LAURA MICHEL – MAK’IT GREAT AGAIN Université de Montpellier

Politiste à l’UM, Laura Michel coordonne depuis 2024 un collectif de recherche 100% SHS autour des politiques publiques de transition. Une casquette qui lui a valu d’être nommée directrice du programme Mak’it, l’institut d’études avancées de Montpellier justement spécialisé sur la transition.

Laura Michel joue l’ouverture. Probablement parce que la directrice adjointe du Centre d’étude politiques et sociales (Cepel) sait que l’ensemble des sciences humaines et sociales (SHS) ne sont pas de trop pour analyser la façon dont nos sociétés absorbent, digèrent et parfois recrachent les enjeux environnementaux. Spécialiste de l’écologisation des politiques industrielles et territoriales, la chercheuse dirige depuis 2024 la key initiative de l’I-site de Montpellier sur les politiques publiques de la transition (KIPPT), qui réunit les sciences politique, de l’éducation, de l’économie, du droit, de la gestion, de la géographie.

100% SHS, ce programme implique une vingtaine de laboratoires de recherche montpelliérains. « Nos séminaires bimestriels montrent un vrai dynamisme, avec une cinquantaine de participants à chaque édition », se félicite la politiste dont l’enjeu est de structurer les chercheurs en communauté. Doté de 300 000 euros sur deux ans, l’initiative finance aussi des projets de recherche pluridisciplinaires mettant l’accent sur le dialogue entre science et société : « Une douzaine de projets sont déjà lancés sur des sujets allant de l’agrivoltaïsme aux mobilités, en passant par les sports de nature ou le financement des transitions. »

OBSERVER LES ARBITRAGES

Cette ambition de structurer des relations entre les chercheurs travaillant sur les politiques de transition et les acteurs publics et de la société civile lui va bien. En effet, Laura Michel a une vie avant la recherche, justement au service des collectivités et des industriels.

Chargée d’étude à l’Observatoire de la fonction publique territoriale, elle est ensuite consultante sur la gestion de conflits environnementaux pour le compte de divers groupes industriels. De quoi observer les arbitrages de l’intérieur.

Cette expérience la convainc surtout de reprendre la recherche. Ce qu’elle fait grâce à une thèse financée par l’Ademe soutenue en 2003, qui lui ouvre dans la foulée un poste de maître de conférences à l’Université de Montpellier un an plus tard. Depuis, elle regarde « comment les enjeux environnementaux sont portés dans l’espace public et comment les industriels et élus les intègrent, dans l’objectif non pas de transformer le système industrialiste mais de le faire durer. » Bref de comprendre comment sont produites les conditions du maintien du système actuel, aussi destructeur soit-il.

Par exemple, Laura Michel s’intéresse aux processus de canalisation de la critique environnementale dans l’action publique : « les controverses environnementales ont favorisé une écologisation des politiques publiques. Mais celle-ci se heurte tout autant à des formes de récupération et à des stratégies de canalisation de la critique par les acteurs hégémoniques, qui limitent son potentiel transformateur ». Avec 20 ans de recherche à son actif, difficile de lister tous ses thèmes de recherche. Citons quand même les politiques d’adaptation du littoral au changement climatique, ou encore les politiques d’alimentation durable, deux sujets chers à la métropole.

UN ACCUEIL LE PLUS ENRICHISSANT POSSIBLE

Suite logique de son investissement depuis deux ans dans l’initiative sur les politiques publiques de la transition, Laura Michel a pris la direction en 2025 de Mak’it, l’institut d’études avancées (IEA) de Montpellier : « Ces IEA sont des dispositifs internationaux pour accueillir des scientifiques internationaux de haut niveau et stimuler des dynamiques de recherche collective. A Montpellier, il est spécialisé sur la transition. Ma nomination intervient alors que le comité stratégique a décidé de renforcer les SHS et le thème des politiques de la transition au sein du dispositif. »

Et la nouvelle directrice de confier une nouveauté dans le système de recrutement de Mak’it, visant à faciliter à la fois une meilleure valorisation de la présence des chercheurs pour la communauté scientifique montpelliéraine, et à leur offrir un accueil le plus enrichissant possible : « Nous demandons un projet co-construit entre le chercheur invité et l’unité d’accueil ». Le dossier sera plus lourd, pour des durées d’accueil allant de 3 à 6 mois. Mais l’enjeu en vaut la chandelle pour la nouvelle directrice qui veut maintenir l’exigence après 6 années de fonctionnement et 75 chercheurs accueillis de 37 nationalités différentes.

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