covid 19, ce n’est qu’un début?

Le SRAS-CoV-2, au-delà du simple passage

Le SRAS-CoV-2, au-delà du simple passage

Responsable de la COVID-19, le virus SRAS-CoV-2 semble bien parti pour faire son nid dans la population. Selon une étude de modélisationpubliée dans Science, qui relève les nombreuses inconnues du coronavirus, d’autres confinements pourraient bientôt être nécessaires, en l’absence d’un vaccin ou d’un traitement efficace.

«Restez chez vous», mot d’ordre printanier: comme la moitié de l’humanité, les Français se retrouvent confinés chez eux depuis le 17 mars, dans l’espoir que cette distanciation sociale, épaulée par les gestes barrières, fasse chuter le R0, ou taux de reproduction de la maladie (nombre de personnes contaminées par personne infectée), qui définit la dynamique d’une épidémie. Au-dessus de 1, l’épidémie s’étend; en-dessous, elle s’éteint.

Si de premiers signes encourageants apparaissent en Europe, tels qu’une baisse des entrées en réanimation en France, le combat est encore loin d’être gagné. L’épidémie devrait, très probablement, refluer au cours des prochaines semaines, mais la suite des évènements semble bien opaque, alors qu’Emmanuel Macron a fixé au 11 mai le début d’un déconfinement progressif.

LES CORONAVIRUS, FAMILLE ÉCLATÉE

D’autant que le SRAS-CoV-2 demeure mal connu: seule quasi-certitude, il ne sera probablement pas éliminé comme l’a été le SRAS-CoV-1,  à l’origine du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003. Si celui-ci était plus mortel que son successeur (taux de létalité de 9%, contre 0,6% à 3,5% pour le SRAS-CoV-2), il a pu être éradiqué grâce à sa moindre contagiosité et à des réponses immunitaires durables.

A l’opposé, les coronavirus HCoV-OC43 et HCoV-HKU1, tous deux agents du rhume hivernal, sont très contagieux mais généralement bénins, et n’induisent qu’une réponse immunitaire peu durable: toute personne infectée une année peut l’être un an plus tard. En l’état des connaissances, nul ne sait vraiment où se situe le SRAS-CoV-2 entre ces deux extrêmes.

Parmi les autres inconnues, la possibilité que les coronavirus responsables du rhume induisent une réponse immunitaire croisée contre le SRAS-CoV-2: le fait d’avoir contracté l’un ou l’autre pourrait ainsi protéger partiellement contre l’agent de la COVID-19. Egalement à déterminer, la saisonnalité de ce dernier: se transmet-il mieux en hiver, comme le virus de la grippe, ou sera-t-il aussi actif toute l’année?

UN REBOND AUTOMNAL DU VIRUS

Dans leur étude de modélisation, construite sur des données étatsuniennes, Stephen Kissler, du département d’immunologie et des maladies infectieuses à l’université de Harvard (Boston, Massachusetts), et ses collègues ont tenté de déterminer ce que seront nos relations post-pandémiques avec le SRAS-CoV-2, en fonction de ces nombreux facteurs. Selon eux, il semble très probable que le virus puisse proliférer à toute période de l’année, mais avec des pics plus prononcés en automne/hiver. Ce qui peut faire craindre le pire pour la fin de l’année, une fois le confinement levé.

Interrogé à ce sujet par le quotidien italien La Repubblica, le président du conseil scientifique COVID-19, Jean-François Delfraissy, a déclaré que «toutes les pandémies du siècle dernier se sont apaisées pendant la saison estivale. Cette fois, nous voyons que le virus se propage également dans les régions chaudes (…) L’autre chose que nous voyons de l’histoire des épidémies est que nous devons nous prépare à un rebond du virus à l’automne».

Quant à la durabilité de la réponse immunitaire, elle ne ferait qu’espacer le retour du virus : en cas de réponse peu durable, la population subirait des épidémies annuelles. Si elle était plus prolongée, ces épidémies pourraient avoir lieu tous les deux ans. Si l’éventuelle protection liée à d’autres coronavirus s’élève à 30%, le virus pourrait momentanément disparaître, mais réapparaître en 2024.

D’AUTRES CONFINEMENTS EN VUE?

En l’absence de traitement ou de vaccin, qui font l’objet d’intenses recherches, d’autres épisodes de confinement pourraient être nécessaires d’ici à 2022, estiment les chercheurs. Leur ampleur sera toutefois variable selon le comportement du virus: la distanciation sociale pourrait être nécessaire 25% du temps en cas de R0 égal à 2, et si le virus s’avère saisonnier. Mais elle pourrait dévorer 75% de notre temps si le R0 s’élève à 2,6 et si le virus ne présente pas de saisonnalité.

Au-delà du comportement social du SRAS-CoV-2, il reste beaucoup à apprendre sur son activité chez l’individu: lundi 13 avril, les autorités sanitaires de Corée du Sud ont ainsi évoqué 116 cas de personnes retombées malades de la COVID-19, après l’avoir attrapé une première fois. Le mystère demeure à ce sujet, dont on ignore s’il est lié à un virus demeuré dormant dans l’organisme, à une faible fiabilité des tests (peut-être inaptes à détecter de faibles charges virales) ou à une réelle réinfection, due à une réponse immunitaire évanescente.

Romain LOURY journal d el’environnement 16 Avril 2020

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