OUTREMERS toujours : AVIS du CESE, urgence environnementale

Ce n’est pas une surprise, mais le CESE tient à le rappeler dans son avis : « Les 12 départements, régions ou collectivités d’Outre-mer sont les zones françaises les plus exposées au changement climatique. Leurs 2,2 millions d’habitants se concentrent en très grande majorité le long des littoraux, où les basses altitudes et la forte artificialisation du sol sont génératrices de risques ». Les territoires ultramarins représentent 80% de la biodiversité française sur 22% du territoire national, mais ils sont en train de perdre progressivement leurs barrières naturelles (forêts, zones humides, mangroves, herbiers, etc., essentielles pour jouer un rôle tampon et capter le carbone), en raison notamment des activités humaines.

« Aux vulnérabilités géographiques se superposent des fragilités socio-économiques. Pêche, tourisme, agriculture, perliculture : les économies des Outre-mer, peu diversifiées, s’avèrent très fortement sensibles aux variations du climat », constate le CESE. À cela s’ajoutent de fortes inégalités sociales qui se traduisent par exemple par des conditions de logement insalubre, qui compliquent la situation environnementale.

Plus que dans l’Hexagone, il y a donc urgence à mettre en place en Outre-mer des mécanismes pour se préparer aux bouleversements à venir. « La réduction des émissions de gaz à effet de serre est un prérequis dans des territoires où l’empreinte carbone est élevée, en raison des importations et de modes de vie encore très centrés autour de la voiture. Développer l’autonomie énergétique et alimentaire s’avère aussi un enjeu crucial », insiste le rapport. Cependant, ce dernier recommande des solutions adaptées aux particularités géographique et institutionnelle de chaque territoire, en s’appuyant entre autres sur les Schémas d’aménagement régionaux (SAR) et les Conseils économique, social et environnemental régionaux.

 Outre les SAR Outre-mer, les Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), les Plans climatair-énergie territoriaux (PCAET), ainsi que les études d’impact des projets doivent être tenus de comporter un volet adaptation, à perfectionner à la hauteur des enjeux émergents. Il importe par ailleurs que les décisions d’investissements publics et privés prennent pleinement en compte cet impératif d’adaptation et que le déficit de compétences pour mener à bien les actions d’adaptation soit résorbé, précise le CESE.

« Il ne peut y avoir d’adaptation réussie si des pans entiers de la société sont laissés pour compte. On le sait : le changement climatique aura des impacts différents selon les régions et les secteurs d’activité. Les pouvoirs publics doivent être garants du maintien du principe d’égalité républicaine pour toutes et tous, sur l’ensemble du territoire, y compris dans les Outre-mer », écrivent les rapporteurs (Soraya Duboc [Groupe de la CFDT] et Nicolas Richard [Groupe Environnement et nature].

La position du Groupe des Outre-mer du CESE

« Le changement climatique constitue une menace aujourd’hui, non pas parce qu’il est source de modifications des conditions de vie et de production, mais parce que cette évolution est si rapide que se pose la question de l’aptitude des écosystèmes et des communautés humaines à y faire face. Malgré les efforts d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES), la collectivité doit anticiper la gestion de ce qui est déjà inéluctable ». Ces phrases de Paul Vergès étaient l’introduction du rapport de l’ONERC (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, ndlr) de 2012 : Les Outre-mer face au défi du changement climatique.

Jour après jour, nous constatons ce qu’il prédisait très justement : Le réchauffement et l’acidification des océans, l’élévation du niveau des mers, le dépérissement des récifs coralliens, les atteintes aux mangroves et la multiplication des phénomènes climatiques lourds (cyclones, tempêtes, houle….). Aucune région ultramarine n’est épargnée. Certains territoires étudient déjà l’hypothèse de déplacement des populations face à la montée des eaux pourtant les Outre-mer étaient la priorité du second Plan national d’adaptation au changement climatique. Si nous entendons les engagements du Gouvernement notamment au Comité interministériel des Outre-mer et la mission confiée au secrétariat général à la planification écologique de définir, d’ici à l’été 2024, une « stratégie complète d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, nous insistons sur l’impérative nécessité de:

Faire de l’accès à l’eau potable la première des priorités ; De renforcer les politiques publiques de gestion des risques ; Prévenir et sensibiliser nos populations au risque climatique et à la gestion de crise ; Repenser l’aménagement des littoraux tout en veillant à l’application de la Loi Littoral ; Repenser les modèles de développement. Si « l’atténuation vise à éviter l’ingérable et l’adaptation cherche à gérer l’inévitable » nos Outre-mer sont déjà dans le deuxième cas de figure. Cependant, nous ne laisserons jamais nos territoires disparaître sans agir. Le Groupe des Outre-mer a voté l’avis. »

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