Le Pacte de Milan (du 7 au 9 Octobre 2019 à Montpellier )

En plein démarrage d’une campagne municipale qui s’annonce difficile pour le maire sortant menacé directement par les écologistes, certains ont pu dire que » ce rendez vous n’avait servi à rien et que tout n’était que communication ».

Peut être faudra t il effectivement, aller voir du côté du suivi de l’affaire, car les réponses du maire à ce sujet sont peu précises et les choses restent très vagues…

 

Mais pour tous ceux qui ont assisté à ces trois jours, des expériences fortes se sont échangées et ce ne sont pas que des mots. Ni un moment inutile. Ainsi quand un agriculteur bio se plaint de cultiver 1ha sur 10 réservés au bio sur les 190 ha de l’Agriparc propriété de la métropole, et de servir de caution écologique, alors que 40 maraichers bio auraient dû être installés, le maire engagera la dimension « obligatoire et coercitive de 2/3 des terres réservées à l’agriculture et à l’environnement prévus dans le SCOT, contre 1/3 réservé à l’urbanisme » A suivre donc….

Sur les 200 villes inscrites, 91 élus étaient venus du monde entier, sans compter les 400 experts et chercheurs présents. D’Ouagadougou au Burkina, en passant par l’Argentine, New york, ou le Mozambique ils ont évoqué les mesures prises pour lutter contre l’obésité des enfants, distribuer des aliments là où s’en fait ressentir le besoin, développer les circuits courts, réclamer aux leurs états l’autonomie dont disposent d’autres pays….

 

Un exemple fût l’intervention de Mohammed Yunus.

Ceux qui ne le connaissaient pas encore ont pu découvrir l’économiste et entrepreneur bangladais, surnommé le « banquier des pauvres » après avoir fondé en 1976 la première institution de microcrédit. Prix Nobel de la Paix (2006) , âgé de 80 ans, il subjugue son auditoire à chacune de ses prises de parole par la force des mots simples. Ses premiers travaux ont porté sur l’agronomie et l’amélioration du riz. Mais très vite il mesure que les difficultés naissent de l’impossible accès aux capitaux. En introduisant la dimension sociale dans la théorie économique qui cherche à obtenir immédiatement du profit, il crée la Grameen bank qui aujourd’hui touche plus de 130M de personnes. Son crédit pour les pauvres, il l’appelle « l’oxygène ». « Au bangladesh, les hommes sont partis, car que faire d’autre quand on a le malheur de vivre dans un pays pauvre ? Les femmes, elles, ont le plus souffert de la faim, elles restent pour protéger leurs enfants, ce sont elles les combattantes, ce sont elles qui empruntent » Au Bangladesh comme partout dans le monde, la ville attire l’arrière pays, chacun espère y améliorer sa vie et s’y brise. Que pouvoir éspérer quand 28 personnes au monde possèdent plus de richesse que l’entière richesse de moitié de la population mondiale ? « Nous avons besoin de nous préserver. Alimentation et environnement marchent main dans la main. Il faut redéfinir l’alimentation, manger moins d’animaux, car la viande détruit la santé et la planète. »

 

La rencontre de Montpellier a été également prise très au sérieux par les agences onusiennes. FAO, UN Habitat, OMS, PNUE ont tenu à parler ensemble. Une rareté ! On semblait consacrer ainsi l’approche transversale des difficultés passant de l’approche sectorielle à l’approche systémique. De plus en plus les problèmes apparaissent comme liés les uns aux autres. Si on évoque beaucoup le dialogue, on aligne aussi des propositions de solutions : collaboration entre villes, soutien des collectivités locales et plus seulement des états, astuces pour éviter le gaspillage alimentaire et gérer mieux les déchets, des outils dévolus à un meilleur entretien des sols…

Cette rencontre pose les questions au bon moment car il y a urgence. Le Pacte de Milan doit s’aligner sur l’agenda 2030, il reste 10 ans pour avancer. La ville est un bon échelon. 3MD500 000 personnes y vivent et on évoque les 5 milliards en 2030. Une précarité et une concentration redoutable mais qui permet l’échange de savoir, d’intelligence, d’innovation, de bonnes pratiques ; qui permet aussi de changer de modèle. 37 actions politiques concrètes ont été présentées .Même si l’action a été critiquée pour son coût, « il faut reconnaître qu’elle ne coute pas plus chère qu’une fête des vignes » a précisé le maire. Par contre Montpellier prend par la déclaration finale du Pacte de Milan une place importante dans l’agenda international et sera sans doute au menu des cop climat à venir car comme l’a déclaré Thomas Lesueur Commissaire Général au développement durable : « Vous intervenez à la bonne échelle car 3,5 milliards d’habitants vivent dans les villes, qui génèrent 70 % des émissions de CO2. C’est la bonne échelle car c’est aussi le lieu des solutions concrètes, et des partenariats, or nous avons de partenariats multi-parties pour changer de modèle »,

Dominique Martin Ferrari

Six villes ont été récompensées autour de six axes majeurs :

– Montpellier en France pour son approvisionnement et sa distribution alimentaires durables.
– Tel-Aviv en Israël dans la catégorie « Instaurer une gouvernance alimentaire locale » pour sa collaboration avec d’autres villes.
– Kazan en Russie pour sa bonne nutrition.
– Nairobi au Kenya pour l’équité sociale et économique et pour ses actions en termes de sécurité alimentaire.
– Rio de Janeiro au Brésil dans la catégorie production alimentaire.
– Sao Paulo au Brésil pour son action en matière de réduction du gaspillage alimentaire.

Parmi les membres du jury, on retrouve les fondations Bloomberg, Mac Arthur, Européenne et Al Gore.

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