COP 28: LIBé:La France promet «jusqu’à 100 millions d’euros» pour le fonds «pertes et dommages»

Vendredi, au deuxième jour de la COP 28, Emmanuel Macron a annoncé que la France abondera le fonds pour aider les pays vulnérables à réparer des dégâts climatiques. Et il a exhorté les pays du G7 à sortir du charbon avant 2030.

Emmanuel Macron à Dubaï, vendredi. (Ludovic Marin/AFP)

par Coralie Schaub et Eléonore Disderopublié le 1er décembre 2023 à 15h25

Les dirigeants du monde se sont succédé à la tribune de la COP28 à Dubaï ce vendredi afin d’annoncer comment ils entendent rehausser leur ambition alors que leurs engagements actuels mènent la Terre à près de 3 °C de réchauffement par rapport à la période préindustrielle. Dans son discours, Emmanuel Macron a indiqué que la France «financera jusqu’à 100 millions d’euros» le fonds «pertes et dommages» destiné à aider les pays vulnérables à réparer des dégâts climatiques, dont la mise en œuvre a été actée jeudi. Ce qui la place en tête des contributions annoncées, à égalité avec l’Italie et juste devant l’Allemagne et les Emirats arabes unis (100 millions de dollars chacun). MAIS Une goutte d’eau par rapport aux besoins estimés qui pourraient atteindre 532 milliards d’euros par an.

Macron a aussi réclamé une «vraie taxation internationale» et annoncé le lancement, avec notamment le Kenya et la Barbade, d’une «task force» pour qu’une telle révolution soit actée lors de la COP30. «Il est crucial que la France guide également la voie en matière de transparence, en détaillant le contenu précis de [la promesse sur les 100 millions d’euros pour le fonds «pertes et dommages»], sans ambiguïté. Il faut à tout prix éviter l’opacité qui entoure toujours d’autres types de financement climat», avertit toutefois Friederike Roder, de l’ONG Global Citizen. Qui appelle par ailleurs la nouvelle «task force» à«prouver qu’elle dépasse le stade des discussions sans fin sur cette question délicate de la fiscalité et passe à l’action», sachant que les taxes internationales, «par exemple sur les superprofits des compagnies d’énergies fossiles, sont la seule option viable aujourd’hui pour lever les milliards de dollars de dons dont nous avons besoin pour aider les pays vulnérables».

Emmanuel Macron a aussi salué la toute nouvelle déclaration sur l’industrie maritime, que la France, la Corée du Sud et le Danemark ont adoptée aux côtés de cinq des plus gros transporteurs maritimesmondiaux afin de favoriser la transition du secteur. Ils promettent de réduire de 80 % des émissions totales de leurs flottes d’ici 2040, au-delà des objectifs de l’Organisation maritime internationale, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 «au plus tard».

«Montrer l’exemple» sur le charbon

L’autre volet phare du discours présidentiel a porté sur le charbon, alors qu’il s’apprête à lancer avec la Banque mondiale et plusieurs pays partenaires, ce samedi à la COP, une initiative visant à «accélérer la transition» pour sortir du charbon. Il a exhorté les pays du G7 à «montrer l’exemple et s’engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c’est-à-dire avant 2030». Et de rappeler l’engagement de la France de fermer ses deux dernières centrales à charbon «d’ici à 2027»… oubliant de préciser qu’il s’agit là d’un recul par rapport à sa promesse de 2017 d’arrêter la production d’électricité à partir du charbon «d’ici 2022». S’agissant des autres énergies fossiles, «nous devrons définitivement tourner la page d’ici à 2040-45 du pétrole et 2050 du gaz» en France, a-t-il assuré.

«Les pays émergents doivent sortir du charbon, et c’est le deuxième combat après celui que les pays les plus riches doivent mener, a aussi déclaré Macron. On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c’est un élément de justice. Mais ce rattrapage ne doit pas se faire sur la base d’énergies qui sont carbonées et en particulier du charbon.»

A ses yeux, le fait que «500 GW de nouvelles capacités de charbon sont en cours de planification» dans le monde est «une vraie absurdité». Pour «engager un virage absolu», il faut «arrêter de subventionner les nouvelles centrales à charbon», en changeant les règles en matière de financement privé qui, aujourd’hui, «n’a aucune désincitation pour financer une centrale à charbon par rapport à du renouvelable ou autre». Là encore, le Président a omis de dire que les dépenses de l’Etat français en soutien direct aux énergies fossiles «représentent encore plus de 15 milliards d’euros en 2023», selon les estimations du Réseau Action Climat.

Le chemin promet d’être difficile : de nouvelles données publiées ce vendredi par l’OCDE et l’AIE montrent que le coût budgétaire du soutien public aux énergies fossiles dans 82 économies du monde entier «a pratiquement doublé» en 2022 par rapport à 2021 pour atteindre 1 481,3 milliards en 2022. L’analyse révèle notamment «un retour en force du soutien à la production et à la consommation de charbon», qui s’est élevé à 36,1 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 60 % par rapport à 2013, et a pris différentes formes : subventions aux ménages qui consomment du charbon, plafonnement du prix du charbon utilisé dans la production d’électricité, en particulier dans les pays producteurs, et prolongation de la durée de vie ou redémarrage temporaire de centrales électriques fonctionnant au charbon. Comme cela a été récemment décidé en France…

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