loi Duplomb, loi scélérate: Les alliés du cancer (cf éditorial: jj Fresco, info nature)
« Vous êtes les alliés du cancer, et nous le ferons savoir ». Celle qui lance ce cri désespéré depuis la tribune du public de l’Assemblée nationale, le 8 juillet, sait de quoi elle parle : Fleur Breteau connait les effets de la chimio, le crâne exempt de cheveux, les ongles qui noircissent et se décollent, la vue qui se trouble, le nez qui saigne, le goût et l’odorat enfuis, et ces douleurs lancinantes, articulaires et nerveuses. « En six mois, je suis devenue nonagénaire », résume-t-elle. Elle a juste cinquante ans. |
A son cri, à la dignité de cette femme qui porte au sein de l’association Cancer Colère le combat des malades, n’a répondu que l’odieuse hilarité vulgaire des 316 criminel-le-s qui venaient de voter sans sourciller la loi Duplomb, et se congratulaient avec le sentiment du devoir accompli, rejoignant dans le grand registre de la honte nationale leurs prédécesseurs qui, il y a juste 80 ans, avaient voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Eux, c’est au cancer qu’ils viennent de voter les pleins pouvoirs. |
Au tribunal de l’Histoire, pourront-ils, pourront-elles, invoquer leur ignorance comme ligne de défense ? Vingt-deux sociétés savantes médicales ont manifesté publiquement leur opposition à cette loi qui organise le saccage de notre environnement sanitaire. La très sérieuse Ligue contre le cancer a fait part de sa consternation. Les agriculteur-ice-s de la Confédération paysanne ont dénoncé ce texte qui brade notre santé aux intérêts de la nécro-industrie agricole. La Fédération des mutuelles de France, qui voit arriver les coûts délirants et les vies brisées pour leurs millions d’adhérents, s’est insurgée, comme l’ont fait la Fédération des régies d’eau potable et le conseil scientifique du CNRS. |
La loi scélérate que le Parlement vient d’adopter sans débat bafoue plusieurs directives européennes. Elle piétine plusieurs dispositions de la Charte de l’environnement, intégrée depuis 2004 à notre Constitution. Article 3 : « Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences ». Ici, c’est la loi elle-même qui porte atteinte à l’environnement, et 316 députés qui, en riant au nez de Fleur Breteau, adressent un gigantesque bras d’honneur aux victimes présentes et à venir. |
Le Conseil constitutionnel saura-t-il faire prévaloir le Droit et la raison, ou sera-t-il emporté à son tour dans ce naufrage démocratique ? |