Sommet climat JoeBIDEN

Trump était parti, Biden revient.

IL n’y avait aucune raison pour que la France garde le flambeau de la lutte contre le réchauffement . Alors sommet utile ou pas?

Le président américain Joe Biden a invité 40 dirigeants mondiaux à un sommet sur le climat en visioconférence, jeudi 22 et vendredi 23 avril. Seront notamment présents le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine. Après le désengagement des Etats-Unis durant le mandat de Donald Trump, lequel avait retiré son pays de l’accord de Paris, cette réunion doit marquer le retour de Washington en première ligne dans la lutte contre le changement climatique. Pour Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), c’est une étape « extrêmement importante dans la dynamique géopolitique mondiale »

Franceinfo : L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche a-t-elle mis fin à quatre années d’absence des Etats-Unis sur la scène du climat ?

Sébastien Treyer : Oui, au niveau national, ils ont émis beaucoup de CO2 pendant ces quatre années. Et au niveau mondial, les Etats-Unis ont été un poids, « un cancre qui a séché les cours », comme l’a dit la diplomatie chinoise. Mais le leadership sur ce sujet s’est organisé différemment. On a vu pendant quatre ans un très fort investissement de l’Europe et de la Chine. En 2019, l’Union européenne a annoncé sa volonté d’atteindre la neutralité carbone, suivie en 2020 de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud. On avait donc un groupe de leaders qui a continué à alimenter la dynamique.

Dès son arrivée, Joe Biden s’est engagé sur le sujet de manière extrêmement claire. Dans les plans de relance, l’accent est mis sur les questions de transition de l’économie américaine, de décarbonation. Et en termes de diplomatie, les Etats-Unis ont été très actifs depuis le début de l’année. 

Ce retour est-il un symbole fort pour l’ambition climatique internationale ?

Oui, c’est extrêmement important dans la dynamique géopolitique mondiale. Ce retour va d’abord marginaliser les climatosceptiques que sont les présidents brésilien et philippin Jair Bolsonaro et Rodrigo Duterte. Et puis l’administration américaine recrée ainsi une dynamique forte au niveau de la planète, une émulation pour entraîner d’autres décisions ambitieuses. C’est bon pour la coopération internationale. 

Enfin, l’engagement des Etats-Unis à baisser leurs émissions directes serait aussi important. Les acteurs de l’économie américaine sont des champions internationaux, donc ils vont donner une vision des investissements qui vont dans le sens de l’histoire, vers l’avenir souhaité. En dehors de leurs propres émissions, les Etats-Unis vont signaler le sens de l’économie. 

Que peut-on donc attendre de ce sommet ?

On en attend principalement deux choses. D’abord, que les Etats-Unis montrent ce qu’ils vont faire chez eux : c’est le minimum pour maintenir une crédibilité. Il faut qu’ils arrivent avec quelque chose d’ambitieux. Nous, acteurs de la société civile, attendons l’annonce d’une réduction d’au moins 50% de leurs émissions d’ici 2030 par rapport à 2005.

Ensuite, ils doivent réussir à faire prendre des engagements importants à d’autres pays, notamment celui de rehausser leurs ambitions à 2030[contre 2050 actuellement]. On sait que la diplomatie américaine a été très active en amont de ce sommet pour y parvenir. On espère qu’il y aura des annonces fortes, notamment de la part de grands pays du G20 comme l’Indonésie, l’Inde et l’Afrique du Sud.

Cela est-il porteur d’espoir pour les prochains rendez-vous internationaux consacrés au climat ?

Oui, je pense. Les Etats-Unis montrent que leur diplomatie est active, qu’on va pouvoir compter sur eux, lors de la COP26 par exemple [prévue en novembre]. Ce sommet est un point d’étape important qui laisse espérer de gros succès dans l’année sur le plan climatique.

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