Séville: QUATRIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

L’arrivée de TRUMP au pouvoir avait entrainé la suppression de l’aide américaine au développement. A Séville après quatre jours de débats intenses , il semble que le financement du développement va être relancé.

L’Engagement de Séville adopté par les dirigeants mondiaux dès le premier jour de ce sommet marque un renouvellement des cadres de financement mondiaux, en vue de réaliser des progrès tangibles pour financer notre avenir. La Plateforme d’action de Séville, qui a vu ainsi le jour, a déjà permis aux États et autres parties prenantes de proposer déjà plus de 130 initiatives à fort impact pour amorcer la mise en œuvre de l’accord.

Dix ans après la troisième conférence de la série, tenue en 2015 à Addis-Abeba, l’Engagement de Séville sera désormais la boussole qui guidera les avancées vers des réalisations concrètes, à cinq ans de 2030, date butoir des objectifs de développement durable (ODD).

Le « Compromiso de Sevilla » est un document de compromis salué par la majorité des parties prenantes, même si quelques-unes, notamment les organisations non gouvernementales (ONG), auraient souhaité y voir encore plus d’ambition.  Le Secrétaire général de l’ONU avait constaté, à l’ouverture des travaux, que le moteur du développement, soit le financement, était en panne et n’avançait plus. M. António Guterres avait préconisé de résolument « changer de cap », alors que deux tiers des ODD risquent de ne pas être atteints d’ici à 2030.

La nouvelle feuille de route mondiale qu’établit l’Engagement de Séville doit aider à lever les 4 000 milliards de dollars nécessaires chaque année au développement durable, en s’appuyant sur les accords internationaux précédents.  L’Engagement appelle notamment à revoir les systèmes fiscaux pour qu’ils soient plus justes, à mieux lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites, à alléger la dette souveraine et, surtout, à réformer l’architecture financière internationale qui doit être plus équitable et gagner en transparence.

« Nous avons misé sur le multilatéralisme »

Le Président du Gouvernement de l’Espagne, M. Pedro Sánchez Pérez-Castejón, a loué les résultats précieux engrangés à Séville.  « Nous devions agir et nous avons agi. » 

M. Sánchez s’est félicité des « conversations transformatrices » qui se sont déroulées lors des quelque 400 événements organisés en marge de la Conférence.  « Nous avons voulu donner toute sa place à la société civile. »

À Séville, nous avons défendu la parole face à la force et nous avons converti la parole en action, a dit M. Sánchez.  « Nous appartenons tous à cette grande patrie qu’est l’humanité. »  À l’heure où beaucoup veulent éteindre la « flamme » du multilatéralisme, nous l’avons protégée, a-t-il conclu. 

Se concentrer maintenant sur la mise en œuvre

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a invité les participants à la Conférence de Séville à se concentrer sur désormais sur la mise en œuvre.  Les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés ne seront pas surmontés du jour au lendemain, a-t-elle averti.

Mme Mohammed a dit « quitter Séville avec la conviction que nous pouvons parcourir ce chemin ensemble, avec clarté, courage et engagement ».  Elle a enfin déclaré que Séville restera dans les mémoires comme « une conférence où le monde a choisi la coopération plutôt que la fragmentation, l’unité plutôt que la division, et l’action plutôt que l’inertie ».

Quelques explications de position

L’Iraq, qui parlait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a reconnu que des progrès avaient été accomplis à Séville.  Le déficit de financement de 4 000 milliards de dollars a notamment été reconnu. Le Groupe a dénoncé néanmoins les sanctions qui grèvent toujours les efforts de développement.  L’Engagement n’est qu’un début, sa mise en œuvre est désormais essentielle, a lancé le Groupe.

L’Argentine s’est pour sa part réservé le droit d’analyser le texte au prisme de ses priorités nationales.  Quant à la Chine, elle a indiqué qu’elle transmettra ses observations à un stade ultérieur.

L’engagement des organisations internationales

Le débat général, qui s’est terminé dans la matinée, a permis de prendre la mesure des contributions des organisations internationales, dont la plupart se sont engagées à mettre en œuvre le « Compromiso ».  L’Assemblée parlementaire de la Méditerranée a, par exemple, rappelé le rôle des parlements pour le contrôle des activités des gouvernements, un préalable à la bonne gouvernance et, par ricochet, au développement durable. 

L’Union africaine a, pour sa part, loué le potentiel du continent africain et, comme de nombreux intervenants, appelé au renforcement de la mobilisation des ressources nationales et à des solutions pour résoudre la crise de la dette.  Une question bien intégrée dans l’Engagement de Séville, a salué la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé à veiller, dans l’orientation des financements, à construire des systèmes alimentaires plus résilients, tandis que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a promis d’accompagner la mise en œuvre de l’Engagement au niveau des pays. 

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a demandé de ne point oublier de combler les 97 milliards de dollars nécessaires pour assurer une éducation à tous.  La connectivité des écoles a d’ailleurs été prônée par l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui l’a identifiée comme un défi de premier plan, de même que la connectivité des communautés.

Le Comité international olympique (CIO) s’est dit prêt à investir 10 milliards de dollars d’ici à 2030 dans les projets alliant sport et développement et qui ont de forts impacts sociaux et économiques.  « Investir dans les femmes et les filles est tout aussi rentable, et il faut combler les lacunes en matière d’égalité de genres », a plaidé le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Les enfants sont notre avenir et doivent également constituer une priorité, a renchéri le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en appelant à plus d’investissements afin que « les enfants ne payent plus le prix des coupes budgétaires ».

Une autre garantie pour assurer le développement durable est l’intégration des droits humains dans le secteur économique, a plaidé à son tour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  L’Organisation internationale du Travail (OIT) a, elle, rappelé qu’investir dans la protection sociale est rentable.  De fait, 1 dollar investi peut engendrer jusqu’à 5 dollars, selon un cercle vertueux.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a, au nom des 300 millions de migrants, demandé une meilleure utilisation des fonds envoyés par les migrants et les diasporas pour le développement durable.  Lui emboîtant le pays, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré que lorsque les réfugiés sont intégrés dans les économies locales, cela renforce la cohésion sociale.  Pour l’agence onusienne, les personnes déplacées doivent être intégrées dans les plans de développement nationaux.  De plus, selon ONU-Habitat, le développement durable doit partir des villes, et l’urbanisme durable doit être au cœur du développement.

Le Fonds d’équipement des Nations Unies a dit œuvrer à réduire les risques pour encourager les investissements.  « Nous sommes des champions de la réalisation des priorités des pays les moins avancés (PMA) », a dit le Fonds.  Le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud a dit que les pays du Sud créent et innovent, devenant pour certains des bailleurs de fonds plutôt que des récipiendaires.  D’ailleurs, les investissements Sud-Sud représentent 40% des flux d’aide dans le monde.

La Commission économique pour l’Europe (CEE) a indiqué que le financement public ne suffira pas.  C’est pourquoi elle soutient la prescription faite dans l’Engagement de Séville sur les financements privés.  Quant à la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), elle a appelé à élargir l’assiette fiscale par des réformes nationales et le renforcement des capacités des pays à cette fin. 

Formalités de fin de conférence

En fin de journée, la Conférence de Séville a également entendu le résumé des six tables rondes multipartites qui ont eu lieu parallèlement au débat général. Elle a également entendu le résumé des discussions des parties prenantes qui ont eu lieu en marge de la Conférence, à savoir le Forum des entreprises et le Forum de la société civile.

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