La REUT :oui, mais pas n’importe comment.

En Aout l’état décidait d’accélérer le principe de la REUT, lire réutilisation des eaux, usage des eaux usées. Une décision de bon sens en periode de sécheresse absolue et aux regards du retard de la france dans ce domaine. MAIS….Récemment l’agence de l’eau Seine Normandie, par la voix de son directeur de la connaissance et de la planification , tout en reconnaissant l’interêt de ce nouveau procédé, en a souligné les limites, en rappelant que le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) comporte des points de vigilance sur son développement.

station d'épuration

Au-delà des nécessaires efforts de sobriété que devrait faire chaque usager de l’eau, impliquant des changements de pratiques voire de systèmes, la Réutilisation des eaux usées traitées (REUT) peut contribuer dans certains cas à réduire les déficits quantitatifs au niveau local et à diminuer les pressions polluantes sur la ressource en eau. De nombreux dispositifs incitent à son développement. Toutefois, face à ces avantages, quels sont les risques et les solutions liés à cette pratique ?



Le premier risque est l’assèchement du cours d’eau.

Il faut rappeler que ces eaux non conventionnelles ne constituent pas une nouvelle ressource. De plus, la plupart des eaux de réutilisation produisent de fait leur évaporation dans l’atmosphère. On interrompt donc le cycle. En effet, les eaux usées traitées font partie du cycle hydrologique car elles sont restituées au cours d’eau. Elles peuvent même représenter une forte proportion du débit de la rivière, jusqu’à 70% pour un cours d’eau en étiage ! Leur réutilisation peut donc avoir un impact considérable en termes d’assèchement d’un cours d’eau. Et les conséquences peuvent être sévères à l’échelle d’un bassin versant qui verrait cette pratique se multiplier, alors que les rejets d’une station représentent une part significative des débits des cours d’eau, en entraînant l’assèchement d’un territoire et des usages en aval compromis, comme les besoins de l’écosystème aquatique. cf les oppositions « aux bassines »

Un autre risque est l’échec en termes de maintien ou de transformation vers des usages durables. Si l’eau réutilisée vient maintenir des usages qui n’ont pas au préalable fait un effort de sobriété, au sens d’une véritable transformation de pratiques, la réutilisation des eaux usées traitées n’aura d’effet qu’à court terme et ne permettra pas une adaptation à moyen ou long terme à la rareté de la ressource et donc le maintien de pratiques durables.

Le 3è risque est d’agir à l’encontre d’une atténuation du changement climatique qui vise à réduire les sources de gaz à effet de serre. Car la réutilisation des eaux non conventionnelles nécessite la construction d’infrastructure pour le stockage, des canalisations pour l’acheminement de ces eaux, sans compter l’entretien de ces nouveaux équipements. Ces eaux exigent également, dans la plupart des cas, un traitement complémentaire à celui de la station d’épuration ainsi que de l’énergie pour les acheminer. Toutes ces opérations sont coûteuses et énergivores et entraînent l’extraction de matériaux supplémentaires.

Enfin, le risque sanitaire est réel. Les eaux usées traitées étant riches, les eaux stockées pour la réutilisation -car la réutilisation en flux continu est improbable- courent un risque d’eutrophisation, de développement de cyanobactéries et donc un risque sanitaire qui compromet leur utilisation ou la rend difficile, y compris pour des usages agricoles.

Donc en résumé pour aller vers la REUT il faut:

  • que Le cours d’eau ait un débit suffisant pour que la suppression du rejet d’eaux usées traitées ne l’affecte pas, ni sa faune et sa flore, en particulier en période d’étiage. ON priorisera l’aval , la proximité du littoral, mais il ne faut pas négliger que les populations de poissons ont besoin d’apports suffisants en eau douce y compris les écosystèmes marins pour bien fonctionner.

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