Ouest France vont inviter la profession à se placer du côté du consensus scientifique « l’écologie ne peut plus être cantonnée à une simple rubrique « Puisque les activités humaines sont responsables du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité , interrogeons les en permanence.

C’est toute une approche qu’il convient de remettre en question : Il faudrait se questionner en permanence sur les incidences environnementales, des sujets du quotidien,,  faire preuve de vigilance face aux promesses, étudier  et évaluer  les discours affichés comme vertueux par les entreprises, les politiques, les institutions, les collectivités, les associations, les médias, etc. ;

La (ou les)  charte pourrait, avec concision, proposer un certain nombre de principes définis par la profession pour la profession, afin de faire bouger les lignes dans les rédactions, en listant des points précis pour faire évoluer les fondamentaux du métier.

L’approche systémique est donc conseillée, plus complexe que l’approche en silo (à laquelle nous étions habitués) Une nouvelle manière d’approcher le fonctionnement d’un système, ses interactions..   Les données scientifiques relatives aux questions écologiques sont complexes. IL est nécessaire d’expliquer les ordres de grandeur, les échelles de temps, d’identifier les liens de cause à effet, de donner des éléments de comparaison. . Comprendre que si la montée de la mer est inéluctable dans 50 ans cz temps de la prise en compte commence aujourd’hui pour la mise en place des nouveaux droits, des nouvelles clauses d’assurance et des conditions de repli.

S’attaquer au complexe signifie qu’il est crucial d’enquêter sur les origines des bouleversements encours ou des solutions proposées Bien distinguer ce qui est de l’ordre du global et du local, du court et du long terme Certes les deux dimensions jouent l’une sur l’autre mais toujours mesurer les écarts d’influence. (ainsi quand il s’agit d’une question planétaire , comparer des chiffres de richesse mondiale à celui de l’investissement nécessaire et ne pas rester au niveau national souvent dérisoire)

Des débats resteront ouverts : faut il être résilient ou résistant ? se déresponsabiliser individuellement face aux réponses politiques indispensables ? minimiser la gravité de la situation par la pensée positive ou le solutionisme ? Défendre la croissance et le court terme ?

Un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique se veut précis, indépendant, transparent. Il révèle les conflits d’intérêts, Il sait questionner les acteurs économiques, financiers, politiques et leur rôle dans la crise écologique, dans le retard accumulé face à l’urgence N’oublions pas qu’une génération fortement informées par les réseaux sociaux a besoin de sens, de réponse,  de tri. Sa défiance à l’égard de médias est souvent liée à la propagation de fausses informations qui relativisent les faits, à des financements, publicités, partenariats média liés à des activités jugées nocives pour la planète

On le voit , l’exigence est au rendez vous  et pour avoir une vision globale des bouleversements en cours et de ce qu’ils impliquent pour nos sociétés, les journalistes doivent pouvoir se former tout au long de leur carrière et exiger des employeurs d’être formé-e aux enjeux écologiques

Dominique Martin Ferrari

journaliste

Membre de l’AJE

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